superzembo
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http://www.lemondedesreligions.fr/m...ture-sexiste-du-coran-06-05-2015-4678_215.php
Médecin de formation, féministe de cœur, la Marocaine Asma Lamrabet travaille depuis des années à contredire le système religieux pétri de valeurs patriarcales. Une figure inspirante, qui incarne la possibilité d’une émancipation féminine conforme aux valeurs des croyantes musulmanes.
Vous êtes née musulmane et avez grandi comme telle, sans réellement prêter attention à cette identité. À quel moment avez-vous pris conscience de votre islamité ?
Deux moments ont été très importants. Pendant mes études de médecine, l’approche scientifique et rationnelle du corps humain, au détriment d’une compréhension plus globale de l’être, m’a interpelée. En outre, j’ai reçu une éducation occidentalisée, avec un père très laïc. Je percevais pourtant en lui une dichotomie : si, à l’extérieur du foyer, c’était un homme progressiste, il s’avérait être un père traditionaliste à la maison, avec l’idée que la femme musulmane doit être obéissante. Je me suis donc promis d’étudier ce que disait vraiment l’islam une fois ma formation en médecine terminée. Je suis croyante, mais je n’aime pas beaucoup le dogmatisme et cette façon qu’on a, dans l’islam, de nous dire ce qui est licite ou illicite. La perception des textes, à mon sens, est différente selon que l’on est une femme ou un homme. Or, je n’avais jusque-là pas pu en prendre conscience, n’ayant du Coran que des interprétations faites par des hommes. J’ai alors découvert qu’il y avait un décalage abyssal entre le message spirituel du texte et ses interprétations. La figure d’Aïcha, en particulier, l’épouse la plus importante du Prophète, m’a incitée à creuser cette lecture féministe.
À vos yeux, qu’est-ce qu’être une femme musulmane ?
Il y a mille façons d’être musulmane. Je suis contre l’idée de nous réduire au fait d’être musulmane, d’autant que c’est exactement ce que fait le patriarcat musulman aujourd’hui. C’est en contradiction avec le message spirituel de l’islam, qui n’a jamais parlé de statut de la femme. Certes, une sourate se concentre sur les femmes, mais 90 % des versets du Coran parlent de l’être humain en général, en transcendant le genre. Je suis atterrée de voir combien les femmes, elles aussi, s’assignent un statut normatif. De plus, il est évident que la musulmane marocaine est différente de l’Indonésienne, laquelle n’a rien à voir avec la Saoudienne, etc. Alors que les contextes sont éminemment pluriels, une jurisprudence islamique a réduit les femmes musulmanes à un statut commun.
Médecin de formation, féministe de cœur, la Marocaine Asma Lamrabet travaille depuis des années à contredire le système religieux pétri de valeurs patriarcales. Une figure inspirante, qui incarne la possibilité d’une émancipation féminine conforme aux valeurs des croyantes musulmanes.
Vous êtes née musulmane et avez grandi comme telle, sans réellement prêter attention à cette identité. À quel moment avez-vous pris conscience de votre islamité ?
Deux moments ont été très importants. Pendant mes études de médecine, l’approche scientifique et rationnelle du corps humain, au détriment d’une compréhension plus globale de l’être, m’a interpelée. En outre, j’ai reçu une éducation occidentalisée, avec un père très laïc. Je percevais pourtant en lui une dichotomie : si, à l’extérieur du foyer, c’était un homme progressiste, il s’avérait être un père traditionaliste à la maison, avec l’idée que la femme musulmane doit être obéissante. Je me suis donc promis d’étudier ce que disait vraiment l’islam une fois ma formation en médecine terminée. Je suis croyante, mais je n’aime pas beaucoup le dogmatisme et cette façon qu’on a, dans l’islam, de nous dire ce qui est licite ou illicite. La perception des textes, à mon sens, est différente selon que l’on est une femme ou un homme. Or, je n’avais jusque-là pas pu en prendre conscience, n’ayant du Coran que des interprétations faites par des hommes. J’ai alors découvert qu’il y avait un décalage abyssal entre le message spirituel du texte et ses interprétations. La figure d’Aïcha, en particulier, l’épouse la plus importante du Prophète, m’a incitée à creuser cette lecture féministe.
À vos yeux, qu’est-ce qu’être une femme musulmane ?
Il y a mille façons d’être musulmane. Je suis contre l’idée de nous réduire au fait d’être musulmane, d’autant que c’est exactement ce que fait le patriarcat musulman aujourd’hui. C’est en contradiction avec le message spirituel de l’islam, qui n’a jamais parlé de statut de la femme. Certes, une sourate se concentre sur les femmes, mais 90 % des versets du Coran parlent de l’être humain en général, en transcendant le genre. Je suis atterrée de voir combien les femmes, elles aussi, s’assignent un statut normatif. De plus, il est évident que la musulmane marocaine est différente de l’Indonésienne, laquelle n’a rien à voir avec la Saoudienne, etc. Alors que les contextes sont éminemment pluriels, une jurisprudence islamique a réduit les femmes musulmanes à un statut commun.