Le coup d'Etat des aviateurs

@Personne2

Comme j'aurais aimé être à la table de ce haut fonctionnaire qui t'a fait l'honneur de t'ouvrir et la porte de sa demeure et une fenêtre sur sa vie
Je n'aurais pas manqué de lui demander de me raconter l'histoire des coups d'Etats contre feu le roi Hassan 2.

Si je fais le choix d'évoquer celui-ci en particulier, tu comprendras par la suite ma motivation et la raison pour laquelle j'exècre bien plus encore les gauchistes que tu ne hais les "nationalistes" (pour ceux qui défendent les intérêts de leur nation et auxquels tu prêtes de façon suggestive les travers du nationalisme européen)
 
Quand vous allez à Rabat en plein été, vous pensez au soleil, aux palmiers, au ciel d’azur, farniente quoi !… Mais le ciel sait être trompeur, il ne laisse pas de traces. Parce que si le ciel laissait des traces, on pourrait encore voir dans celui de Rabat les stigmates de la violente tentative de coup d’État par des aviateurs qui failli coûter son trône à Hassan II, roi du Maroc, le 16 août 1972.

Imaginez des chasseurs F-5 A prendre en chasse un Boeing… Si vous vous apprêtez à prendre l’avion, désolé. L’histoire de la deuxième tentative de putsch contre Hassan II, plus connu comme le coup d’État des aviateurs a de quoi donner le vertige.

Nous sommes le 16 août 1972. Le roi du Maroc Hassan II rejoint Rabat. Il a déjà passé trois semaines en France. Autour de 16 h, l’avion royal pénètre dans l’espace aérien marocain. L’appareil est au large de Tétouan quand il est rejoint par quatre chasseurs de l’armée de l’air. Rien d’extraordinaire jusque là. Le vol se déroule à merveille.

Mais l’ensemble des membres de la délégation va très vite se rendre compte que le retour à Rabat ne va pas se passer aussi simplement qu’ils l’avaient imaginé. Une violente secousse les sort brusquement de leur torpeur.

En jetant un œil par le hublot, ils comprennent que leur Boeing est pris pour cible par un des chasseurs d’escorte. La cabine est transpercée par un petit obus, tandis que trois réacteurs sont endommagés par les tirs des mitrailleuses. Le sang envahit l’habitacle de l’avion. Plusieurs personnes sont blessées. Mais le roi est indemne !

C’est à ces premiers moments que le sort de ce coup d’État, d’une violence et d’une audace incroyable, se noue. Hassan II va jouer une carte qui plus tard se révélera décisive pour sa survie et celle de son trône.
 
Mohammed Kabbaj, le commandant de bord, réussit à établir la liaison radio avec les pilotes des chasseurs. Il les reconnaît. Il s’adresse également à la tour de contrôle de l’aéroport de Rabat. À la radio, il annonce qu’il a des blessés, que ses copilotes ont été touchés à mort et que le roi est gravement blessé. Il demande à atterrir.

Les tirs cessent. Les chasseurs exigent que le Boeing royal atterrissent à la base militaire de Kenitra. Malgré cet ordre, le commandant de bord ira se poser à l’aéroport de Rabat, tout proche, au prix d’une sortie de piste.

Le roi descend en pleine piste, emprunte une voiture et se rend au salon officiel. Il pense avoir échappé au pire et rumine sans doute déjà sa vengeance lorsqu’il salue les troupes et s’entretient avec le chef du gouvernement et d’autres hautes personnalités dans le salon de l’aéroport. Il parle avec ses enfants, et se rit de la mort à laquelle il vient d’échapper.

Le roi n’a jamais été touché dans l’avion. Les mots du commandant de bord étaient un mensonge, un subterfuge pour que les chasseurs cessent leurs tirs.

De son côté, Hassan II décide de quitter le bâtiment du salon pour être en compagnie de son frère. Une salve de tirs de mitraillette arrose l’aéroport, poussant le roi à se coucher au sol comme l’ensemble des personnes présentes.

Quand les F5 disparaissent dans le ciel, le calme revient peu à peu.

Il faut désormais être très discret. Un cortège serait une cible idéale pour les chasseurs. En compagnie de son chef de la sécurité, Hassan II échaffaude son plan de sortie de l’aéroport.

Il partira seul dans une voiture banalisée.

C’est donc lui-même qui va conduire pour se rendre dans sa résidence de Skhirat située à une trentaine de kilomètres de là. Quand on vous dit de faire votre permis, ça peut vous sauver la vie !
 
Le coup d’État des aviateurs a échoué. Mais les pilotes ne le savent pas encore. Informés par Dieu sait quel contact au sol, ils dirigent leurs frappes sur le Palais. Les populations se rendent maintenant compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est la panique !

Le bilan de cette journée de violence est terrible. Car si Hassan II a évité les balles qui lui étaient destinées, les mitraillettes n’ont pas fait dans la dentelle. Au moins huit morts et une cinquantaine de blessés, parmi lesquels quatre ministres.

Un coup d’État impliquant l’aviation militaire n’est pas ourdi par de simples agents de police. Des personnalités très haut placés sont impliquées. Mais qui sont-elles, quels sont leurs complices et comment s’assurer qu’un tel épisode ne se reproduisent plus ? En répondant à ces questions, le souverain du Maroc va se venger d’une manière radicale, implacable et sans faiblesse.

14 mois plus tôt, le roi du Maroc avait déjà évité un coup de force toujours organisé par les militaires. Il s’agit du coup d’État de Skhirat. Il s’est déroulé le 10 juillet 1971. Cette première tentative est bien plus classique. Elle se déroule dans le palais royal de Skhirat, qui est en fait la résidence d’été du Souverain.

Ce jour-là, le roi fête son 42e anniversaire quand les hommes du général Mohamed Medbouh s’invitent à la fête et tirent dans la foule des invités. Une centaine de personnes meurent tandis que plus de 200 sont blessées. C’est un carnage auquel le roi échappe pourtant.

Lors du procès de ce putsch en février 1972, les peines sont exemplaires. Dix officiers supérieurs, dont quatre généraux sont condamnés à la peine capitale, 74 officiers et sous-officiers écopent de peines allant de un an de prison à la perpétuité.
 
Comment comprendre que ces peines-là ne découragent pas les commanditaires de la tentative d’août 1972 ? Pourquoi une faction de l’armée est-elle prête à tout pour faire tomber le roi du Maroc en ce début de la décennie 1970, au point d’envisager d’abattre son avion en plein vol et de tirer avec des chasseurs F5 sur Hassan II, en compagnie de ses enfants et de personnalités comme l’ambassadeur de France Claude Lebel ?

Et comment les félicitations aux putschistes de Radio Tripoli, voix officielle de Mouammar Kadhafi à l’époque, peuvent-elles permettre de comprendre le climat d’insécurité qui entoure le roi du Maroc entre 1971 et 1972 et qui lui vaut deux tentatives de coup d’État d’une rare violence ?

Pour comprendre ces développements qui tendent à remettre en cause le pouvoir du roi, il faut remonter à ce que la chercheuse Eva Cantat appelle la « construction nationale marocaine ».

Le Maroc est tombé sous la domination coloniale au début des années 1900. Par des accords successifs, il a été administré à la fois par l’Espagne lors de la conférence d’Algésiras de 1906, et par la France suite au traité de Fès en 1912. Le pays est divisé en trois grandes zones : un protectorat espagnol, un protectorat français et une zone sous administration internationale à Tanger.

Quand naissent les premières revendications nationalistes, il faut réunir ces trois ensembles pour reconstituer l’Empire chérifien​

Mais de fait, chaque projet colonial évolue à son rythme. Les Espagnols n’avaient pas les mêmes urgences que les Français. Madrid et Paris se faisaient pourtant concurrence, en soutenant, par exemple, des mouvements contestataires dans les territoires voisins. Socialement, certaines régions comme le Rif, sous administration espagnole, étaient plus pauvres que le reste du pays. Le soulèvement du Rif fut l’un des premiers problèmes auquel le Maroc dû faire face après son indépendance en 1956.

À ces différences politiques et administratives, il faut ajouter des divisions sociales et culturelles. Le Maroc est une société multiethnique et multilinguistique. Le problème du décalage entre les élites urbanisées et lettrées et les masses populaires et rurales fait partie de cette segmentation culturelle.
 

Toutes ces couches superposées ont rendue complexe la structure politique marocaine​

Au moment où les partis nationalistes marocains ont poussés pour l’indépendance, ils ont fait de la figure du sultan Mohamed Ben Youssef le garant de l’unité du pays. C’est lui qui devient en 1957 le roi Mohamed V.

Seulement, du fait de leur histoire sous les protectorats, de leur situation sociale, de leur éducation, de leur situation économique, toutes les composantes de la société marocaine n’acceptent pas de conserver la monarchie comme système politique. Certains auraient voulu un chef d’État élu. La figure consensuelle d’un roi nationaliste est ternie.

À l’époque déjà, le roi garde une très large marge de manœuvre, bien qu’il doive s’appuyer sur le parlement pour gouverner.

En 1961, Mohamed V meurt subitement, sans avoir pu résoudre ses différends avec le parti de l’Istiqal, le principal mouvement nationaliste proche d’un parti-État.

Son fils Moulay Hassan, devenu Hassan II lui succède. Il n’a que 32 ans ! Trop jeune, trop inexpérimenté, trop occidentalisé pour être le commandeur des croyants, trop peu au courant de la puissance politique des partis politiques. Les détracteurs dressent une longue liste de défauts contre le jeune souverain. Ce dernier entreprend tout de même de continuer l’œuvre de réunification du royaume, dont son père était le garant.

Mais l’opposition en interne est extrêmement forte. Elle va se manifester par les deux tentatives de coup d’État auquel Hassan II échappe de manière miraculeuse.

Malgré ces deux événements douloureux, le roi Hassan II va poursuivre sa politique unificatrice. Il va, par exemple, mobiliser tous ses efforts pour réorienter l’opinion publique sur des thématiques plus consensuelles et plus mobilisatrices, comme celle du Grand Maroc. Une idée qui a fait le succès des nationalistes – et de son père – au moment de la lutte contre les impérialistes.
 
A l’époque, en Afrique du Nord, le Maroc reste la dernière monarchie de la région, depuis la chute le 1er septembre 1969 de la monarchie de Mohammed Idris El-Mahdi El-Senussi, alias Idris Ier en Libye, renversé par Mouammar Kadhafi. En juillet 1952 déjà, Gamal Abdel Nasser avait déjà renversé le roi Farouk et installe le général Mohamed Naguib à la tête de la nouvelle République d’Égypte. La Tunisie de Bourguiba accède à l’indépendance comme une république, pareil pour l’Algérie.

Malgré les soubresauts de ces premières années de la décennie 1970, le Maroc réussit à conserver sa monarchie et même à la renforcer. Mais Hassan II va apprendre à transiger et à manœuvrer sur le plan intérieur comme sur la scène internationale.

Si Rabat consent enfin à reconnaître la Mauritanie dès 1970, on observe ainsi un regain d’intérêt pour les territoires encore occupés au milieu de la décennie 1970 par l’Espagne. Le plus important d’entre eux est le Sahara occidental. Le territoire est rattaché au Maroc à l’issue de la Marche verte du 6 novembre 1975. Il s’agit d’une marche pacifique de plusieurs milliers de civils marocains encadrés par des militaires vers le Sahara occidental. L’initiative va porté ses fruits politiques vis-à-vis de l’Espagne, qui se retire du territoire. Cependant d’autres problèmes vont émerger de cette prise de possession marocaine du territoire sahraoui. Mais c’est une autre histoire, n’est-ce pas ?

 
Tu vois @Personne2 ,
Les années de plomb, il faut les contextualiser et pas les isoler
D'ailleurs pourquoi, avoir convoqué cette expérience dans un sujet qui porte sur Rima Hassan ?
C'est très simple, vous détestez la monarchie et le petit encart dans le récit portant sur le voile, c'est l'appel du pied fait aux islamistes.
Mais revenons à notre coup d'Etat
 
Qui de mieux qu'un opposant (et le mot est faible mais si je suis à cours d'inspiration enfin j'ai bien qques noms de volatiles à l'esprit)
Qui de mieux qu'un opposant pour corroborer cette thèse ?

La mort de Hassan II, après un très long règne de 38 ans, et l’avènement de Mohammed VI en 1999 suscitent quelques espoirs au-delà du cercle fermé et expectant du Premier ministre.

Beaucoup estiment que le vieil apparatchik (qui ne s’est jamais présenté à une élection et ne s’est jamais soumis au verdict des urnes), fort de son passé, devrait se ressaisir, exiger le départ de l’inamovible Basri, imposer enfin un plan de vraies réformes et, pourquoi pas, comme c’est un sujet qui lui tient à cœur, forcer le retour d’Abraham Serfaty, privé injustement de sa nationalité marocaine.

Une simple menace de démission de sa part aurait sûrement suffi pour amener le jeune et inexpérimenté souverain, qui sait que son régime est fragile et qu’il a besoin de temps pour affermir son autorité, à céder. Or il n’en est rien.

C’est le nouveau souverain qui se charge dès les premiers mois de son règne de permettre à Serfaty de rentrer au Maroc, à condition toutefois qu’il cesse d’évoquer le conflit du Sahara et encore moins d’encenser le Front Polisario.
Quelques semaines plus tard, Mohammed VI démet Basri de son poste ; et en 2000, il libère le guide spirituel de l’influente association islamiste Al Adl Wal Ihsane (Justice et spiritualité) de son assignation à résidence. Pour ce qui est des réformes, le Maroc attendra.

Pendant ce temps, Youssoufi donne l’impression d’un Premier ministre dépassé par les événements et déconnecté de la réalité. Avant d’entreprendre un projet important, il doit attendre un signal ou un message venu des tréfonds du cabinet royal.

Sa vie est un long fleuve tranquille, jusqu’à ce qu’un tonnerre vienne ébranler son gouvernement et son parti. En 2000, il est rattrapé par un vieux secret.

Une lettre datée de 1974 et signée par son camarade Mohamed Basri, le fameux « Fkih », dont une copie a été remise par un certain Omar Seghrouchni (dont le rôle dans cette affaire est à souligner en rouge) à l’hebdomadaire Le Journal, révèle une histoire invraisemblable.

Les dirigeants du parti, Youssoufi inclus, ont approuvé tacitement le coup d’État contre Hassan II en 1972, dont l’un des promoteurs n’était autre que le général Oufkir, le probable meurtrier de Ben Barka.

La divulgation de cette énième alliance contre-nature dans Le Journal et son pendant arabophone Assahifa rend tellement furibond le Premier ministre qu’il interdit d’un trait de plume trois hebdomadaires.

Vindicatif, il lance les organes officiels de l’USFP, Libération et Al Ittihad Al Ichtiraki, contre les dirigeants des publications interdites.

Dans un papier ordurier, le responsable de Libération, Mohamed El Gahs, traite le directeur du Journal, Aboubakr Jamaï, petit-fils de Bouchta Jamaï, l’homme qui a mis les pieds à l’étrier à Youssoufi 50 ans plus tôt, de « fils de p*** », et termine un autre article en éructant : « Vive le roi, vive l’armée ».
 
Dans Al Ittihad Al Ichtiraki, un porte-flingue du parti du nom de Mohamed Boubekri affirme sans nuance que les dirigeants du Journal et d’Assahifa ont été « sodomisés par le Polisario ».

Même Youssoufi met du sien en rédigeant plusieurs éditoriaux vengeurs et en déclarant au quotidien espagnol El País qu’il a dû « stopper net » les trois hebdomadaires parce que la justice au Maroc était « trop lente ». Pourtant, ni Youssoufi ni l’USFP n’ont jamais porté plainte contre quiconque dans cette affaire. Et le « Fkih Basri », qui n’a jamais démenti l’information, a fini, quatre ans plus tard, par reconnaître l’authenticité de la lettre.
 
Maintenant, tu dis à Panot de s'occuper de la France et à Rima Hassan de libérer la Palestine et tenez vous tous à bonne distance du Maroc d'autant que vous avez suffisamment à faire, merci et bon dimanche :D
 
Ah oui j'oubliais
C'est pas parce que on achète des armes à Israel ou à d'autres qu'on veut une guerre, mais si on nous en déclarait une, on serait alors prêts
C'est comme quand tu achètes une voiture équipée de airbags, tu projettes pas de faire un accident, mais s'il advenait, tu serais paré face à l'adversité.
 
Retour
Haut