Le dilemme des intellectuels Arabo-Musulmans

Le monstre médiatique ne leur laisse que deux choix : être du côté du bien ou du coté du mal. Il n’y a guère de demi mesure. Prenons le cas de deux personnages médiatiques célèbres : Tariq Ramadan et Malek Chebel.

Le premier, sacré par la vox médiatique grand adepte du double discours et agent d’influence de l’internationale islamiste, a eu l”idée ô combien farfelue de vouloir porter à la télévision certains débats qui agitent la conscience des Musulmans. Mal en prit au malheureux frère de son frère (puisqu’il convient, à chaque fois que l’on évoque le cas Tareq Ramadan, de parler de son frère et même de son grand-père), ni deux ni trois, le voilà donc ostracisé comme jamais intellectuel ne le fut, son nom honni, son personnage frappé du sceau de l’infamie, le philosophe accusé de « consentement à l’horrible » et le nom « Ramadan » à jamais associé au déshonneur, à l’avanie et à l’obscurantisme.

L’homme est rapidement devenu une icône médiatique, des émissions, des articles, des livres, des conférences et même des colloques et des camps de vacances lui furent consacrés, chacun y allant de sa pierre pour « lapider » le monstre et le renvoyer à sa caverne d’obscurantiste hirsute. Son crime? Avoir été assez naïf pour croire que la visibilité médiatique lui permettrait d’avoir un débat serein sur certaines questions. S’être leurré pour avoir cru qu’il était possible, en France, de débattre des idées à l’heure ou la tendance impose qu’il faille d’abord débattre de ceux qui les portent.

L’infortune a épargné le second, Malek Chebel. Nul n’a songé à éplucher son arbre généalogique sur cinq générations pour débusquer un néo-Islamiste dans son ascendance, rien à charge contre son frère (si tant est qu’il en ait), casier judiciaire vierge, carnet de vaccination contre l’obscurantisme à jour, aucun faux pas. Un Musulman comme on les aime, un oiseau rare. Une sorte de « positif » du « négatif » de Tareq Ramadan. Le personnage fait d’autant plus les choux gras des médias que non content de s’astreindre à une relative neutralité dans la mêlée contre l’Islam, Malek Chebel y va toujours de son coup de pied pour achever la bête.

La stratégie semble payante puisqu’une des conditions sine qua non pour se voir ouvrir les portes des plateaux TV est de s’essuyer les pieds -sur l’Islam- à l’entrée. Et certains, comme Malek, sont très portés sur la propreté de leurs semelles.

J’ai cité le cas de Malek Chebel, mais il est loin d’être un cas isolé : Abdelwahab Meddeb, Chahdortt Djavan, Soheib Bencheikh, autant de personnages « interchangeables », appelés à s’exprimer sur des sujets que l’on présume connus d’eux mais surtout excellents lorsqu’il s’agit de servir la soupe aux tenants de l’idéologie dominante.

D’une manière générale, ce phénomène n’est pas propre aux débats sur l’Islam. Les « intellectuels de circonstance », ceux que l’on sort du chapeau pour l’occasion, sont de plus en plus nombreux, quel que soit le sujet traité.

Erik Neveu décrit assez justement ce phénomène : « Un mécanisme de court-circuit s’est mis en place depuis les années soixante-dix : des producteurs faiblement ou nullement reconnus au sein des champs de production culturelle spécialisés en contournent les verdicts et les exigences pour accéder, par la reconnaissance des médias, à une consécration publique. »

Ainsi de fabriquent les « Islamologues », « Islamothérapeutes », « Experts en Islamisme » et autres opportunistes.

http://musliminthecity.wordpress.com/category/islam/
 
Effectivement, les démocraties instituent une pensée unique, non par voie juridique, mais par la tyrannie de l'image et du «bon» goût...

Cela fait qu'on va fouiner dans la vie privée des représentants politiques, parce qu'on exige d'eux qu'ils soient des saints à tout point de vue, et surtout pas des humains normaux.

C'est triste.
 
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