Un climat délétère, voilà ce qu’exprime actuellement la situation sociale alors que les perspectives de reprise économique, avec une pluviométrie redevenue abondante et un moral en hausse des patrons, ne sont pas si mauvaises. Tandis que trois grandes centrales syndicales, UMT, CDT, FDT, annoncent des actions communes, sans trop préciser cependant leur calendrier, que la quatrième, UGTM, veut à réagir en solo en appelant à une marche de protestation le 23 février prochain, les fonctionnaires affiliés à l’UMT défilaient jeudi dans les rues de Rabat et les boulangers se proposent de faire la « grève du pain ». Tout cela sans omettre les lycéens et les collégiens, particulièrement mal informés, qui s’insurgent contre la transparence et la normalisation des process de notation et de suivi pédagogique matérialisés par le système Massar du ministre Rachid Benmokhtar !
Ces manifestations de grogne interpellent incontestablement le gouvernement Benkirane qui, en vérité, évite plutôt de se prononcer sur le fond, préférant laisser à son chef le monopole d’une communication orale passablement polémiste.
En parallèle, on assiste à une débauche de déclarations démagogiques, notamment dans les rangs de l’opposition qui joue le scénario de « l’alliance introuvable » entre le PI, l’UC, l’USFP et le PAM.
Ces formations, en fait, n’ont qu’un seul motif de rapprochement : l’union circonstancielle dans l’objectif de « pourrir la vie » au gouvernement Benkirane et aux formations qui le soutiennent au Parlement.
Une démarche qui n’a pas vraiment d’impact sur l’opinion publique parce qu’elle n’est pas assortie de propositions concrètes et chiffrées destinées à présenter aux citoyens une alternative véritable.
On sait le gouvernement engagé dans une voie délicate, celle de l’incontournable application des recommandations exogènes et endogènes, incitant vivement les responsables publics à mettre en oeuvre des réformes profondes et socialement sensibles.
La décompensation est désormais en route pour les carburants et devrait suivre pour des produits tout aussi stratégiques alors que la réforme des retraites qui s’annonce coûteuse et difficile, exigera du courage politique et une forte aptitude à la communication de la part de ceux qui auront la charge de la réaliser…
Et, justement, ce qui peut être remarqué, alors que certains s’apprêtent à commémorer le troisième anniversaire du 20 février, c’est l’incroyable faiblesse de la communication politique au Maroc.
Ni la majorité, ni l’opposition ne semblent mesurer leur indigence en ce domaine pourtant essentiel pour la pérennité de l’action politique partisane dans notre pays.
Anathèmes, sorties grandiloquentes, faux problèmes, attaques ad hominem, questions secondaires ou polémiques stériles, voilà ce qui constitue le quotidien des Marocains lorsqu’ils prennent la peine de s’intéresser à la politique, soit à la télévision, soit dans les colonnes des quotidiens de la place, ou sur les nombreux portails d’informations qui font de la rumeur et du sensationnalisme « people » l’essentiel de leur ligne éditoriale…
Triste constat qui rend amer tous ceux qui pensent que le pluralisme, la démocratie et la liberté d’expression sont des acquis trop précieux pour notre peuple qui mérite, incontestablement, beaucoup mieux et plus !
Fahd YATA
http://www.lnt.ma/actualites/le-discours-politique-entre-indigence-et-indecence-96385.html