lonelysoldier1
VIB
Je partage cet article avec vous, je trouve qu'il soulève là quelque chose d'intéressant.
par Mabrouck Rachedi, écrivain
Peu avant les vacances scolaires, j'ai été invité à Savoir en liberté, une initiative du Lycée Le Corbusier d'Aubervilliers. Partant du principe que la culture doit être accessible à tous, Catherine Robert, professeur de philosophie inventive, a mis en place depuis quelques années plusieurs cycles de conférences pour ses élèves de Seine-Saint-Denis, où mathématiciens, musiciens, égyptologues, architectes, philosophes, astrophysiciens... présentent tout au long de l'année leurs activités.
Mon intervention clôturait un premier cycle sur le langage. Au détour d'une question est apparu un personnage fantasmagorique, celui de "l'ingénieur parisien qui fréquente l'opéra tous les jours". Je reprends les termes de plusieurs lycéens qui opposaient cet homme cultivé à eux, jeunes de banlieue, qui n'auraient pas de culture. Ni "peu" ni "insuffisamment" ; pas du tout. Il y avait dans ce déni une double vision contradictoire.
D'abord, le regard des jeunes sur eux-mêmes, aveu d'un terrible complexe d'identité. La première question qui m'a été posée était à ce titre symptomatique : pourquoi avez-vous accepté de venir ? Comme si un écrivain n'avait rien à faire dans leur banlieue, alors même que j'en suis issu, que j'y vis et que j'écris sur ce sujet. Une personne sans culture, ça n'existe pas, leur ai-je dit. Les élèves ont forcément un savoir, une histoire, des origines, des traditions... Reprenant au bond l'exemple de l'opéra, je soulignais qu'eux aussi écoutent de la chanson et, sans doute, peu ou prou la même que ceux des jeunes Parisiens de leur âge, plus enclins à se balancer aux rythmes du rap, par exemple, que de l'opéra.
par Mabrouck Rachedi, écrivain
Peu avant les vacances scolaires, j'ai été invité à Savoir en liberté, une initiative du Lycée Le Corbusier d'Aubervilliers. Partant du principe que la culture doit être accessible à tous, Catherine Robert, professeur de philosophie inventive, a mis en place depuis quelques années plusieurs cycles de conférences pour ses élèves de Seine-Saint-Denis, où mathématiciens, musiciens, égyptologues, architectes, philosophes, astrophysiciens... présentent tout au long de l'année leurs activités.
Mon intervention clôturait un premier cycle sur le langage. Au détour d'une question est apparu un personnage fantasmagorique, celui de "l'ingénieur parisien qui fréquente l'opéra tous les jours". Je reprends les termes de plusieurs lycéens qui opposaient cet homme cultivé à eux, jeunes de banlieue, qui n'auraient pas de culture. Ni "peu" ni "insuffisamment" ; pas du tout. Il y avait dans ce déni une double vision contradictoire.
D'abord, le regard des jeunes sur eux-mêmes, aveu d'un terrible complexe d'identité. La première question qui m'a été posée était à ce titre symptomatique : pourquoi avez-vous accepté de venir ? Comme si un écrivain n'avait rien à faire dans leur banlieue, alors même que j'en suis issu, que j'y vis et que j'écris sur ce sujet. Une personne sans culture, ça n'existe pas, leur ai-je dit. Les élèves ont forcément un savoir, une histoire, des origines, des traditions... Reprenant au bond l'exemple de l'opéra, je soulignais qu'eux aussi écoutent de la chanson et, sans doute, peu ou prou la même que ceux des jeunes Parisiens de leur âge, plus enclins à se balancer aux rythmes du rap, par exemple, que de l'opéra.