Le Kirghizstan renonce à fermer sa base aérienne aux Etats-Unis

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Bichkek souhaitait fermer l'accès à une base vitale pour les troupes engagées en Afghanistan: finalement Washington a obtenu qu'elle serve tout de même au transit de matériel non militaire.

Le Kirghizstan a annoncé ce mardi avoir signé un accord avec les Etats-Unis sur le maintien de la base aérienne située à l'aéroport Manas de la capitale. Mais la base ne sera a priori utilisée que pour le transit de "marchandises", soit de matériel non militaire pour les troupes engagées en Afghanistan.

Bichkek revient donc à moitié sur sa décision, en février, de fermer d'ici mi-août cette base américaine très importante pour assurer le transit des troupes vers l'Afghanistan et permettre le ravitaillement en vol des avions militaires. Le chef de l'Etat kirghiz, Kourmanbek Bakiev, avait alors estimé que la situation en Afghanistan s'était suffisamment stabilisée pour fermer définitivement Manas.

Alors que Bichkek soufflait le chaud et le froid récemment, le colonel Christopher Bence, commandant de la base avait même indiqué la semaine dernière que ses hommes étaient "prêts" à quitter la base d'ici le 18 août.

Un accord encore flou sur certains points

Aucune précision n'a été donnée sur le contenu exact de l'accord, et notamment si les milliers de militaires qui transitent chaque année par Manas continueraient de le faire. "S'il n'y a pas d'accord sur le maintien des citernes de carburant pour le ravitaillement aérien pour l'Afghanistan, ce serait un gros problème pour les forces américaines", souligne également Paul Quinn-Judge, qui dirige le centre d'analyse International Crisis Group à Bichkek.

La base de Manas a été créée en 2001, lorsque les Etats-Unis ont lancé leur offensive en Afghanistan. Washington a aussi récemment conclu des accords de transit de matériel non militaire avec l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, deux pays d'Asie centrale frontaliers de l'Afghanistan.

Actuellement, environ 80% de l'approvisionnement des troupes en Afghanistan sont effectués à travers la passe de Khyber qui relie ce pays au Pakistan. Mais les convois américains et de l'Otan sont régulièrement attaqués sur cette route par les insurgés taliban. D'où la nécessité de diversifier la provenance du soutien logistique.

Le choc des influences de Washington et Moscou?

Les deux gouvernements ont signé. Le Parlement de cette république ex-soviétique d'Asie centrale a commencé à examiner ce nouvel accord mardi. La commission de la Défense a déjà validé le texte que les députés devraient adopter jeudi.

Mais les tractations ne sont peut-être pas terminées... La première décision kirghize semblait avoir été guidée par la pression diplomatique russe, ce que Moscou avait démenti. Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, a estimé mardi que la conclusion d'un accord de transit américano-kirghiz était "un droit souverain de la république du Kirghizstan".

Mercredi, le ton est différent dans la presse russe... "L'information sur le maintien de la base est pour nous une surprise extrêmement désagréable. C'est un mauvais tour inattendu", a déclaré une source diplomatique au quotidien Kommersant. "La présence militaire américaine est contraire aux intérêts de la Russie et à nos accords avec les autorités kirghizes", a ajouté cette source soulignant que la Russie y apporterait "une réponse adéquate".

Une source citée par le quotidien des affaires Vedomosti parle aussi d'une "surprise après les déclarations (antérieures) des autorités kirghizes sur la décision définitive de fermer la base", estimant que Bichkek a opéré ce retour en arrière sous la pression des Américains.

Plus de 177 millions de dollars

Par "pression", Moscou entend peut-être englober la somme que Bichkek va toucher grâce à cet accord qui coure sur un an.

Le 11 juin, la Maison-Blanche promettait l'envoi de hauts-fonctionnaires qui devaient renforcer les "différentes formes de coopération entre les Etats-Unis et le Kirghizstan, notamment dans le domaine des investissements, des programmes d'échanges et des projets socio-économiques".

Elle ne faisait cependant aucune mention de la base aérienne de Manas. Fin février, Washington avait aussi dit "continuer de croire" en la possibilité de la conserver, mais pas à "n'importe quel prix".

Finalement cet accord va rapporter plus de 177 millions de dollars au Kirghizstan, a précisé le ministre kirghiz des Affaires étrangères, Kadyrbek Sarbaïev, à la tribune du Parlement.

Une somme qui comprend: 36,6 millions de dollars pour la rénovation de Manas, 30 millions de dollars pour un nouveau système de navigation aérienne, mais aussi 20 millions versés à un fonds de développement économique, 21 millions pour la lutte anti-drogue ou encore 10 millions pour la lutte anti-terroriste.

lexpress.fr
 
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