Le Maroc a demandé, poliment, à la Confédération africaine de football (CAF) de reporter la CAN pour cause d’épidémie du virus Ebola. Il aurait pu décider l’annulation, mais il a préféré demander le report ; Il y a tout de même 4.000 morts à un millier de kilomètres du pays… La CAF a répondu très (trop ?) rapidement par la négative. Le Maroc doit donc passer d’une demande, diplomatique, à une décision, souveraine. Argumentaire.
1/ Il s’agit d’un virus agressif, d’une létalité élevée et à propagation rapide. Ebola fait des ravages dans des pays qui ne sont distants que de 1.000 kilomètres de Dakhla… soit un peu plus que la distance qui sépare Agadir de Tanger. Or, malgré une fraîcheur dans leurs relations actuelles, le Maroc et la Mauritanie n’ont pas fermé leurs frontières, et quand on sait que le virus Ebola incube 11 jours dans un corps humain, rien ne permet de savoir si une personne qui entre au Maroc n’en est pas porteuse, ni si elle a contaminé ou non les Marocains qui l’ont approchée
2/ Si le Maroc a pris sa décision, après plusieurs réunions de crise, après institution d’une commission nationale de veille, après quelques rodomontades et gesticulations du ministre des Sports Ouzzine, c’est que les responsables détiennent des informations que nous n’avons pas, et qui les ont conduites à décider de demander le report. Revenir sur une décision que l’on suppose réfléchie, sur injonction ou fin de non-recevoir de la CAF, serait faire montre de quelque légèreté, et quand Ebola est là, la légèreté devient criminelle.
3/ En matière de compétitions internationales, le Maroc a su montrer par le passé certaines compétences dans l’organisation de tournois, avec cependant quelques couacs que la FIFA n’avait pas manqué de relever en leur temps. Les préparatifs de la CAN 2015 ont été menés gaillardement, sous l’œil soupçonneux de la CAF qui faisait régulièrement ses remarques, lesquelles ont toutes été satisfaites. A J-90, le Maroc est prêt… mais personne n’avait prévu Ebola. Il appartient à la CAF, donc, de ne pas privilégier le sport, un divertissement, à la santé publique, un impératif.
4/ Après la réponse hâtive et quelque peu hautaine de la CAF présidée par le Camerounais Issa Hayatou, le ministre Mohamed Ouzzine a fait une déclaration exclusive à nos confrères de Medias24, où il affirme que le Maroc « maintient sa demande de report, qui est tout à fait légitime"Toujours cette manie des responsables marocains de se draper de légitimité. Disons-le clairement : la décision de demander le report de la CAN n’a très certainement pas été prise par Ouzzine, mais bien plus haut, d’une position dominante qui permet une vue d’ensemble sur la situation. Si, ce qu’à Dieu ne plaise, une catastrophe devait survenir, Issa Hayatou irait se mettre aux abris et, s’il a un moment, se contentera de déplorer ce qui serait advenu par sa réaction qui ressemble bien à de la cécité au mieux, à un déni de la réalité au pire.
5/ Le Maroc est africain, et l’a amplement montré ces dernières années. Au moment où les grandes compagnies aériennes sont suspendu leurs liaisons avec les pays africains touchés par la pandémie, Rabat a décidé de maintenir les vols RAM vers ces pays, et ses investissements dans les nations voisines. Et puis le Maroc a également abrité une rencontre entre la Guinée et le Ghana à Casablanca, ce weekend. La solidarité est donc là, active et effective, mais la prudence et la raison doivent s’y ajouter, admissibles et compréhensibles. L’Afrique a bien d’autres soucis en ce moment qu’une balle en cuir roulant sur du gazon entre 22 hommes…
Ainsi, si les Etats-Unis, la France, l’Espagne se sont mis en ordre de bataille pour contrer une éventuelle intrusion d’Ebola sur leurs terres, si l’Organisation mondiale de la Santé et Médecins Sans frontières tirent la sonnette d’alarme à l’arracher, les choses deviennent alors très claires, et même plus. Pas de CAN au Maroc en 2015, du moins pas en janvier.
Si donc le report est maintenu et qu’il s’avère par la suite que le Maroc se soit montré trop alarmiste, le résultat n’aura été que la non-tenue d’une compétition sportive… mais si les dates sont maintenues, et le tournoi aussi, et que le virus arrive et s’installe au Maroc, alors dans ce cas-là, la situation sera autrement bien plus dramatique, tragique, que l’annulation de quelques matchs de foot pour un public local qui, de toutes les façons, n’a d’yeux que pour les grands clubs espagnols…
http://www.panorapost.com/le-maroc-...orte-la-position-de-la-caf-par-aziz-boucetta/
1/ Il s’agit d’un virus agressif, d’une létalité élevée et à propagation rapide. Ebola fait des ravages dans des pays qui ne sont distants que de 1.000 kilomètres de Dakhla… soit un peu plus que la distance qui sépare Agadir de Tanger. Or, malgré une fraîcheur dans leurs relations actuelles, le Maroc et la Mauritanie n’ont pas fermé leurs frontières, et quand on sait que le virus Ebola incube 11 jours dans un corps humain, rien ne permet de savoir si une personne qui entre au Maroc n’en est pas porteuse, ni si elle a contaminé ou non les Marocains qui l’ont approchée
2/ Si le Maroc a pris sa décision, après plusieurs réunions de crise, après institution d’une commission nationale de veille, après quelques rodomontades et gesticulations du ministre des Sports Ouzzine, c’est que les responsables détiennent des informations que nous n’avons pas, et qui les ont conduites à décider de demander le report. Revenir sur une décision que l’on suppose réfléchie, sur injonction ou fin de non-recevoir de la CAF, serait faire montre de quelque légèreté, et quand Ebola est là, la légèreté devient criminelle.
3/ En matière de compétitions internationales, le Maroc a su montrer par le passé certaines compétences dans l’organisation de tournois, avec cependant quelques couacs que la FIFA n’avait pas manqué de relever en leur temps. Les préparatifs de la CAN 2015 ont été menés gaillardement, sous l’œil soupçonneux de la CAF qui faisait régulièrement ses remarques, lesquelles ont toutes été satisfaites. A J-90, le Maroc est prêt… mais personne n’avait prévu Ebola. Il appartient à la CAF, donc, de ne pas privilégier le sport, un divertissement, à la santé publique, un impératif.
4/ Après la réponse hâtive et quelque peu hautaine de la CAF présidée par le Camerounais Issa Hayatou, le ministre Mohamed Ouzzine a fait une déclaration exclusive à nos confrères de Medias24, où il affirme que le Maroc « maintient sa demande de report, qui est tout à fait légitime"Toujours cette manie des responsables marocains de se draper de légitimité. Disons-le clairement : la décision de demander le report de la CAN n’a très certainement pas été prise par Ouzzine, mais bien plus haut, d’une position dominante qui permet une vue d’ensemble sur la situation. Si, ce qu’à Dieu ne plaise, une catastrophe devait survenir, Issa Hayatou irait se mettre aux abris et, s’il a un moment, se contentera de déplorer ce qui serait advenu par sa réaction qui ressemble bien à de la cécité au mieux, à un déni de la réalité au pire.
5/ Le Maroc est africain, et l’a amplement montré ces dernières années. Au moment où les grandes compagnies aériennes sont suspendu leurs liaisons avec les pays africains touchés par la pandémie, Rabat a décidé de maintenir les vols RAM vers ces pays, et ses investissements dans les nations voisines. Et puis le Maroc a également abrité une rencontre entre la Guinée et le Ghana à Casablanca, ce weekend. La solidarité est donc là, active et effective, mais la prudence et la raison doivent s’y ajouter, admissibles et compréhensibles. L’Afrique a bien d’autres soucis en ce moment qu’une balle en cuir roulant sur du gazon entre 22 hommes…
Ainsi, si les Etats-Unis, la France, l’Espagne se sont mis en ordre de bataille pour contrer une éventuelle intrusion d’Ebola sur leurs terres, si l’Organisation mondiale de la Santé et Médecins Sans frontières tirent la sonnette d’alarme à l’arracher, les choses deviennent alors très claires, et même plus. Pas de CAN au Maroc en 2015, du moins pas en janvier.
Si donc le report est maintenu et qu’il s’avère par la suite que le Maroc se soit montré trop alarmiste, le résultat n’aura été que la non-tenue d’une compétition sportive… mais si les dates sont maintenues, et le tournoi aussi, et que le virus arrive et s’installe au Maroc, alors dans ce cas-là, la situation sera autrement bien plus dramatique, tragique, que l’annulation de quelques matchs de foot pour un public local qui, de toutes les façons, n’a d’yeux que pour les grands clubs espagnols…
http://www.panorapost.com/le-maroc-...orte-la-position-de-la-caf-par-aziz-boucetta/