Le Maroc figure parmi les pays arabes où le taux d’homicides volontaires est élevé. Il est classé derrière l’Egypte et devance l’Algérie. Casablanca arrive en tête des villes du Royaume les plus touchées par ce genre de crime. C’est ce qui ressort du dernier rapport 2013 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié récemment.
Le document onusien révèle que le taux d’homicides volontaires est resté stable entre 2004 et 2011 avant de connaître une augmentation significative depuis lors. Les chiffres disponibles sur Casablanca démontrent que le nombre d’homicides est passé de 44 cas en 2004 à 30 l’année suivante avant d’atteindre 41 cas en 2007, 36 en 2008 et 52 en 2009 soit une incidence de 1,4 pour 100.000 personnes. Des données qui correspondent bien à celles enregistrées entre 1999 et 2010 avec une moyenne annuelle de 1,6. Des chiffres qui tombent mal surtout que les pouvoirs publics n’ont cessé de crier haut et fort que la situation sécuritaire au Maroc est rassurante comme en atteste la baisse du taux de criminalité et notamment celui des crimes violents (homicides volontaires, agressions à l’arme blanche, vols qualifiés, vols à l’arraché, vols de voitures, enlèvements, viols…).
Mais faut-il prendre les chiffres de l’ONUDC pour argent comptant ? Patsy Richardson de IPSOS Mori considère que la fiabilité des données concernant les homicides peut varier selon les pays et leur définition de ce qu’est l'homicide volontaire; lequel peut inclure ou non l'euthanasie, l'infanticide ou les violences ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.
En effet, la définition des homicides volontaires pose problème. Car si certains définissent ce genre de crimes comme « une estimation des délits d'homicide commis volontairement suite à des querelles de ménage, des violences sur autrui, des conflits violents liés aux ressources foncières, des violences inter-gangs, des violences contre les personnes et des meurtres perpétrés par des groupes armés », d’autres n'incluent pas tous les cas de meurtre volontaire.
Mais il n’y a pas que cette problématique de définition qui suscite débat, d’autres paramètres rendent la validité de ces statistiques plus équivoque. C’est le cas du niveau général de médicalisation et d'efficacité des services hospitaliers d'urgence. «Les victimes meurent moins et le nombre d'homicides décroit, mais le taux de coups et blessures augmente. Dès lors, le taux d'homicide volontaire ne reflète pas forcément le niveau de violence dans un pays», explique Anthony R. Harris.
Pourtant, il faut préciser que les données analysées par l’ONUDC proviennent généralement des services de police. Et ces chiffres peuvent aussi être volontairement sous-estimés pour des raisons politiques ou autres.
Source : Libération.ma - 18/04