Le Maroc n’a pas de problème au niveau de ses finances publiques

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Questions à Mohamed Chafiki, Directeur des études et des prévisions financières au ministère des finances :«Le Maroc n’a pas de problème au niveau de ses finances publiques»

La Vie éco : En ce moment de crise, beaucoup s’inquiètent pour les finances de l’Etat...

Mohamed Chafiki : Je vous le dis tout de suite : le Maroc n’a pas de problèmes au niveau de ses finances publiques. Nous avons même une marge de manœuvre confortable. Nous sommes même à un niveau de solvabilité jamais atteint puisque la dette extérieure du Trésor représente 47% du PIB ce qui veut dire que l’Etat a une marge de manœuvre importante au cas où il voudrait s’endetter.

Pourtant, en 2009, il y aura des ressources en moins pour l’économie, notamment à cause de la baisse des recettes de tourisme et des transferts des MRE. Où va-t-on trouver ces milliards ?

Il faut à mon sens donner la juste mesure des grandeurs. Si les transferts des MRE finissent l’année sur une baisse de 14%, cela équivaut à 8 milliards DH environ. Que pèsent réellement ces 8 milliards quand on sait qu’en 2008, par exemple, la consommation des ménages a atteint 413,6 milliards DH. Le dialogue social avec la baisse de l’IR représentent à eux seuls un soutien de plus de 14 milliards DH à la consommation rien qu’en 2009.

L’évolution depuis quelques mois de la balance commerciale ne vous inquiète-t-elle pas ?
Le compte courant est en effet important. Nous avons des fragilités au niveau de ces secteurs exportateurs et un gros problème d’offre exportable. C’est cela le message que nous devons retenir de ces six mois de crise. Nous devons avoir une force de frappe pour développer nos exportations. Nous sommes entre 6 et 7 mois d’importations. Il faut se comparer à d’autres pays : par exemple, la Tunisie et l’Egypte en sont à 4 mois. Il faut prendre au sérieux cette situation, mais il faut la remettre dans le contexte en se disant qu’il y a pire et, surtout, que nous n’avons pas atteint la zone dangereuse.

Vous semblez dire que l’impact de la crise n’est pas aussi catastrophique qu’on ne le croit...

Oui et les chiffres le prouvent. Certes des secteurs-clé de l’économie sont touchés, mais tout est relatif. La baisse d’activité dans ces secteurs n’a pas une grande incidence sur la croissance globale du pays. Cela est principalement dû à la structure et aux déterminants de notre croissance. Tout le monde sait que le plus gros de la valeur ajoutée est réalisé aujourd’hui dans les services. Il y a également l’investissement public qui, en 2008 et 2009, a atteint des niveaux jamais égalés. Détrompez-vous, 2007 a été une année amplement plus dure que 2009 à cause de la sécheresse et la flambée historique des matières premières, notamment le pétrole. Pourtant, l’économie marocaine avait bien résisté finissant l’année avec un taux de croissance de 2,7%. Il faut avoir la juste mesure de la crise en remettant les choses dans leur contexte et en rappelant la pondération des secteurs dont on parle. Il ne faut pas être amnésique : notre économie a fait des progrès énormes en termes de capacité de résistance. Si nous avions reçu des chocs de la même ampleur au début des années 80, notre économie aurait été mise à genoux.

Vous prévoyez un taux de croissance de 3,2% pour 2010. N’êtes-vous pas trop optimiste ?
En 2007, je vous rappelle que quand nous avions prévu 2,5% de croissance personne ne nous croyait. En fin d’année, nous avons réalisé 2,7%. Quand nous faisons des prévisions, nous les faisons en connaissance de cause et sur la base de chiffres réels. Ce sont des chiffres qui vont déterminer des politiques publiques et les marges de manœuvre de l’Etat. Ce ne sont pas des travaux ou des spéculations académiques.

Vous faites allusion au HCP avec qui vous ne partagez pas toujours les mêmes positions ?
Il est normal et même préférable qu’il y ait de la diversité dans les approches. Mais l’essentiel quand on fait des prévisions, c’est d’argumenter et nous gagnerions tous à plus travailler ensemble et à coopérer.

Pour vous, quelles sont les urgences pour les 12 prochains mois ?

A mon avis, il faut accélérer les réformes et corriger rapidement les fragilités structurelles dont souffrent nos secteurs : la qualification et la productivité de la main- d’œuvre. C’est cela l’enjeu central.
 
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