La présidence malgache du centre d'Antananarivo, la capitale, Andry Rajoelina organise sa première réception depuis qu'il est à la tête de Madagascar. Les invités? La famille, des proches. La veille, samedi 21 mars, sa cérémonie d'investiture a eu lieu dans un stade de la ville. Aucun chef d'Etat étranger n'y a assisté, aucun diplomate ne s'y est rendu, alors que s'accumulaient les condamnations.
"Ce n'est pas du tout un coup d'Etat", se défend le nouveau président de la Haute Autorité de transition qui a reçu, dimanche, les représentants de plusieurs journaux, dont Le Monde. "Il ne faut pas qu'il y ait un vide. Il faut que quelqu'un gère le pays. Si la Haute Cour constitutionnelle ( ) a validé ce transfert de pouvoir, c'est qu'il respecte la Constitution", assure M.Rajoelina.
L'accession au pouvoir a été qualifiée, à l'extérieur du pays, d'inconstitutionnelle ou de "coup d'Etat". Plane la suspension d'importantes tranches d'aides, qui représentent 70% du budget malgache. "On peut toujours s'en sortir. ( ) Il faut que la communauté internationale sache que c'est le peuple malgache qui décide du sort de Madagascar", affirme M.Rajoelina.
Mais, à peine au pouvoir, le président a mis fin aux activités de l'Assemblée nationale et du Sénat. "L'Assemblée nationale n'est pas dissoute, c'est une suspension provisoire. Jusqu'aux élections", assure-t-il. Elles devraient être organisées "dans un délai de deux ans", ajoute M.Rajoelina.
De nombreuses voix, dont celle du président Nicolas Sarkozy, se sont élevées pour que le processus soit accéléré. Andry Rajoelina s'en tient à son calendrier initial, invoquant la nécessité d'organiser d'abord une réforme constitutionnelle puis un référendum. Ensuite, "il y aura d'autres élections à mettre en place, l'élection des maires, des chefs de région, les sénateurs, donc on ne peut pas faire chaque mois ou tous les deux mois des élections, sinon la population sera fatiguée".
Jusqu'ici, la Constitution, qui requiert du président malgache d'être âgé de 40 ans au minimum, lui interdit d'être candidat. Mais la réforme en cours pourrait changer la règle. "En France, c'est 35 ans non? Ce sont des cas à étudier", hasarde-t-il.
Et d'ajouter : "C'est des cas qui se sont passés déjà à Madagascar, et pour la paix et l'intérêt de la population, c'est la seule issue." En cherchant dans la mémoire politique malgache, il invoque plusieurs situations de prise du pouvoir similaires, comme celle, en 1975, de Richard Ratsimandrava, "assassiné une semaine après ce transfert de pouvoir". Même à l'intérieur de la présidence, les militaires d'élite en charge de sa protection sont constamment aux aguets, ne lâchant pas leurs armes.
Pour calmer les tensions et les rivalités qui existent au sein de l'armée et de la classe politique, Andry Rajoelina projette d'"ouvrir aussi le gouvernement". "Nous allons prendre des partisans du TIM [le parti de l'ancien président Marc Ravalomanana]. Et avant de prendre des décisions, nous allons consulter tout le monde. Nous allons faire une réconciliation nationale." Il maintient, en revanche, la nécessité de poursuivre son prédécesseur, toujours en fuite. "Est-ce que quelqu'un qui a commis des fautes sur la gestion d'un pays, qui a commis des tueries, est-ce qu'on doit le laisser partir ?"
Jean-Philippe Rémy
http://www.lemonde.fr/afrique/artic...a-communaute-internationale_1171281_3212.html
"Ce n'est pas du tout un coup d'Etat", se défend le nouveau président de la Haute Autorité de transition qui a reçu, dimanche, les représentants de plusieurs journaux, dont Le Monde. "Il ne faut pas qu'il y ait un vide. Il faut que quelqu'un gère le pays. Si la Haute Cour constitutionnelle ( ) a validé ce transfert de pouvoir, c'est qu'il respecte la Constitution", assure M.Rajoelina.
L'accession au pouvoir a été qualifiée, à l'extérieur du pays, d'inconstitutionnelle ou de "coup d'Etat". Plane la suspension d'importantes tranches d'aides, qui représentent 70% du budget malgache. "On peut toujours s'en sortir. ( ) Il faut que la communauté internationale sache que c'est le peuple malgache qui décide du sort de Madagascar", affirme M.Rajoelina.
Mais, à peine au pouvoir, le président a mis fin aux activités de l'Assemblée nationale et du Sénat. "L'Assemblée nationale n'est pas dissoute, c'est une suspension provisoire. Jusqu'aux élections", assure-t-il. Elles devraient être organisées "dans un délai de deux ans", ajoute M.Rajoelina.
De nombreuses voix, dont celle du président Nicolas Sarkozy, se sont élevées pour que le processus soit accéléré. Andry Rajoelina s'en tient à son calendrier initial, invoquant la nécessité d'organiser d'abord une réforme constitutionnelle puis un référendum. Ensuite, "il y aura d'autres élections à mettre en place, l'élection des maires, des chefs de région, les sénateurs, donc on ne peut pas faire chaque mois ou tous les deux mois des élections, sinon la population sera fatiguée".
Jusqu'ici, la Constitution, qui requiert du président malgache d'être âgé de 40 ans au minimum, lui interdit d'être candidat. Mais la réforme en cours pourrait changer la règle. "En France, c'est 35 ans non? Ce sont des cas à étudier", hasarde-t-il.
Et d'ajouter : "C'est des cas qui se sont passés déjà à Madagascar, et pour la paix et l'intérêt de la population, c'est la seule issue." En cherchant dans la mémoire politique malgache, il invoque plusieurs situations de prise du pouvoir similaires, comme celle, en 1975, de Richard Ratsimandrava, "assassiné une semaine après ce transfert de pouvoir". Même à l'intérieur de la présidence, les militaires d'élite en charge de sa protection sont constamment aux aguets, ne lâchant pas leurs armes.
Pour calmer les tensions et les rivalités qui existent au sein de l'armée et de la classe politique, Andry Rajoelina projette d'"ouvrir aussi le gouvernement". "Nous allons prendre des partisans du TIM [le parti de l'ancien président Marc Ravalomanana]. Et avant de prendre des décisions, nous allons consulter tout le monde. Nous allons faire une réconciliation nationale." Il maintient, en revanche, la nécessité de poursuivre son prédécesseur, toujours en fuite. "Est-ce que quelqu'un qui a commis des fautes sur la gestion d'un pays, qui a commis des tueries, est-ce qu'on doit le laisser partir ?"
Jean-Philippe Rémy
http://www.lemonde.fr/afrique/artic...a-communaute-internationale_1171281_3212.html