A la tribune, le candidat du Front de gauche s'est lancé dans une explication des mécanismes de l'Union européenne (UE) qui, assure-t-il, ôtera aux Etats leur capacité à agir de leur propre chef. Le discours est technique et l'auditoire se dissipe quelque peu. Tous ne sont pas certains qu'un meeting est le lieu pour un tel "cours magistral".
Marion, plus convaincue que jamais par M. Mélenchon, n'est pas de cet avis : "C'est important qu'il ne prenne pas les gens pour des bœufs ! La finance en général, c'est quelque chose que l'on refuse d'expliquer au peuple. Mélenchon a le mérite d'aller au charbon pour expliquer ce qui concerne tout le monde, il fait appel àl'intelligence de chacun plutôt qu'à une idéologie."
ILS SONT NOMBREUX À NE PAS VOULOIR ENTENDRE PARLER DE VOTE UTILE
Hakim, lui, est toujours indécis. Il votera à gauche, c'est sûr. Mais il a été "traumatisé par le 21 avril 2002" et l'arrivée de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de la présidentielle. Il est tenté par un "vote de raison" pour le candidat le mieux placé dans les sondages, mais plus la campagne avance, plus il regrette la "frilosité" de François Hollande quant à la "mise au pas de la finance". Il reprend à son compte la pique de M. Mélenchon adressée au candidat PS qu'il a accusé de s'y attaquer "armé d'un pistolet à bouchon".
Jean-Marc le précède dans la queue de la buvette et tente de le convaincre : "Les sondages se suivent et se ressemblent ; Hollande a une avance confortable. Alors, crois moi, camarade,si tu veux voter utile, vote Mélenchon !" Ils sont nombreux ici à ne pas vouloir entendre parler de vote utile.
"J'ai 28 ans et j'ai toujours voté PS, sans conviction", déplore Marie, employée de bureau à Montpellier, qui glissera un bulletin Mélenchon dans l'urne. "Quand je vois l'état du PS dans la région, je ne suis pas fière de moi", ajoute-t-elle en référence aux malversations financières présumées de l'ancien président de la fédération de l'Hérault, Robert Navarro, qui a fait campagne pour François Hollande pendant la primaire socialiste. "Quand on a l'ambition de diriger la France, on fait attention à ses fréquentations", conclut Danièle qui a quitté le PS pour le PCF dans les années 1980 et qui se réjouit " qu'une force soit en train de se reconstruire ".
Jonathan Parienté
le Monde