Le problème des diplômés chômeurs au Maroc revient au devant de la scène

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Le Maure

Taza avant Gaza
Des groupes d'étudiants demandent depuis des mois que le Maroc tienne sa promesse d'offrir des emplois dans la fonction publique aux diplômés. Mercredi, les choses ont pris une tournure dangereuse.

Des jeunes diplômés marocains de l'université ont tenté de se transformer en torches humaines, mercredi 2 juin, dans le cadre d'une manifestation collective devant le Parlement de Rabat.

La Police a mis un terme à la tentative de suicide amorcée par le groupe.

Des groupes d'étudiants ont organisé une marche de solidarité et ont monté une grande manifestation, mardi, accusant le Premier Ministre de ne pas avoir tenu sa promesse de trouver des emplois en faveur de milliers de diplômés. Furieux de leur état de chômeurs, les diplômés marocains, désespérés, font entendre leurs protestations depuis mars dernier, et nombreux parmi eux menacent de se donner la mort si le Gouvernement ne réagit pas.

"Nous tenons le Gouvernement, représenté par le Premier Ministre, pour directement responsable de ne pas avoir tenu les promesses qui avaient été faites aux diplômés de leur allouer 10 pour cent des opportunités d'emploi dans le budget général 2010", dit le Groupe Assamoude des Diplômés d'Université au Chômage.

Adil Azzaoui, du groupe Annidal, déclare à Magharebia que les diplômés chômeurs n’ont plus que le choix du militantisme. Il appelle à l’intégration des cadres diplômés chômeurs dans la fonction publique dans les plus brefs délais et sans conditions.

Abdelali Eljahed, père de famille, a un diplôme d'études supérieures en loi administrative et administration générale, et se prépare pour son Doctorat.

"J'appartiens à une famille pauvre, et si ce n'avait été grâce à la solidarité de ma famille, je serai maintenant à la rue", dit-il à Magharebia. "Dépendre de sa famille, cela fait perdre le sens de l'humanité. Nous vivons dans une état de mort graduelle".

"Certains d'entre nous sont tombés dans un état psychologique difficile à contrôler", ajoute-t-il. "Ils peuvent aller plus loin que seulement tenter de s'embraser".

L'ingénieur d'état Khalid Tninchi, de Khouribga, dit qu'il comprend la frustration des étudiants.

"Mes amis m'hébergent parce que je ne peux pas retourner régulièrement chez moi. Pendant ce temps, ce sont mes frères qui assument mes dépenses quotidiennes. J'ai atteint un degré de désespoir avancé", dit-il.

Tninchi ajoute qu'il considère sa présence dans ce monde comme "une pure torture à laquelle il faut mettre un terme, et la meilleure manière est de me transformer en torche humaine face au Parlement. Et de cette manière, le Gouvernement en sera tenu pour responsable".

"Je vis misérablement ; mes dépenses quotidiennes ne dépassent pas, au mieux, les 20 dirhams", dit Abdelah Idelkous, qui a une maîtrise en Etudes Islamiques et qui vit à Agadir.

"Le budget du Festival Mawazine seul peut assurer les salaires de tous les chômeurs et durant toute leur vie", ajoute-t-il. "Cela pose le problème des priorités et de la volonté politique. Y a-t-il une volonté politique que ce pays se développe, ou le désir existe-t-il chez certains que le Maroc reste tel qu'il est ?"

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Certains diplômés se détournent de la fonction publique pour trouver du travail.

"Je compte intégrer une structure privée", dit Salima Assali,22 ans, étudiante en gestion d’entreprises. « Je mise sur mes compétences que je suis en train de peaufiner à l’institut et avec des cours de soutien en langues. En plus, le secteur privé paie mieux que la fonction publique. "

Fatima Ezzehra Jouhari, licenciée en droit, ne partage pas cet avis.

"Je n’ai pas les moyens de suivre une formation supplémentaire qui peut m’aider à intégrer le monde du travail.", déclare-t-elle. "Le secteur privé n’a pas besoin de lauréats de l’université. Par conséquent, c’est au gouvernement de trouver la solution."

La sociologue Karima Bekkali explique à Magharebia que la question des diplômés chômeurs au Maroc est très compliquée.

"il faut en premier lieu changer les mentalités marocaines qui voient en la fonction publique une source de stabilité", explique-t-elle à Magharebia. "En outre, l’Etat doit gérer le cumul de plusieurs années d’un système d’enseignement supérieur défaillant en déphasage avec la réalité de l’emploi."

e plan proposé par le Premier Ministre a excité les critiques de la part de l'opposition au Gouvernement.

"La politique d’emploi du Gouvernement s’avère un échec car elle repose entre autres sur des considérations familiales et partisanes dans le recrutement dans la fonction publique à l’heure où des groupes de diplômés chômeurs protestent devant le Parlement", dit le chef du groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité, Mohamed Touahmi.

Le bureau du Ministre de l'Emploi a rejeté les accusations faites par les diplômés au chômage et a fait savoir que la question relevait de la responsabilité du Premier Ministre, a déclaré un représentant à Magharebia.

Le bureau du Premier Ministre a fait savoir à Magharebia que ce dernier tente chaque année de trouver des emplois dans le service public pour les manifestants. Il est parvenu cette année à en trouver 900, et ce chiffre pourrait s'élever à 1 000 d'ici la fin de l'année.

Magharebia
 
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