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III.9. L’abus de procédures administratives
III.9.1. Les mariages de complaisance
III.9.1.1. Généralités
Le déplacement de la migration purement illégale vers la migration pseudo-légale est le
phénomène le plus significatif dans la problématique des mariages blancs. L’abus du statut
lié au mariage en est un exemple connu. En outre, depuis la transposition de la directive
2004/38/CE en droit belge, un nouveau phénomène, très similaire à celui des mariages
blancs, a fait son apparition : les déclarations frauduleuses de cohabitation durable. Ces
déclarations établies sur la base d’une relation durable avec un ressortissant de l’UE
permettent également à l’étranger d’un pays tiers d’obtenir un titre de séjour, de la même
façon que pour les personnes mariées.
L’approche de ce nouveau type de fraude implique
l’utilisation d’une toute nouvelle méthode de travail
puisque la déclaration de cohabitation légale
constitue avant tout un acte non patrimonial qui n’a
pas automatiquement un impact sur la situation de
séjour d’un étranger.
L’abus du statut lié au mariage offre de nombreux
avantages au fraudeur. Contracter un mariage est en
effet une procédure simple qui, en principe, ne
nécessite pas l’intervention d’un avocat. La partie
possédant un droit de séjour sur le territoire belge
peut gagner une jolie somme d’argent par le biais
d’un mariage blanc.
Proportionnellement, l’amende pénale sanctionnant
les abus reste limitée par rapport aux perspectives de
gains financiers. En outre, le risque d’annulation
effective du mariage, impliquant également
l’éloignement du fraudeur, est minime.
La loi du 25 avril 2007 modifiant la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le
séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers, en vigueur depuis le 1er juin 2008,
instaure néanmoins un nouveau moyen d’action pour les autorités belges. Durant les trois
premières années suivant l’obtention d’un document de séjour, lorsque l’étranger ne satisfait
plus aux conditions requises par la loi, l’Office des Etrangers peut mettre un terme à son
droit de séjour par une procédure administrative assez simple. Lors des deux premières
années, il suffit que les deux partenaires n’habitent plus physiquement sous le même toit
pour pouvoir leur retirer leur document de séjour. Au cours de la troisième année, un avis
négatif concernant le mariage émanant du Ministère public est suffisant pour mettre fin au
droit de séjour. Après ces trois premières années, toute intervention nécessite toujours
l’annulation du mariage par une juridiction.
Les modifications règlementaires ne simplifient pas le problème. Les services qui entendent
lutter consciencieusement et méthodiquement contre ce phénomène font face à une
situation complexe, politiquement sensible, et sont de plus submergés par l’augmentation du
nombre de cas ou sont confrontés à de nouveaux phénomènes tels que l’abus de
déclarations de cohabitation sur la base d’une relation durable.