Dans un entretien à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de Salé, Richard Robert passe aux aveux. Son seul souhait : purger sa peine en France.
Richard Robert, alias Yacoub, alias Abou Abderrahmane, également connu comme « lÉmir aux yeux bleus » ou le « Mollah de Saint-Étienne », sest-il enfin décidé à dire la vérité ? En tout cas, il le prétend, dans un entretien téléphonique à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de Salé. Mais la sincérité du propos doit être jugée à laune des nombreux revirements de ce Français de 37 ans arrêté au Maroc en juin 2003, quelques semaines après les sanglants attentats-suicides de Casablanca (45morts, le 16 mai 2003). Présenté par les autorités marocaines comme un émir salafiste ayant pour projet de renverser la monarchie, Richard Robert, converti à lislam depuis sa vingtième année, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en septembre 2003, après que le procureur du roi eut requis la peine de mort. Depuis son procès à Rabat et jusquà aujourdhui, le Stéphanois prétendait être victime dune « manipulation judiciaire et médiatique de la DST marocaine ». Désormais, il plaide coupable, au moins partiellement. « Cest vrai, jai travaillé à la constitution dune cellule salafiste dune quinzaine de personnes pour créer un maquis islamiste et proclamer un micro-État islamiste dans le Rif, entre Tanger et Oujda. » Alors, pourquoi avoir tout nié en bloc lors de son procès ? Pourquoi avoir mis en avant « une collaboration » avec la DST française pour infiltrer la mouvance islamiste ? Doù est venue cette thèse, développée dans le détail à laudience, de son noyautage « dune filière kurde de faux papiers opérant en Belgique » ? « Cela relevait dune stratégie de défense pour instrumentaliser les médias internationaux, explique Robert. Jai commis deux erreurs dans ma vie, la première, celle de mêtre laissé embarquer dans lislam, la seconde, davoir fait cette déclaration sur la DST à mon procès. »
En grève de la faim depuis le 20 mars, lÉmir repenti dit vouloir renouer avec « sa foi catholique et son identité française » et affirme avoir « perdu 12 kg ». Son seul souhait : « être traité comme un citoyen français ordinaire ». Et, à ce titre, bénéficier de la convention franco-marocaine de 1981, qui permet à un Français condamné au Maroc de purger sa peine dans lHexagone. « Si javais été jugé en France, jaurais encouru au maximum dix ans de prison », précise Robert, avec lassurance dun expert du code pénal. Son avocat parisien, Me Vincent Courcelle-Labrousse, lui, névoque plus le fond du dossier. Il constate simplement que la justice marocaine « oppose la politique du silence » et « la stratégie de loubli » à ses demandes répétées de transfèrement en France de son client. Au président Sarkozy, il a écrit pour dénoncer « la frilosité, la gêne et le non-dit » de Paris dans ce dossier. Les derniers aveux publics de Richard Robert, qui semblent valider certaines conclusions des enquêteurs marocains, pourraient permettre à Rabat de reconsidérer enfin son cas. Et de le renvoyer dans son pays dorigine, où il sest engagé à uvrer pour éviter à la jeunesse de sombrer dans « légarement du salafisme ».
Jeune Afrique
Richard Robert, alias Yacoub, alias Abou Abderrahmane, également connu comme « lÉmir aux yeux bleus » ou le « Mollah de Saint-Étienne », sest-il enfin décidé à dire la vérité ? En tout cas, il le prétend, dans un entretien téléphonique à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de Salé. Mais la sincérité du propos doit être jugée à laune des nombreux revirements de ce Français de 37 ans arrêté au Maroc en juin 2003, quelques semaines après les sanglants attentats-suicides de Casablanca (45morts, le 16 mai 2003). Présenté par les autorités marocaines comme un émir salafiste ayant pour projet de renverser la monarchie, Richard Robert, converti à lislam depuis sa vingtième année, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en septembre 2003, après que le procureur du roi eut requis la peine de mort. Depuis son procès à Rabat et jusquà aujourdhui, le Stéphanois prétendait être victime dune « manipulation judiciaire et médiatique de la DST marocaine ». Désormais, il plaide coupable, au moins partiellement. « Cest vrai, jai travaillé à la constitution dune cellule salafiste dune quinzaine de personnes pour créer un maquis islamiste et proclamer un micro-État islamiste dans le Rif, entre Tanger et Oujda. » Alors, pourquoi avoir tout nié en bloc lors de son procès ? Pourquoi avoir mis en avant « une collaboration » avec la DST française pour infiltrer la mouvance islamiste ? Doù est venue cette thèse, développée dans le détail à laudience, de son noyautage « dune filière kurde de faux papiers opérant en Belgique » ? « Cela relevait dune stratégie de défense pour instrumentaliser les médias internationaux, explique Robert. Jai commis deux erreurs dans ma vie, la première, celle de mêtre laissé embarquer dans lislam, la seconde, davoir fait cette déclaration sur la DST à mon procès. »
En grève de la faim depuis le 20 mars, lÉmir repenti dit vouloir renouer avec « sa foi catholique et son identité française » et affirme avoir « perdu 12 kg ». Son seul souhait : « être traité comme un citoyen français ordinaire ». Et, à ce titre, bénéficier de la convention franco-marocaine de 1981, qui permet à un Français condamné au Maroc de purger sa peine dans lHexagone. « Si javais été jugé en France, jaurais encouru au maximum dix ans de prison », précise Robert, avec lassurance dun expert du code pénal. Son avocat parisien, Me Vincent Courcelle-Labrousse, lui, névoque plus le fond du dossier. Il constate simplement que la justice marocaine « oppose la politique du silence » et « la stratégie de loubli » à ses demandes répétées de transfèrement en France de son client. Au président Sarkozy, il a écrit pour dénoncer « la frilosité, la gêne et le non-dit » de Paris dans ce dossier. Les derniers aveux publics de Richard Robert, qui semblent valider certaines conclusions des enquêteurs marocains, pourraient permettre à Rabat de reconsidérer enfin son cas. Et de le renvoyer dans son pays dorigine, où il sest engagé à uvrer pour éviter à la jeunesse de sombrer dans « légarement du salafisme ».
Jeune Afrique