Le roi et la république libre du web

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Le Roi et la république libre du web, par Taoufiq Bouachrine

Le Roi n’est plus jeune, et son règne n’est plus nouveau. Le souverain entame la sixième décade de sa vie et est donc plus proche du troisième âge que de la jeunesse ; il a déjà passé 14 ans sur le trône, avec ses bons moments, mais aussi les mauvais, et les Marocains ne cherchent plus à cerner la personnalité de leur monarque. Ils connaissent leur Roi, et leur Roi les connaît en retour, étant parfaitement au fait de ce qu’ils veulent et de ce qu’ils ne veulent pas.

A certaines périodes difficiles, il leur avait même accordé bien plus qu’ils ne demandaient, avant que l’appareil de pouvoir ne s’implique à son tour et ne règle les aiguilles de la réforme sur l’heure locale, s’aidant de l’insignifiance de la classe politique, et de son inconsistance aussi.

Le Roi a soufflé cette semaine sa cinquantième bougie, et a délivré à cette occasion un discours inhabituel, sur un ton peu habituel. Le discours a eu cette année une intonation plus intimiste et plus sentimentale, affective, du fait que le souverain a parlé de lui-même, de son parcours scolaire et de sa proximité avec son peuple ; il a aussi évoqué son appartenance politique, à savoir le Maroc, et la façon qu’il a de considérer l’ensemble des Marocains, qu’il place sur un pied d’égalité, pauvres soient-ils ou riches. Le Roi Mohammed VI, connu pour ne pas trop apprécier les entretiens avec les médias, s’est exprimé dans un style différent, nouveau, et cela est un indicateur de la prise de conscience du palais quant à l’importance de la communication moderne dans ce monde où le marketing politique règne en maitre absolu, où les chefs d’Etat et de gouvernement parlent de leurs vies privées au même titre que de leurs préoccupations publiques, où les gouvernants tentent de se mettre au diapason de leurs opinions publiques et de leurs exigences, surtout quand, comme c’est le cas pour le Maroc, les jeunes représentent les deux tiers de la population.

Il n’y a pas de secret dans cette évolution… En effet, l’accident de parcours qu’a été l’affaire de la grâce d’un pédophile ayant violé 11 enfants et qui avait été condamné à 30 ans de prison a eu un impact politique et humain sur le Roi. Il s’agit de la première fois que Mohammed VI se trouve directement impliqué dans une grosse crise, sans intermédiaire ni « pare-choc »… Et si le souverain a fait ce qu’il fallait pour éteindre l’incendie, seul, regrettant ce qui s’est produit, retirant sa grâce, promettant une refonte du système de la grâce, sanctionnant un des serviteurs du makhzen (Hafid Benhachem), cela n’empêche pas que la blessure ait été profonde et qu’elle laissera des séquelles pour longtemps. C’est pour cela que cette affaire doit ouvrir les yeux de tous, au sein même du palais comme à son extérieur, sur la nouvelle donne qui est que les Marocains, et principalement les jeunes, les jeunes de facebook, de twitter et de youtube, ne sont plus de la même trempe que leurs parents, disposés à avaler les couleuvres, à supporter les affres du système, à justifier ce qui pourrait ne pas l’être et à pardonner le reste.


Les jeunes d’aujourd’hui – 15 millions de Marocains sont connectés à internet – sont devenus des citoyens conscients qu’un monde virtuel est à leur disposition et leur procure une réalité qui leur donne la liberté de s’exprimer d’une manière qu’ils ne peuvent trouver dans la presse classique. Celle-ci se sera finalement démasquée lors de l’affaire du pédophile, se taisant durant quatre jours, jusqu’à la parution du communiqué du palais qui a reconnu la faute ; si le cabinet royal n’avait pas réagi, nul doute que l’on aurait trouvé des plumes qui seraient venues expliquer la grâce accordée à Galvan, qui auraient affirmé que le palais est infaillible et que donc il ne peut faire d’erreurs, que l’intérêt national était engagé, et tant d’autres explications payées à prix d’or ou justifiées par la peur.


Le Marocain a changé, son style de vie a changé aussi, et ses moyens de communication ont à leur tour évolué. La peur a reculé, et le sentiment individuel et citoyen avance, lui, de jour en jour. Certes, le peuple ne vote pas, ou rarement, pas plus qu’il ne s’implique dans l’action des partis et des syndicats, ou alors sur la pointe des pieds, mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la jeunesse d’aujourd’hui, et surtout celle de demain, très active, proactive et interactive.

Le web, ce n’est pas seulement un ordinateur, un moteur de recherche, un espace de discussion et de rencontres entre jeunes… Le web est d’abord et avant tout une extraordinaire révolution culturelle qui permet une communication proprement et tout aussi révolutionnaire ; le web efface les frontières et détruit les barrières entre les nations, les sociétés et les cultures. Le web permet de développer le sentiment national, matérialisé par la liberté d’expression et d’opinion et favorisant la communication et le rapprochement entre les gens. Tout le monde aura remarqué le flot de commentaires qui s’étaient déversés sur le net et les réseaux sociaux au moment de l’affaire Galvan ; il n’aura pas non plus échappé aux gens que les manifestations qui se sont tenues ont été organisées et décidées sur facebook, sur twitter et sur les sites d’information. Les initiateurs des mots d’ordre de manifester sont des jeunes du 20 février, mais aussi des jeunes qui sont sortis protester pour la première fois de leur vie. Rien ni personne n’aura encadré ces manifs, ni partis, ni syndicats, ni associations ni rien ; personne ne s’est soucié d’une quelconque autorisation administrative ni d’un service d’ordre qui aurait eu pour mission d’encadrer les manifestants. Ce sont là des notions éculées, appartenant désormais au passé et à l’histoire… Aujourd’hui, nous avons un Maroc physique géré par des lois, par l’autorité et par les limites posées et imposées… et un Maroc virtuel où personne ne détient la souveraineté sur les autres, où tout le monde se sent libre et l’est. Le challenge est de définir les relations entre le physique et le virtuel, et de pouvoir passer de l’un à l’autre sans trop de heurts ni de malheurs.


Aujourd’hui, il faut savoir compter avec un nouvel acteur, le « citoyen numérique ». Il appartient aux politiques de tenir compte de ce nouveau personnage, et de lui adapter les valeurs de droits de l’Homme, de démocratie, de gouvernance, d’Etat de droit et des lois. Ce sont là les facteurs qui priment aujourd’hui, plus et bien plus que la vieille notion d’autorité et d’opposition… C’est ainsi que fonctionne la république libre du web.
http://www.panoramaroc.ma/fr/le-roi-et-la-republique-libre-du-web-par-taoufiq-bouachrine/
 
Le Roi et la république libre du web, par Taoufiq Bouachrine



Aujourd’hui, il faut savoir compter avec un nouvel acteur, le « citoyen numérique ». Il appartient aux politiques de tenir compte de ce nouveau personnage, et de lui adapter les valeurs de droits de l’Homme, de démocratie, de gouvernance, d’Etat de droit et des lois. Ce sont là les facteurs qui priment aujourd’hui, plus et bien plus que la vieille notion d’autorité et d’opposition… C’est ainsi que fonctionne la république libre du web.
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Nous faisons partie de ces citoyens du web et nous répondrons aussi à tawfik s'il déconne.:)
 
Nous faisons partie de ces citoyens du web et nous répondrons aussi à tawfik s'il déconne.:)
faut bien qu'il ponde un papier pour qu'il ne chome pas !!c'est le journaliste des fifytos .il n'a plus rien à se mettre sous la dent .sauf le peuple vituel dit "marocain" alors que tout le monde peut se targuer d'être marocain sans l'être et qui différe totalement de la rue marocaine .
la preuve en est le nombre d'adherents à ces pages hostiles et le nombre des manifestants dans la rue .
tout se passe dans la rue marocaine et non sur les pages des forums et facebook.
 
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