Les Allemands ont le triomphe modeste. Après avoir essuyé de fortes critiques sur son modèle, notamment celles de la ministre de l'économie française, Christine Lagarde, le pays est conforté dans son choix par la vigoureuse reprise au second semestre. Mais peu de journaux ont souligné les performances plus médiocres des autres pays européens. Et les économistes, qui se disent tout juste satisfaits de l'efficacité des réformes menées, s'inquiètent déjà des mois à venir. Le sentiment général qui se dégage est celui d'une nation performante, mais non sereine.
Ils ont pourtant de quoi pavoiser. Selon les données affinées de l'office national de statistiques, Destatis, publiées mardi 24 août, la croissance a progressé de 2,2 % au deuxième trimestre et de 4,1 % en glissement annuel - la plus forte hausse depuis la réunification. Des experts avancent aujourd'hui le chiffre de 3,4 % de croissance pour 2010. Publié mercredi, le baromètre du climat des affaires Ifo, principal indicateur de confiance, a encore grimpé en août (à 106,7 points), alors que les experts attendaient un recul.
Les exportations, moteur traditionnel de la croissance allemande, ont joué un grand rôle dans cette reprise rapide ( 8,2 %) Mais surtout, la demande intérieure, point noir des données conjoncturelles, a enregistré une hausse de 0,6 %, après neuf mois de recul. Le chômage se maintient à 7,5 % de la population active. Sortis de la crise, les Allemands sont plus nombreux à travailler, consomment plus et font profiter leurs voisins de la reprise.
Balayées, les critiques sur leur « égoïsme » et les effets pervers d'un « modèle non coopératif » qui refuserait d'augmenter les salaires et d'encourager la demande intérieure pour maintenir son excédent commercial, au prix de déséquilibres dans la zone euro. Le ton a changé à Paris. « Ce qui est bon pour l'Allemagne est bon pour la France », a indiqué le ministre du budget, François Baroin, à l'issue d'une rencontre à Berlin, mardi, avec le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble.