Le scandale Sakineh ! (on nous aurait menti?)

Oumshyrine

TANJA AL 3ALYA
Le scandale Sakineh


Le Times de Londres avait initialement publié une fausse photographie de Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Elle y apparaissait tête nue, ce qui est considéré comme indescent dans la culture iranienne. Une seconde photo, authentique cette fois a été ultérieurement diffusée. Elle y apparaît en tchador, un vêtement que les musulmanes portent à la mosquée et qu’environ un tiers des femmes portent dans la rue. L’annonce d’autodafés de Coran par des pasteurs états-uniens à l’occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 a secoué le monde musulman. L’événement est ressenti différemment selon les cultures. Pour les Occidentaux, cette provocation doit être relativisée. Certes, il s’agit d’un livre que les musulmans considèrent comme sacré, mais, après tout, on ne fait que brûler du papier. A l’inverse, dans le monde musulman, on pense qu’en brûlant le Coran, on tente de couper les hommes de la parole divine et de leur dénier le salut. Il s’ensuit des réactions émotionnelles incontrôlables que les occidentaux perçoivent comme de l’hystérie religieuse. Jamais une telle chose pourrait survenir en Europe, et encore moins en France, pays formé par un siécle de laicité combattante. Et pourtant …
 
Mobilisation

Récemment, l’essayiste Bernard-Henri Levy [1] a alerté l’opinion publique sur le cas de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une jeune femme qui aurait été condamnée en Iran à la lapidation pour adultère. Il a lancé une pétition sur internet pour faire pression sur les autorités iraniennes et leur demander de renoncer à cette barbarie.
En contact téléphonique régulier avec le fils de la victime qui réside à Tabriz (Iran), et avec son avocat, Javid Houstan Kian, qui vient de s’installer en France pour fuir le régime, M. Lévy n’a pas été avare de détails : la lapidation, dont la pratique aurait été interrompue par un moratoire, aurait reprise sous l’impulsion du président Ahmadinejad. Mme Mohammadi-Ashtiani, pourrait être exécutée à la fin du ramadan. Entre temps, le directeur de sa prison, furieux du tapage médiatique, lui aurait fait administrer 99 coups de fouet.
L’essayiste concentre ses attaques sur le mode d’exécution. Il écrit : « Pourquoi la lapidation  ? N’y a-t-il pas, en Iran, d’autres manières de donner la mort  ? Parce que c’est la plus abominable de toutes. Parce que cet attentat contre le visage, ce pilonnage de pierres sur un visage innocent et nu, ce raffinement de cruauté qui va jusqu’à codifier la taille des cailloux pour s’assurer que la victime souffre longtemps, sont un concentré rare d’inhumanité et de barbarie. Et parce qu’il y a, dans cette façon de détruire un visage, de faire exploser sa chair et de la réduire en un magma sanglant, parce qu’il y a dans ce geste de bombarder une face jusqu’à ce que bouillie s’ensuive, quelque chose de plus qu’une mise à mort. La lapidation n’est pas une peine de mort. La lapidation est plus qu’une peine de mort. La lapidation, c’est la liquidation d’une chair à qui l’on fait procès, en quelque sorte rétroactif, d’avoir été cette chair, juste cette chair  : la chair d’une jeune et belle femme, peut-être aimante, peut-être aimée, et ayant peut-être joui de ce bonheur d’être aimée et d’aimer. »
Le président Sarkozy a confirmé les informations de M. Lévy lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France [2]. A l’issue de son discours, il a déclaré que la condamnée était désormais « sous la responsabilité de la France ».

Rapidement, de nombreuses associations et personnalités se sont jointes à ce mouvement et plus de 140 000 signatures ont été réunies. Le Premier ministre François Fillon est venu sur le plateau du principal journal de la télévision publique pour manifester son émotion et sa solidarité avec Sakineh, « notre soeur à tous ». Tandis que l’ex-secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Rama Yade, affirmait que la France faisait désormais de ce cas une « affaire personnelle ».
 
Mystification
Bien qu’ils n’en aient pas conscience, l’émotion des Français renvoie à la part religieuse de leur inconscient collectif. Qu’ils soient chrétiens ou non, ils ont été marqués par l’histoire de Jésus et de la femme adultère. Rappelons le mythe : les pharisiens, un groupe de juifs arrogants, essayent de placer Jésus en position difficile. Ils lui amènent une femme qui vient d’être prise en flagrant délit d’adultère. Selon la Loi de Moïse, elle devrait être lapidée, mais cette cruelle prescription est heureusement tombée en désuétude. Ils demandent donc à Jésus ce qu’il convient de faire. S’il préconise de la lapider, il paraîtra comme un fanatique, et s’il refuse de la sanctionner, il sera mis en accusation pour contestation de la Loi. Cependant, Jésus sauve la femme en leur répondant : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Il renverse alors le dilemme : si les pharisiens la lapident, c’est qu’ils se prennent pour des purs, s’ils ne le font pas, ce sont eux qui violent la Loi. Et le texte de préciser : « Ils se retirèrent un à un, en commençant par les plus âgés ».
Ce mythe fonde dans la pensée occidentale la séparation entre loi religieuse et civile. La femme adultère a commis un péché vis-à-vis de Dieu et ne doit en rendre compte qu’à lui. Elle n’a pas commis de crime et ne peut être jugé par les hommes.
La lapidation annoncée de Sakineh est ressentie par les Français comme une terrible régression. La République islamique d’Iran doit être un régime religieux appliquant la Loi de Moïse revue par le Coran, la Sharia. Les mollahs doivent être des fanatiques phallocrates qui répriment les amours des femmes hors mariage et les maintiennent dans la soumission aux hommes. Aveuglés par leur propre obscurantisme, ils vont jusqu’à tuer et de la pire des manières.
Il s’agit bien ici d’hystérie religieuse collective car dans une telle affaire, le réflexe normal de tout un chacun aurait dû être de vérifier les imputations. Mais durant des semaines personne n’en a pris la peine.
 
Interrogations

Ayant à son tour signé cette pétition, le leader du Parti antisionniste, Dieudonné M’bala M’bala, de passage à Téhéran dans le cadre d’un projet cinématographique, a souhaité intercéder pour la condamnée. Il a demandé audience aux autorités compétentes et a été reçu par Ali Zadeh, vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du ministère de la Justice.
L’entretien aura été un modèle du genre. M. Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de profession, ne se moquait pas de lui en lui rapportant ses craintes. Tandis que M. M’bala M’bala faisait répéter plusieurs fois les réponses à ses questions tant il avait du mal à croire avoir été manipulé à ce point.
Succédant à la dictature du Shah Reza Pahlevi, la République islamique s’est avant toute chose préoccupée de mettre fin à l’arbitraire et d’instaurer un état de droit le plus rigoureux possible. Pour ce qui concerne les crimes passibles des assises, le système judiciaire prévoit de longue date une possibilité d’appel. En tout état de cause, la Cour de cassation est automatiquement saisie pour vérifier la légalité de la procédure. Le système judiciaire offre donc des garanties bien supérieures à celles des juridictions françaises, et les erreurs y sont beaucoup moins fréquentes.
Cependant, les condamnations ont conservé une dureté particulière. Le pays applique notamment la peine de mort. Plutôt que de diminuer le quantum des peines, la République islamique a choisi d’en limiter l’application. Le pardon des victimes, ou de leurs familles, suffit à annuler l’exécution des peines. Du fait de cette disposition et de son usage massif, il n’existe pas de grâce présidentielle.
La peine capitale est souvent prononcée, mais très rarement appliquée. Le système judiciaire pose un délai d’environ cinq ans entre le prononcé du jugement et son exécution dans l’espoir que la famille de la victime accordera son pardon et que le condamné sera ainsi gracié et immédiatement libéré. Dans la pratique, les exécution concernent surtout les gros trafiquants de drogue, les terroristes et les assassins d’enfants. L’exécution est effectuée par pendaison en public.
On peut espérer que la Révolution islamique poursuivra son évolution et abolira prochainement la peine de mort.
Quoi qu’il en soit, la constitue iranienne reconnaît la séparation des pouvoirs. Le système judiciaire est indépendant et le président Ahmadinejad n’a rien à voir avec une décision de justice, quelle qu’elle soit.
 
Manipulations


Dans le cas Sakineh, toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses.

1. Cette dame n’a pas été jugée pour adultère, mais pour meurtre. Au demeurant, il n’est pas prononcé en Iran de condamnation pour adultère. Plutôt que d’abroger cette incrimination, la loi a stipulé des conditions d’établissement des faits qui ne peuvent être réunies. Il faut que quatre personnes en aient été témoins au même moment [3]

2. La République islamique ne reconnaît pas la Sharia, mais exclusivement la loi civile votée par les représentants du peuple au sein du Parlement.

3. Mme Mohammadi-Ashtiani a drogué son mari et l’a fait tuer durant son sommeil par son amant, Issa Tahéri. Elle et son complice ont été jugés en première et seconde instance. Les « amants diaboliques » ont été condamnés à mort en première et seconde instance. La Cour n’a pas établi de discrimination selon le sexe des accusés. Il est à noter que, dans l’acte d’accusation, le relation intime des meurtriers n’est pas évoquée, précisément parce qu’elle n’est pas prouvable en droit iranien, même si elle est rapportée comme certaine par des proches.

4. Le peine de mort est susceptible d’être exécutée par pendaison. La lapidation, qui était en vigueur sous le régime du Shah, et encore quelques années après son renversement, a été abolie par la Révolution islamique. Indigné par les assertions de Bernard-Henry Lévy et Nicolas Sarkozy, le vice-président du Conseil iranien de la magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait au défi ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi iranien contemporain qui prévoit la lapidation.
 
5. Le jugement est actuellement examiné par la Cour de cassation qui doit vérifier la régularité de chaque détail de la procédure. Si celle-ci n’a pas été scrupuleusement respectée, le jugement sera annulé. Cette procédure d’examen est suspensive. Le jugement n’étant pas encore définitif, la prévenue bénéficie toujours de la présomption d’innocence et il n’a jamais été question de l’exécuter à la fin du Ramadan.

6. Me Javid Houstan Kian, qui est présenté comme l’avocat de Mme Mohammadi-Ashtiani, est un imposteur. Il est lié au fils de la prévenue, mais n’a jamais eu de mandat de cette dame et n’a jamais eu de contact avec elle. Il est membre des Moujahidines du Peuple, une organisation terroriste protégée par Israel et les néconservateurs [4].

7. Le fils de la prévenue vit normalement à Tabriz. Il peut s’exprimer sans entraves et téléphone fréquemment à M. Lévy pour maudire son pays, ce qui illustre le caractère libre et démocratique de son gouvernement.
En définitive, rien, absolument rien de la version Lévy-Sarkozy de l’histoire de Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, n’est vrai. Peut-être Bernard-Henry Lévy a t-il relayé de bonne foi des imputations fausses qui servaient sa croisade anti-iranienne. Le président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à l’opinion publique française, probablement pour justifier a posteriori les sanctions drastiques prises contre l’Iran au détriment notamment de l’économie française, pourtant déjà gravement blessée par sa politique.


Thierry Meyssan

Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).PS Notes

[1] Voir notre dossier Bernard-Henry Lévy, Réseau Voltaire
2] Discours à la conférence annuelle des ambassadeurs de France, par Nicolas Sarkozy, Réseau Voltaire, 25 août 2010.
[3] Sur le même type de désinformation, on lira Pour diaboliser l’Iran, « Rue 89 » confond crimes pédophiles et homosexualité, Réseau Voltaire, 13 juillet 2007.
[4] Voir notre dossier Les Mujahedin-e Khalq, Réseau Voltaire.



Dimanche 19 Septembre 2010


http://www.voltairenet.org/article166999.html
 
Affaire médiatisée, attention aussi à la désinformation ! De toute façon tensions géopolitiques, occupez les esprits ! Instrumentalisation de l'affaire ! Ca rend service à qui ? That's the question !
 
Ca ne m'étonne pas du tout !! L'autre jour à la télé française d'ailleurs j'avais vu quelqu'un faire un lapsus et parler du meurtre et non pas de l'adultère de Sakineh !

Ils inventent toujours des dizaines de trucs pour nous faire croire quand dans les pays Moyen Orientaux les gens sont des barbares ! Je veux bien croire que c'est vrai pour certains d'entre eux mais j'ai du mal à imaginer que toute la population ait l'image de l'Islam qu'on tente de nous donner en France !
Vive la démocratie et la soi disant liberté de presse ! Une belle claque pour ceux qui y croient encore.
 
Les Iraniens revendiquent le fait de préparer des armes nucléaires.


Ils ne me semblent pas avoir lu ou vu ceci. Les Iraniens n'ont jamais déclaré préparer des armes nucléaires ; le nucléaire est civil. Après, entre le officiellement ou le officieusement, on revient au même point de départ : tant qu'ils ne le disent pas ouvertement, les Israéliens devront trouver des justificatifs comme les ADM pour les USA.
 
Ils ne me semblent pas avoir lu ou vu ceci. Les Iraniens n'ont jamais déclaré préparer des armes nucléaires

Tu as raison sur ce point: j'ai parlé trop vite...Je faisais référence aux propos d'un scientifique iranien. Il faut que je retrouve la source.

Après, entre le officiellement ou le officieusement, on revient au même point de départ : tant qu'ils ne le disent pas ouvertement, les Israéliens devront trouver des justificatifs comme les ADM pour les USA.

Mais le programme nucléaire civil, revendiqué par les Iraniens, est une raison suffisante pour les Israéliens qui ne sont sont pas gênés pour bombarder les réacteurs de la Syrie et de l'Irak...
 
Mais le programme nucléaire civil, revendiqué par les Iraniens, est une raison suffisante pour les Israéliens qui ne sont sont pas gênés pour bombarder les réacteurs de la Syrie et de l'Irak...

Tout juste. Merci d'avoir rafraichi ma mémoire, j'ai oublié le cas de la Syrie (et même le Liban).
 
Crois-tu vraiment qu'Israël a besoin de l'affaire Sakineh pour bombarder l'Iran?

non mais cette affaire fait partie de la propagande sioniste contre l'Iran dont le but évidemmente est de daiboliser l'Iran.

Ce type de propagande, de mensonges ne vous rappelle rien?

Le même processus était mené contre Sadam Hussein et l'Irak.

Les leaders d'opinion sionistes tel que BHL ont pour mission de diaboliser l'Iran afin de préparer l'opinion publique à une potentielle attaque contre ce pays.
 
non mais cette affaire fait partie de la propagande sioniste contre l'Iran dont le but évidemmente est de daiboliser l'Iran.

Ce type de propagande, de mensonges ne vous rappelle rien?

Le même processus était mené contre Sadam Hussein et l'Irak.

Les leaders d'opinion sionistes tel que BHL ont pour mission de diaboliser l'Iran afin de préparer l'opinion publique à une potentielle attaque contre ce pays.

Moi je me souviens encore de l'irak :( , qui a jugé le gouvernement US pour ses mensonges ? PERSONNE.

La ils recommencent avec l'Iran et apparemment les gens oublient vite...
 
Crois-tu vraiment qu'Israël a besoin de l'affaire Sakineh pour bombarder l'Iran?

Biensure que cette affaire est du pain béni pour les va-t-en-guerre occidentaux sionistes puisqu'elle permet de préparer psychologiquement les populations à accepter une eventuelle attaque contre ces barbares islamistes iraniens.
 
Elle ne sera pas lapidée????

La lapidation serait donc retirée de l'arsenal pénal iranien?

La mobilisation générale a réussi?

Je n'en sais rien mais à l'heure actuelle elle n'a pas été lapidé.

Je me demande pourquoi on ne parle que du cas de Sakineh alors que son complice lui aussi est comdamné à mort pour assassinat sur le mari de cette dernière.
 
il devrait aussi être lapidé?

Puis les femmes....


Je crois que lui ce sera la pendaison, mais bon c'est pas clair tout ça donc faut éviter de s'avancer je ne prète aucune attention à ce qu'on nous raconte aux infos pas mal de mensonges, de mélanges.

La dernière phrase j'ai pas compris?
 
Je crois que lui ce sera la pendaison, mais bon c'est pas clair tout ça donc faut éviter de s'avancer je ne prète aucune attention à ce que nous racontes aux infos pas mal de mensonge de mélange.

La dernière phrase j'ai pas compris?

c'est plus facile de mobiliser pour une femme que pour un homme.

Moi, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi cette femme était condamnée à la lapidation alors que son prétendu complice était condamné à la pendaison?
 
c'est plus facile de mobiliser pour une femme que pour un homme.

Moi, ce que je ne comprends pas c'est pourquoi cette femme était condamnée à la lapidation alors que son prétendu complice était condamné à la pendaison?

Pour la femme c'est parce qu'elle est accusé d'avoir trompé son mari c'est un cas d'adultère qui s'il est prouvé selon les conditions énnoncées par les lois islamiques qui faut il le rappeler sont assez contraignantes, doit être lapidé, cela vaut pour l'homme comme pour la femme sur ce sujet il n'y a aucune difference.

Le mari lui est accusé avec Sakineh de complicité de meurtre, il sera comdamné à mort par pendaison.
 
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