Le trafic d’organes se porte bien

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Amine

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Malgré l’arrestation de quelques trafiquants, le commerce illégal de reins et de coeurs se poursuit dans toute la région. Une réalité qui incite certains Etats à se doter d’une législation adaptée.


Un inconnu l’a abordé pour lui proposer du travail, raconte Mohammad Salim à la chaîne de télévision indienne NDTV. On l’a ensuite conduit dans une pièce sombre à la peinture écaillée où deux hommes armés lui ont fait une injection. Il a alors perdu connaissance, pour se réveiller plus tard avec une douleur au flanc, sous le regard d’un médecin. On venait de lui prélever un rein.Les hommes lui ont versé 50 000 roupies[790 euros] en échange de cet organe. Mais, à cause de la douleur, il a été incapable de travailler pendant des mois. Amit Kumar, le médecin responsable de ce prélèvement, a fini par être appréhendé. Mais le trafic d’organes demeure un marché juteux en Asie.

Dans la région, les reins sont facturés entre 25 000 et 60 000 dollars [de 20 000 à 47 000 euros], les poumons et les coeurs pas moins de 150 000 dollars. Mais, contrairement aux trafics de drogue ou d’êtres humains, aux mains de seigneurs de guerre véreux, le commerce d’organes est le fait de praticiens de Chennai [l’ancienne Madras], de Manille ou d’Islamabad au carnet d’adresses étoffé, et d’intermédiaires hâbleurs habitués des bidonvilles de ces grandes villes. Les progrès médicaux, la corruption et la pauvreté galopante ont chacun à sa façon contribué à l’expansion du marché des organes en Asie, les “touristes en attente de greffe” étant de plus en plus nombreux à courtcircuiter sans grand mal les listes d’attente au Pakistan, en Inde, en Chine et aux Philippines. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 % des transplantations dans le monde seraient réalisées illégalement.

Avant l’adoption au Pakistan, en 2007, d’une loi interdisant de tels actes chirurgicaux sur des étrangers, l’Institut de transplantation et d’urologie de la province du Sind, dans le sud-est du pays, estimait que les bénéficiaires des quelque 2 000 transplantations annuelles de rein étaient à 75 % des touristes médicaux étrangers. En Chine, a révélé la revue médicale britannique The Lancet, 90 % des organes utilisés dans les 11 000 greffes annuelles ont été prélevés sur des condamnés à mort exécutés. Que les plus pauvres vendent leurs reins n’est pas une nouveauté. Et il arrive qu’on les leur prélève sans rétribution.

Certaines accusations remontent ainsi au début des années 1990, époque à laquelle la police d’Agra, dans l’Etat indien de l’Uttar Pradesh, avait découvert qu’une clinique gérait un commerce de cornées et de reins qu’elle collectait auprès de lépreux. Au lendemain du tsunami de 2004, 150 habitants de la province indonésienne de Banda Atjeh avaient déclaré avoir vendu un rein pour pouvoir reconstruire leur maison. Avec l’arrestation, début 2008, du Dr Amit Kumar, surnommé par la presse “le médecin de l’horreur”pour avoir prélevé illégalement plus de 600 reins, et celle, en septembre de la même année, du magnat singapourien Tang Wee Sung [lire encadré cidessous], qui avait tenté d’acheter un rein pour 300 000 dollars, le trafic d’organes est passé au premier plan des préoccupations de l’OMS.
En 2008
 
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