Le vampire de Muizen ne prendra plus l'air(17/05/2009)
Le ministre De Clerck maintient que le plus ancien détenu de Belgique ne sortira plus
BRUXELLES Le vampire de Muizen qui fut condamné à mort en avril 1974 et est, à 58 ans, non pas le plus âgé, mais le plus ancien détenu de Belgique, et qui a obtenu, entre 1985 et 2006, 86 autorisations de sortie de la prison de Louvain-Centrale où il est incarcéré depuis 37 ans, n'aura plus droit à la moindre sortie.
C'est ce qu'affirme le ministre De Clerck en réponse à un parlementaire, Renaat Landuyt, alors même que Staf Van Eycken, qui assassina trois femmes en 1971 et 1972, introduit un référé qui sera examiné le 26 mai par le tribunal de 1re instance de Bruxelles. Van Eycken doit son surnom aux morsures sur les poitrines de ses victimes.
La décision de supprimer ses sorties - alors que les 86 n'avaient donné lieu à aucun incident - fut prise en 2006 par la ministre Laurette Onkelinx. L'émotion reste vive. Au début des années 1970, l'affaire du vampire avait créé une émotion comparable à celle des atrocités de Dutroux, il y a 13 ans.
À Muizen (Malines, 25 km de Bruxelles), des témoins de l'époque, comme Fons Van Rossem dont l'épouse connaissait une victime, promettent qu'il "y aura quelqu'un pour régler son compte à Van Eycken".
La démarche du vampire de Muizen est pourtant particulière. Van Eycken, en effet, ne demande pas à être libre, sans quoi il s'adresserait au tribunal de l'application des peines. L'idée de mourir en prison ne le perturbe pas. Ce qu'il souhaite, c'est continuer, comme il y a eu droit 86 fois pendant 21 ans, de "prendre l'air" , de "temps en temps", exactement une demi-journée.
Il le veut pour se donner l'illusion, selon son avocat, d'appartenir toujours au monde des vivants. Un agent pénitentiaire l'accompagnait et le vampire rendait visite à son ami Louis, buvait un café à une terrasse et demandait à rouler quelques kilomètres sur le ring de Bruxelles, puis on rentrait à Louvain-Centrale.
En 1976, une circulaire ministérielle autorisait de telles sorties aux condamnés à perpétuité, à raison d'une la première année et de 5 ou 6 les années suivantes. Mais en 2006, un agent pénitentiaire ayant été agressé lors d'une sortie, la ministre a revu le système. Désormais, une loi du 1er février 2007 maintient les sorties et élargit même leur durée à 16 heures, pour les détenus en prévision de leur réinsertion.
Or, le Vampire de Muizen ne veut pas se réinsérer : il veut rester en prison. Et les sorties pour convenance ou confort personnel ou pour se donner l'illusion d'appartenir au monde vivant ne sont plus prévues.
À Muizen, on dit hier que s'il fallait sortir le vampire de prison, ce devrait être pour le traîner sur les tombes de ses victimes.
Gilbert Dupont
© La Dernière Heure 2009
Le ministre De Clerck maintient que le plus ancien détenu de Belgique ne sortira plus
BRUXELLES Le vampire de Muizen qui fut condamné à mort en avril 1974 et est, à 58 ans, non pas le plus âgé, mais le plus ancien détenu de Belgique, et qui a obtenu, entre 1985 et 2006, 86 autorisations de sortie de la prison de Louvain-Centrale où il est incarcéré depuis 37 ans, n'aura plus droit à la moindre sortie.
C'est ce qu'affirme le ministre De Clerck en réponse à un parlementaire, Renaat Landuyt, alors même que Staf Van Eycken, qui assassina trois femmes en 1971 et 1972, introduit un référé qui sera examiné le 26 mai par le tribunal de 1re instance de Bruxelles. Van Eycken doit son surnom aux morsures sur les poitrines de ses victimes.
La décision de supprimer ses sorties - alors que les 86 n'avaient donné lieu à aucun incident - fut prise en 2006 par la ministre Laurette Onkelinx. L'émotion reste vive. Au début des années 1970, l'affaire du vampire avait créé une émotion comparable à celle des atrocités de Dutroux, il y a 13 ans.
À Muizen (Malines, 25 km de Bruxelles), des témoins de l'époque, comme Fons Van Rossem dont l'épouse connaissait une victime, promettent qu'il "y aura quelqu'un pour régler son compte à Van Eycken".
La démarche du vampire de Muizen est pourtant particulière. Van Eycken, en effet, ne demande pas à être libre, sans quoi il s'adresserait au tribunal de l'application des peines. L'idée de mourir en prison ne le perturbe pas. Ce qu'il souhaite, c'est continuer, comme il y a eu droit 86 fois pendant 21 ans, de "prendre l'air" , de "temps en temps", exactement une demi-journée.
Il le veut pour se donner l'illusion, selon son avocat, d'appartenir toujours au monde des vivants. Un agent pénitentiaire l'accompagnait et le vampire rendait visite à son ami Louis, buvait un café à une terrasse et demandait à rouler quelques kilomètres sur le ring de Bruxelles, puis on rentrait à Louvain-Centrale.
En 1976, une circulaire ministérielle autorisait de telles sorties aux condamnés à perpétuité, à raison d'une la première année et de 5 ou 6 les années suivantes. Mais en 2006, un agent pénitentiaire ayant été agressé lors d'une sortie, la ministre a revu le système. Désormais, une loi du 1er février 2007 maintient les sorties et élargit même leur durée à 16 heures, pour les détenus en prévision de leur réinsertion.
Or, le Vampire de Muizen ne veut pas se réinsérer : il veut rester en prison. Et les sorties pour convenance ou confort personnel ou pour se donner l'illusion d'appartenir au monde vivant ne sont plus prévues.
À Muizen, on dit hier que s'il fallait sortir le vampire de prison, ce devrait être pour le traîner sur les tombes de ses victimes.
Gilbert Dupont
© La Dernière Heure 2009