L'école échoue toujours à réduire les inégalités, selon un rapport

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اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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L'origine sociale, le genre et le statut migratoire pèsent sur les trajectoires scolaires des élèves en France, et l'école échoue à réduire les inégalités, qui se creusent de la petite enfance aux études supérieures, selon un rapport de France Stratégie publié mercredi.

« L'école en France peine à déjouer le rôle exercé par l'origine sociale, le sexe et l'ascendance migratoire sur les performances et les parcours des élèves », pointe un rapport de France Stratégie, service de prospective de Matignon, publié mercredi.

Ainsi, selon l'étude, sept ans après leur entrée en 6e, deux tiers des élèves des catégories supérieures entreprennent des études supérieures, contre un peu plus d'un quart parmi les enfants de familles modestes ; c'est le cas pour près de la moitié des filles, mais à peine plus d'un tiers pour les garçons ; et de 43 % des enfants de natifs, pour 38 % des enfants d'immigrés.

« C'est l’origine sociale qui, dans notre pays, pèse le plus sur les trajectoires des élèves », poursuit le rapport, tirant ainsi un diagnostic semblable aux études internationales Pisa menées depuis une vingtaine d'années par l'OCDE. Ainsi, les enfants des familles favorisées ont des scolarités plus longues, redoublent moins, sortent nettement moins souvent précocement du système scolaire, ont de meilleurs résultats aux examens, choisissent des orientations perçues comme « plus rentables » et « compensent » davantage d'éventuelles difficultés, souligne le rapport.

En revanche, « les inégalités nettes liées à l'ascendance migratoire et au genre sont plutôt moins prononcées en France qu'ailleurs ». Et le poids du genre a des effets paradoxaux : car si les filles ont en moyenne de meilleurs résultats, elles s'orientent dans des parcours moins valorisés sur le marché du travail.

Le poids de l'origine sociale, « massif » dès 2 ans...​


 

TRIBUNE |Contre l’école du tri social

TRIBUNE dans le journal POLITIS. Une trentaine de personnalités s’érigent contre la vision de l’école défendue par Emmanuel Macron, « qui cherche à ajuster, le plus tôt possible, le profil scolaire des enfants à la demande du marché ».

Après l’échec de l’expérience Pap Ndiaye, vite remercié, Emmanuel Macron fait désormais de l’école son « domaine réservé » comme il l’indique dans son interview donnée au Point le 24 août 2023. Il y déroule son projet d’« école de la transmission, de l’esprit critique et de la confiance ». Dans cet édifiant entretien jupitérien teinté d’autosatisfaction et de chauvinisme, il dessine, dans un discours orwellien, une école qu’il prétend destinée à réduire les inégalités sociales. Il est vrai que, parmi les exceptions françaises, on oublie souvent de mentionner que son école est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE. Très douée pour accompagner aussi loin que possible les élèves les mieux dotés, elle figure parmi les cancres quand il s’agit de faire réussir les enfants les plus socialement défavorisés. Disons-le d’emblée, cette permanence des inégalités scolaires est indigne, et y remédier représente à nos yeux le principal défi d’une école publique digne de ce nom.

Or nous en sommes loin, et les propos du président de la République ne nous rassurent guère. L’école qu’il dessine est exactement l’inverse de ce que nous défendons. Il dit vouloir en finir avec les hypocrisies, prenons-le au mot. Parmi les réformes annoncées, il y a la poursuite de celle, emblématique, du lycée professionnel, qui cherche à caser des jeunes, dès 14 ans, dans le monde professionnel, se délestant ainsi sur l’entreprise de sa mission éducative. Rejetée par l’ensemble de la communauté professionnelle ainsi que par les syndicats, elle est maintenue et présentée comme une petite révolution éducative alors qu’il s’agit d’une régression notable au regard de l’histoire du lycée professionnel, qui tente de maintenir l’équilibre entre un apport culturel humaniste et une formation professionnelle. Poursuivons l’inventaire : pour Emmanuel Macron, la solution aux inégalités scolaires serait de sensibiliser dès l’âge de 12 ans au monde de l’entreprise afin de montrer quels sont les secteurs professionnels demandeurs. On ne saurait offrir plus réjouissante perspective à un enfant.

Quel est le véritable nom d’un projet éducatif obsédé par l’adéquation avec la demande économique ? On peut le qualifier comme ceci : une école du tri social, c’est-à-dire une école qui cherche à ajuster, le plus tôt possible, le profil scolaire des enfants à la demande du marché. Les arguments sont connus : pourquoi le laisser à l’école s’il n’est pas fait pour ça ? Autant qu’il apprenne auprès d’un patron… Et l’hypocrisie est d’autant plus criante que beaucoup de familles se laissent facilement convaincre qu’il s’agit de la meilleure solution pour leurs enfants en échec scolaire.

L’école de la Macronie prend acte de l’existence des inégalités sociales pour assigner chaque enfant à la place qui lui revient.

Mais quelle capitulation ! Nous pensons au contraire que l’école publique a pour mission « régalienne » de ne pas trier les enfants selon leurs profils sociaux et de les maintenir le plus longtemps possible sur ses bancs. Cela sous-entend de changer complètement de logiciel éducatif et de réparer ce qui a déjà été cassé, en commençant par protéger l’école et les enfants d’un monde économique parfois brutal et qui ne correspond de toute façon pas à celui qui sera le leur dans quelques décennies ; en réaffirmant notre attachement à la gratuité de l’école, surtout en période d’inflation galopante qui pèse sur les parents, particulièrement les plus socialement relégués....................

 
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