L'économie algérienne continue son tango au bord du gouffre

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L'économie algérienne continue son tango au bord du gouffre
Les Algériens ne sont pas désabusés que par l'impasse politique, mais aussi en raison de la chute de leurs revenus. L'économie de rente montre ses limites depuis des années mais survit quand même.

Afrique & Moyen-Orient

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L'extraction de gaz et de pétrole, comme ici très au sud du pays, fournit la quasi totalité des recettes à l'exportation de l'Algérie.
L'extraction de gaz et de pétrole, comme ici très au sud du pays, fournit la quasi totalité des recettes à l'exportation de l'Algérie. (BP PETROLEUM COMPANY/AFP)
Par
Yves Bourdillon
Publié le 12 juin 2021 à 8:30
La crise politique latente en Algérie depuis des années se déroule sur fond de situation économique tout aussi préoccupante. Les économistes répètent depuis des années que le système de rente est à bout de souffle.

Non seulement parce que les revenus du pays plongent avec les cours des hydrocarbures, qui représentent la quasi-totalité des recettes à l'exportation (l'Algérie est sixième exportateur mondial de gaz). Mais aussi parce que la rente instaure un système malsain de distribution de revenus qui décourage travail et prise de risque et empêche la diversification économique . Alors que le pays regorge d'atouts, naturels, dans l'agriculture ou le tourisme, et humains, avec une classe de jeunes entrepreneurs affrontant bureaucratie et corruption.

Le poids des hydrocarbures
Le repli spectaculaire des cours des hydrocarbures depuis le pic de 2014 a ainsi amputé les revenus du pays d'un tiers environ en sept ans. Certes, on constate un léger regain des cours de l'or noir depuis trois mois, mais la chute de l'an dernier, millésime déprimé par la pandémie, a ramené les exportations du pays à l'équivalent de 26,4 milliards de dollars contre 38 milliards en 2019. L'activité économique s'est contractée de 6 % en 2020 et, en après un rebond modeste, une croissance de 2,9 % est attendue cette année (la loi de finances table sur 4 %) et 2,7 % l'an prochain, selon le Fonds monétaire international. L'économie algérienne ne devrait retrouver son niveau pré-pandémie que fin 2022.


Un déficit des paiements élevé
Pas de quoi résorber le chômage, qui frappe officiellement 15 % de la population active, et de manière disproportionnée les jeunes. Un dossier particulièrement préoccupant dans un pays où la fécondité remonte, au point qu'il compte un million de jeunes de plus par an depuis 2015.

Surtout, en raison des importants besoins en produits importés pour ce pays de 45 millions d'habitants, notamment alimentaires, et de la faiblesse des investissements étrangers, toujours découragés par la corruption et un cadre juridique nationaliste, le déficit de la balance des paiements demeure élevé. Il a dépassé 10 % du PIB en 2020 et frôlera encore 8 % du PIB cette année. Un déficit qui épuise les réserves de change, qui ne dépassent plus 46 milliards de dollars, la moitié du niveau de fin 2017.

En conséquence, « le pays va tout droit vers une crise des changes », avertit l'économiste Abdel Bessaha. Une chute du dinar algérien renchérirait les produits importés et ferait donc flamber l'inflation, qui se réveille déjà au niveau mondial. Alors que le prix de produits clés, carburant, semoule, huile, est sensible pour la paix sociale.

Yves Bourdillon
 
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