Légalisation du cannabis au maroc : l'istiqlal dépose un projet de loi au parlement

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Aime et fais ce que tu veux
Alors que le Parti authenticité et modernité (PAM) a récemment ouvert le débat sur la légalisation du cannabis au Maroc, prévoyant une proposition de loi d'ici l'année prochaine, l’Istiqlal vient de lui emboiter le pas. Le parti de la Balance a proposé, mardi matin au Parlement, un projet de loi que la question. Celle-ci met naturellement en avant les bénéficies économique d'une telle mesure, mais limite l'autorisation du cannabis aux régions du royaume disposant des plus grands espaces cultivés. Détails.

L’Istiqlal a présenté, mardi au Parlement, un projet de loi pour la légalisation du cannabis. « L'objectif est d'utiliser ce produit dans l'agriculture afin de promouvoir le développement économique local et régional », a déclaré à l’agence EFE Noureddine Mediane, président du groupe parlementaire de l'Istiqlal à la Chambre des représentants, ajoutant que le parti s’est inspiré de la récente expérience de l'Uruguay. Ce pays sud-américain est devenu le premier Etat au monde à adopter une loi autorisant la production et la vente du cannabis le 10 décembre dernier.
« Mettre fin à la souffrance des agriculteurs »
D’après les explications de Mediane, l’Istiqlal – via sa proposition – tente de « ressusciter » une loi qui existait à l'époque coloniale quand la culture du kif était tolérée avant d’être criminalisée après l'indépendance du Maroc en 1956. Le député a, en outre, souligné que ce projet de loi vise également à « mettre fin aux souffrances des agriculteurs » consacrés à la culture de cette plante, puisque la grande majorité d'entre eux sont, au moins théoriquement, « recherchés » par la police.
Seules 5 régions seraient concernées
Toutefois cette légalisation, estime le parti de la balance, ne devrait pas s’étendre sur tout le territoire national. Le projet de loi propose que seules Al Hoceima, Chefchaouen, Ouezzane, Tétouan et Taounate - les régions du pays qui disposent des plus grandes surfaces cultivées de cannabis au monde – soient concernées.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit également la création de coopératives agricoles de cannabis et d’une agence nationale comme seule autorité compétente pour superviser la culture, la production et la commercialisation de cette plante. Le texte prévoit en plus des sanctions pour toute production illicite de cannabis pour des fins autres que thérapeutiques ou industrielles. A noter que d’après la proposition de loi de l’Istiqlal, une agence relevant de l’Etat devra se charger du contrôle de l’exploitation de cette plante, sa commercialisation et son usage final.
Objet de multiples réflexions
Décidément, la légalisation du kif semble être l’objet de nombreuses réflexions. C’est la deuxième fois en à peine un mois que le sujet du cannabis est sérieusement abordé au Parlement. Il y a trois semaines déjà, un débat y a été organisé à l'initiative du PAM (Parti authenticité et modernité) qui défend la légalisation du cannabis à usage thérapeutique pour en faire une locomotive pour l'économie. Le parti du tracteur envisageait même une proposition de loi d’ici mars 2014, mais l’Istiqlal vient de lui emboiter le pas.
Quoi qu'il en soit, les bénéfices d'une légalisation du cannabis pour le Maroc sont désormais défendus par un grand nombre, même au sein de la société civile. En mai dernier en effet, un groupe d’associations marocaines proposait au Parlement de légaliser le kif, mettant en avant les retombées lucratives que cela aurait sur l’économie nationale, au moment où les trafiquants à travers le monde se « sucrent » grâce au cannabis marocain.
Mais le sujet est tellement sensible que des fausses rumeurs ont récemment voulu faire croire qu'un organisme de l'ONU aurait mis l'Etat chérifien en garde contre l'adoption d'une loi favorable au cannabis, alors qu'il n'en est rien. Maintenant que la Parlement a sur la table une proposition concrète , il ne reste plus qu'à l'étudier. Si jamais le Maroc autorise le cannabis, il serait le deuxième au monde après l'Uruguay. Mais Reste à savoir combien de temps faudra-t-il encore pour y parvenir.

Par Ristel Tchounand Yabiladi.com

Pas mal la concurrence entre PAM et Istiqlal..
Reste a savoir si y'a une vraie volonte politique dans ce sense.. ou c'est juste des calculs pour les prochaines elections :prudent:
 
Partie de l' article publie par Telquel (Omar Saghi)
Ce n’est donc que justice, si un parti marocain s’avise de porter sur la scène publique la question du cannabis, sa production, sa commercialisation, sa consommation. Il est pour le moins ironique que l’un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux pénalise sur son propre territoire ce qui est depuis longtemps légal dans nombre de pays.
Surtout que ce grand pas en avant, s’il se réalise, ne serait qu’une récupération. Après tout, la régie du kif et du tabac eut jadis une plus vaste juridiction. Ce n’est que par étapes que le haschisch, puis le kif, quittèrent la légalité pour sombrer dans les méandres de l’économie parallèle. Un décret de 1954, puis les suites des troubles dans le nord du Maroc en 1958, contribuèrent à cette pénalisation, qui développa une économie parallèle et ses réseaux mafieux. Que l’initiative vienne du PAM, un parti aux solides assises nordistes, qu’il ait déjà mis le sujet sur la table, en 2009, que ses raisons soient électoralistes, ne doivent pas arrêter la société civile marocaine. Car dans un système pénal qui continue de punir les moindres peccadilles (comme s’embrasser en public…), réviser cette loi, l’abolir peut-être, n’est que l’annonce d’une remise à plat d’une culture juridique difforme et régressive par rapport à la culture populaire.
C’est là le point crucial. Que le cannabis soit légal, toléré ou farouchement pénalisé n’est après tout qu’un indice : le législateur marocain a besoin de réconcilier les mœurs du pays avec un Code pénal qui reste abstrait, lointain et autoritaire. Et le rôle que jouent ces petites illégalités (le cannabis, l’alcool, le sexe…) n’est plus à prouver : politiquement, elles permettent de maintenir les Marocains dans un environnement d’arbitraire permanent. De telles lois furent élaborées parallèlement à la mise en place d’un régime autoritaire, dans les années 1960. Les réviser, c’est moins aller de l’avant qu’éponger un lourd passif politique.
Maroc, pays du bis repetita, du hoquet historique, qui sans cesse défait pour refaire, patiemment comme Pénélope chaque matin retissant la toile dénouée la veille. Ainsi, à qui annoncera la nouvelle à la vieille génération, fier de tant de volontarisme transgressif, les vieux fumeurs, en rembourrant leur sebsi, penseront aux années précédant l’interdiction et diront : Yes, we cannabis.
 
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