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La nouvelle guerre médiatique israélienne (extraits)
Denis Sieffert - Politis
publié le jeudi 14 mai 2009.
Gaza : lasphyxie avant les bombes Denis Sieffert, Politis, 14 mai 2009
Dans "La Nouvelle Guerre médiatique israélienne", Denis Sieffert propose un autre regard sur loffensive israélienne contre Gaza et les trois années qui lont précédée._Voici un extrait de son livre*.
Le rappel des événements qui ont rythmé ces trois ans et quatre mois témoigne assurément dune réalité qui contredit déjà le discours officiel israélien : le départ des 8 500 colons de Gaza na jamais signifié la liberté et la souveraineté pour les Gazaouis. Le retrait unilatéral dIsraël na pas signifié son désengagement. Il faut donc sinterroger sur linterprétation qui en a été proposée à lépoque par la plupart des médias occidentaux. Souvenons-nous que laffrontement, en août 2005, entre les colons et larmée israélienne avait donné lieu à une médiatisation planétaire au cur de lété. Nous savons ce dont Israël est capable quand il sagit dempêcher la médiatisation dun événement. Nous savons aussi ce quil peut faire quand il veut montrer au monde entier ce quil est en train daccomplir. Pour mettre en scène ce retrait et donner une forte résonance à ces cas de conscience et aux tourments de ces juifs arrachant dautres juifs à leur terre « dadoption », rien na été épargné aux téléspectateurs occidentaux.
Quatre ans et demi après le retrait israélien de Gaza, la presse, dabord enthousiaste, sinterroge sur le sens de cet acte politique présenté à lépoque comme un « geste courageux » dAriel Sharon. Le_Monde a eu le mérite, dans un éditorial du 6 janvier 2009, de remettre en cause lanalyse de lévénement qui avait prévalu à lépoque : « Salué comme un coup de génie du Premier ministre dalors, Ariel Sharon, le retrait de Gaza, opéré en août 2005, sans concertation aucune avec lAutorité palestinienne, quincarnait depuis plus dun an le pragmatique Mahmoud Abbas, apparaît aujourdhui pour ce quil était : un coup tactique à courte vue. [
] ». Si_linterrogation ne manque évidemment pas de pertinence, on peut en revanche discuter lanalyse qui suppose quIsraël, en retirant ses colons tout en renforçant les conditions dune asphyxie économique de létroit territoire, aurait commis une « erreur » sur le long terme. Et si cette politique apparemment contradictoire navait pas été une « erreur » mais le résultat dun froid calcul qui conduisait tout droit au renforcement du Hamas et à la guerre civile interpalestinienne ? Après tout, cest ne pas faire beaucoup dhonneur aux dirigeants israéliens que de considérer quils font toujours le mauvais choix, et quils sont incapables de comprendre ce que nous, observateurs étrangers, comprenons sans peine. La pertinence du choix est déterminée par les buts que lon poursuit. Si lobjectif est la paix et une relation apaisée avec les Palestiniens, la décolonisation unilatérale de Gaza et son bouclage ont en effet toutes les apparences dune mauvaise option. Si, au contraire, le but est le renforcement du « meilleur ennemi possible », cest-à-dire celui qui recueillera dans le monde occidental le crédit de sympathie le plus faible, et cela dans la perspective dun affrontement programmé, alors le choix dAriel Sharon était le bon. On peut faire beaucoup de reproches à lancien Premier ministre israélien, mais pas celui davoir été sot. Il nest donc pas interdit daffirmer que le retrait de Gaza en août 2005 et loffensive meurtrière sur ce même territoire fin 2008, début 2009, doivent se lire comme un tout cohérent, deux événements qui appartiennent à une seule et même séquence historique. La « décolonisation » unilatérale et le déluge de feu sur Gaza ont été pensés comme les deux étapes du même projet. Lacharnement dAriel Sharon à étouffer économiquement la population de Gaza dès le lendemain du retrait israélien plaide en faveur de la thèse dune stratégie de long terme.