comme le pole nord se déplace de + en + la Sibérie...
Connu depuis 1831, le mouvement du pôle Nord magnétique n'a jamais été parfaitement régulier. Mais
depuis le milieu des années 1990, il s'est tout de même accéléré dans des proportions inédites.
De 15 km/an, le pôle se déplace depuis à une vitesse de 55 km/an.
Résultat: il a déjà parcouru autant de distance depuis l'an 2000 que pendant l'intégralité du 20e siècle. Ce qui pousse les spécialistes à adapter les modèles magnétiques intégrés dans les instruments de navigation avec un peu d'avance par rapport au calendrier prévu,
révélait le site de Nature la semaine dernière.
Le World Magnetic Model (WMM) fourni par la NOAA américaine et le British Geological Survey à l'administration américaine, à l'OTAN et à d'autres organisations internationales sera ainsi modifié dès le 30 janvier plutôt qu'en 2020.
Le pôle Nord magnétique sert en effet encore et toujours… à nous diriger sur Terre!
Si les systèmes de positionnement par satellite (GPS américain, Galileo européen, Glonass russe ou Beidou chinois) nous donnent parfaitement notre position sur Terre, à quelques mètres près, ils ne donnent pas le cap, c'est-à-dire la direction dans laquelle nous sommes orientés. Pour cela, nous dépendons toujours des bonnes vieilles boussoles et autres compas magnétiques.
Un décalage trop important
Et les instruments les plus perfectionnés intègrent un modèle magnétique global qui donne la direction et l'intensité précise du champ magnétique en tout point du globe à un instant donné. En comparant l'indication de «l'aiguille» avec cette donnée, on peut déterminer correctement la direction réelle dans laquelle on est orientée à la surface de la Terre, mais aussi jusqu'à 1000 km d'altitude environ.
L'accélération du déplacement du pôle Nord magnétique en elle-même est bien connue.
Mais elle se conjugue à un autre phénomène: des impulsions, appelées secousses géomagnétiques, qui donnent par endroits une sorte de «coup d'accélérateur» au champ magnétique. Il s'en est produit une en 2016 qui a conduit peu à peu le modèle à diverger par rapport aux mesures réalisées depuis l'espace.
«Les deux phénomènes s'additionnent d'une certaine façon, si bien que dans une zone autour du pôle Nord, cela donne lieu à des décalages trop importants entre le World Magnetic Model que nous élaborons et les observations», explique Arnaud Chulliat, géophysicien à l'université du Colorado à Boulder et à la NOAA américaine.
Décision fut donc prise l'année dernière de mettre à jour le modèle et d'en «distribuer» une nouvelle version dès le 15 janvier. Le «shutdown» qui touche actuellement tous les services publics américains, dont la NOAA, a poussé l'administration à reporter au 30 janvier cette dissémination.
Le champ magnétique terrestre connaît des variations brutales qui peuvent perturber les instruments de navigation dans certaines régions et poussent les scientifiques à mettre à jour les cartes magnétiques globales.
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mam