Quand sa relation avec l’actrice Julie Gayet avait été rendue publique, et que la question de sa compagne Valérie Trierweiler s’était posée, le président français François Hollande avait eu cette remarque pleine de sagesse : » Les affaires privées doivent se régler en privé…« . Cette parole s’applique parfaitement à Moulay Hicham. Oui, Votre Altesse, les affaires privées se règlent en privé !
Dans son livre, à paraître le 9 avril en France, « Journal d’un prince banni » (Grasset), Moulay Hicham se dit, donc, banni. Pourquoi ? Quand ? Et surtout par qui ? Est-ce officiel ? Est-ce superficiel ? Tout cela semble artificiel… J’ai lu les bonnes feuilles de cet ouvrage et, quelque part en moi, un malaise s’est installé. D’un côté, un roi qui essaie autant que faire se peut de faire du Maroc un pays qui ressemble à quelque chose, et qui peut certainement mieux faire, et de l’autre, un prince dit « rouge » qui tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge, au Maroc du moins.
Dans ses nombreuses tribunes publiées dans la presse occidentale et parfois même orientale, Moulay Hicham nous avait habitués à des analyses profondes, dérangeantes certes pour certains dirigeants arabes, mais toujours pertinentes. Pourquoi ne pas se maintenir à cette posture de l’intellectuel qui décortique, qui critique, mais sans ne jamais dépasser le seuil critique ? Cette fois, ce seuil est pulvérisé, fracassé, piétiné. Jeter ainsi au public les affaires privées d’une famille, quand on appartient à cette famille, a quelque chose d’indécent. Une sorte de voyeurisme aussi rageur que vengeur. Un tel ouvrage – s’il fallait absolument qu’il soit écrit – aurait dû rester dans les tiroirs, pour une future recherche historique qui aurait expliqué comment fonctionnait le Maroc et le Makhzen sous Hassan II, puis sous Mohammed VI. Rester comme une contribution mais non comme une référence car, quoique l’on en dise, Moulay Hicham est membre de la famille royale, avec ses bons et ses mauvais côtés et donc son opinion ne peut être que subjective et orientée.
Ecrire ce livre maintenant, le publier à un moment où la donne géopolitique change, où le Conseil de Sécurité doit examiner l’affaire du Sahara, où les relations avec la France ne sont pas au beau fixe, où l’Algérie avec son brinquebalant président s’excite, où les lignes bougent au Golfe et où l’Afrique bouge… n’est certes donc pas innocent, ce qui ôte une grosse part de crédibilité au livre, et à son auteur.
Moulay Hicham ne fait pas une analyse, il avance au bulldozer, comme son interview sur le Monde du samedi 5 avril – un numéro qui n’a d’ailleurs pas été censuré au Maroc – et titrée « un rendez-vous raté avec l’histoire ». Comment peut-on parler d’histoire quand on est plongé dans l’actualité ? L’Histoire nécessite certains éléments fondamentaux, dont le principal est le temps écoulé entre les faits et leur analyse, et elle doit être écrite par des personnes qui n’y étaient pas impliquées ni parties prenantes, le mot prenant ayant ici également un sens matériel….
Ensuite, les attaques personnelles sont tellement nombreuses dans le livre qu’elles privent Moulay Hicham, et son travail, de toute autorité scientifique. Et pourtant, au Maroc comme ailleurs, rien n’étant parfait et tout étant perfectible, une analyse argumentée et étayée aurait été d’une grande utilité pour la compréhension du fonctionnement du Maroc.
Oui donc, les affaires privées doivent se régler en privé, et les éléments constitutifs d’un travail historique ne sont pas constitués chez le prince qui se dit banni mais qui risque de se trouver honni. Dommage !
http://www.panorapost.com/les-affai...ler-en-prive-votre-altesse-par-aziz-boucetta/
Dans son livre, à paraître le 9 avril en France, « Journal d’un prince banni » (Grasset), Moulay Hicham se dit, donc, banni. Pourquoi ? Quand ? Et surtout par qui ? Est-ce officiel ? Est-ce superficiel ? Tout cela semble artificiel… J’ai lu les bonnes feuilles de cet ouvrage et, quelque part en moi, un malaise s’est installé. D’un côté, un roi qui essaie autant que faire se peut de faire du Maroc un pays qui ressemble à quelque chose, et qui peut certainement mieux faire, et de l’autre, un prince dit « rouge » qui tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge, au Maroc du moins.
Dans ses nombreuses tribunes publiées dans la presse occidentale et parfois même orientale, Moulay Hicham nous avait habitués à des analyses profondes, dérangeantes certes pour certains dirigeants arabes, mais toujours pertinentes. Pourquoi ne pas se maintenir à cette posture de l’intellectuel qui décortique, qui critique, mais sans ne jamais dépasser le seuil critique ? Cette fois, ce seuil est pulvérisé, fracassé, piétiné. Jeter ainsi au public les affaires privées d’une famille, quand on appartient à cette famille, a quelque chose d’indécent. Une sorte de voyeurisme aussi rageur que vengeur. Un tel ouvrage – s’il fallait absolument qu’il soit écrit – aurait dû rester dans les tiroirs, pour une future recherche historique qui aurait expliqué comment fonctionnait le Maroc et le Makhzen sous Hassan II, puis sous Mohammed VI. Rester comme une contribution mais non comme une référence car, quoique l’on en dise, Moulay Hicham est membre de la famille royale, avec ses bons et ses mauvais côtés et donc son opinion ne peut être que subjective et orientée.
Ecrire ce livre maintenant, le publier à un moment où la donne géopolitique change, où le Conseil de Sécurité doit examiner l’affaire du Sahara, où les relations avec la France ne sont pas au beau fixe, où l’Algérie avec son brinquebalant président s’excite, où les lignes bougent au Golfe et où l’Afrique bouge… n’est certes donc pas innocent, ce qui ôte une grosse part de crédibilité au livre, et à son auteur.
Moulay Hicham ne fait pas une analyse, il avance au bulldozer, comme son interview sur le Monde du samedi 5 avril – un numéro qui n’a d’ailleurs pas été censuré au Maroc – et titrée « un rendez-vous raté avec l’histoire ». Comment peut-on parler d’histoire quand on est plongé dans l’actualité ? L’Histoire nécessite certains éléments fondamentaux, dont le principal est le temps écoulé entre les faits et leur analyse, et elle doit être écrite par des personnes qui n’y étaient pas impliquées ni parties prenantes, le mot prenant ayant ici également un sens matériel….
Ensuite, les attaques personnelles sont tellement nombreuses dans le livre qu’elles privent Moulay Hicham, et son travail, de toute autorité scientifique. Et pourtant, au Maroc comme ailleurs, rien n’étant parfait et tout étant perfectible, une analyse argumentée et étayée aurait été d’une grande utilité pour la compréhension du fonctionnement du Maroc.
Oui donc, les affaires privées doivent se régler en privé, et les éléments constitutifs d’un travail historique ne sont pas constitués chez le prince qui se dit banni mais qui risque de se trouver honni. Dommage !
http://www.panorapost.com/les-affai...ler-en-prive-votre-altesse-par-aziz-boucetta/