Les agences de notation, comment ça marche ?

Pas un jour dans l’actualité de cette semaine où ne viennent surgir des sigles aussi cryptiques pour le profane que AAA, AA+, BB+. Ceux-ci sont aussi mal connus que puissants puisque les différentes dégradations de notation (rating) effectuées cette semaine par Standard & Poors (S&P) ont produit des effets extrêmement forts : hausse des taux d’emprunt de la Grèce à près de 10%, baisse de l’Euro, forte baisse des bourses européennes voire mondiales, crise européenne attisée par la peur d'un début de scénario de chute des dominos. En effet, des fameux PIGS (Portugal, Ireland/Italy, Greece, Spain), trois d’entre eux sont touchés par les abaissements de notes et les hausses de taux d’intérêts. Hier déjà, Angela Merkel renâclait à prêter à la Grèce, freinée en cela par une opinion publique majoritairement hostile (n’ayant pas envie que le bon élève allemand, ayant consenti des sacrifices – notamment via les lois Hartz IV – ne paye pour les mauvais élèves de la classe). Elle se retrouve désormais d’autant plus réticente qu’un défaut de la Grèce sur sa dette n’est plus exclu et que cette aide risque d’être la première sur une longue liste. Risque de faillite de la Grèce, de sortie de ce pays de l’Euro, voire d’éclatement de l’Euro et de l’Europe : tout cela a été attisé fortement cette semaine par ces fameuses agences de notation. D’où tirent-elle ce pouvoir exorbitant et sont-elles fiables ?




Qui sont ces agences de notation ?


Le marché du rating est une quasi oligopole anglo-saxonne composée des vénérables institutions privées que sont Standard & Poors, Moodys et Fitch. Ces dernières sont au service des institutions financières (banques notamment) effectuant des prêts. Elles notent la fiabilité des obligations, dettes ou produits structurés (les fameux CDO mis en cause lors de la crise des subprimes) et cela pour les entreprises ou les États. Le plus étonnant, c’est que leur source de financement provient des institutions privées désireuses d’être notées (c’est gratuit pour les États…).







http://resultat-exploitations.blogs.liberation.fr/finances/2010/04/rating.html
 
Que sont ces fameuses notes ?

Les barèmes de notes sont propres à chaque agence. Prenons le cas de Standard & Poors, le plus médiatique :

• D’abord le fameux AAA : c’est la crème de la crème, les investissements considérés comme les plus sûrs (risque quasi nul de faillite à 3 ans). L’Allemagne fait partie de ce club très fermé ainsi que la France.
• AA+, AA, AA- : du plus sûr au moins sûr, les investissements de « bonne qualité ». L’Espagne est passée hier à de AA+ à AA (même note que l’Irlande). Sa note reste solide mais la tendance est négative
•A+, A, A- : qualité moyenne. Le Portugal a été abaissé cette semaine à A-. L’Italie est A+
•BBB+, BBB, BBB- : qualité moyenne inférieure
• BB+, BB, BB- : investissement considéré comme spéculatif (et donc risqué). On parle aussi de junk bonds (obligations pourries). Le risque de faillite estimé est de 23% à 3 ans. La Grèce est en BB+ en court-terme et BB en long-terme
• B+, B, B- : hautement spéculatif
• CCC+, CCC, CCC- : Mauvaise condition, au bord de la faillite
• D : défaut de paiement

Notons que les agences peuvent ajouter le qualificatif "sous surveillance négative", indiquant que l'organisme noté risque de se voir dégradé sous peu.


Que leur reproche-t-on ?



«Il ne faut pas trop croire ce que disent [les agences de notation].»


La phrase est de Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, à propos de la vague de dégradations de notes.


Comme les agences sont payées par ceux qu’elle note, le soupçon est toujours présent quant à la surnotation de certains organismes qui pourraient se montrer généreux. Surtout, on leur reproche de ne pas avoir vu venir toutes les différentes crises récentes : crise des subprimes où les agences donnaient de très bonnes notes à certains actifs quelques semaines seulement avant qu’on les qualifie de toxiques, éclatement de la bulle Internet, effondrement bancaire islandais, …

En fait, l’examen ex-post des ratings effectués montre que les agences surnotent souvent les organismes quand le climat est bon (par exemple, formation de la bulle Internet) et se mettent à massacrer les valeurs quant le climat est mauvais. Bref, elles chantent avec les sirènes et hurlent avec les loups. On peut légitiment se demander quelle est la valeur ajoutée pour un marché qui se targue d’ « acheter la rumeur et vendre la nouvelle » et donc érige en dogme les vertus de l’anticipation.

Plus grave, et on le voit dans la crise européenne actuelle, le fait que les agences sur-réagissent aux mauvaises nouvelles pour rattraper ce qu’elles auraient dû voir avant plombe un marché qui a déjà eu vent des mauvaises nouvelles. Ainsi, l’effet paradoxal est que tout prêteur peut se faire une assez bonne idée de la situation de la Grèce à partir même des mauvaises nouvelles que donne le Premier ministre (déficit à 14% du PIB, probable révision à la hausse de ce déficit et à la baisse de la croissance du PIB) et malgré cela, chaque fois qu’une dégradation de notation intervient, aussi redondante soit-elle avec l’information existante, elle provoque de nouvelles paniques. Les dégradations de notations renforcent ainsi l’aspect grégaire des marchés. Elles entretiennent aussi une spirale mortelle puisque chaque dégradation fait monter les taux d’emprunt, renforce la mauvaise situation de la Grèce, justifiant une nouvelle dégradation. On peut parler aussi de prophétie auto-réalisatrice.
 
Quelles solutions ?

Soupçons de biais de notation, valeur ajoutée plus que discutable, rôle de pyromane dans les crises internationales, n’en jetez plus ! Un consensus se forme peu à peu, au moins dans le monde politique (mais aussi économique), pour admettre que le rôle des agences de notation tel qu’il est exercé actuellement est néfaste. Mais par quoi le remplacer?

Première idée : les nationaliser. Ainsi, Nicolas Sarkozy mais aussi Jean-Claude Juncker se sont ralliés à l’idée d’une agence de notation européenne. Cette idée me paraît illusoire. Tout d'abord, la légitimité d'une agence de notation auprès des prêteurs ne se décrète pas. Ensuite, il paraît évident que cette agence aurait un biais envers les entreprises de l'Union Européenne. De plus, qui pourrait croire que la note qu'elle attribuerait à la Grèce serait donnée en toute indépendance?

Supprimer les agences de notation? Illusoire. Le plus envisageable serait la création d'une agence de notation internationale sous l'égide du FMI ou de la Banque Mondiale, mais sa mise en place rencontrerait de nombreux obstacles politiques. Achevons ce constat d'impuissance par le fait que les monoline(r)s peuvent contourner les ratings des agences de notation : ces organismes empruntent à taux bas grâce à leur bon rating et reprêtent à d'autres (à la note dégradée) en prenant au passage une prime de risque (le fait que le taux final pour l'emprunteur est plus bas que celui des marchés est un bon indice de la sur-réaction des agences et des marchés). Mais c'est aussi ce que fait par exemple la France en empruntant sous le "parapluie" de son AAA au profit de la Grèce : la France va emprunter à 1.4%, reprêter à la Grèce à 5%, sous les conditions de marchés (10% environ).

Bref, si beaucoup s'accordent à dire que les agences de notation sont un maillon faible de la finance mondiale, mettre en œuvre une solution de remplacement est une tâche des plus ardues.

http://resultat-exploitations.blogs.liberation.fr/finances/2010/04/rating.html
 
l'agence de notation créee par les chinois a dégradé les us et la france pour ton info : )

ou dit autrement : too big to fail

On voit la différence, j'imagine que les autres agences étaient les toutous des usa :langue:

C'est quand même étrange puisque la chine détient les dettes usa, ça veut dire qu'elle s'attaque à elle même ? :oh:
 
On voit la différence, j'imagine que les autres agences étaient les toutous des usa :lan gue:

C'est quand même étrange puisque la chine détient les dettes usa, ça veut dire qu'elle s'attaque à elle même ? :o h:
les 3 principales agences sont américaines ou anglaises
demande toi pkoi elles s'excitent sur la Grèce et pas la Californie par exemple ..
concernant la Chine, je passe le relais à Jelis :)
C'est une couverture contre le defaut d'une dette !
mandaline, tu fais koi dans la vie ? :D
 
les 3 principales agences sont américaines ou anglaises
demande toi pkoi elles s'excitent sur la Grèce et pas la Californie par exemple ..
concernant la Chine, je passe le relais à Jelis :)

mandaline, tu fais koi dans la vie ? :D

Et pourtant dieu sait que les municipal bonds de Californie ne servent plus que de papier toilettes dans les restau de rodeo drive .

IB et toi
 
Waaah, trop commplexe :D

Ca empêche la "faillite" d'un état ? Il ne suffit pas d'acheter les bons du trèsor ?
dis toi simplement que c'est une assurance contre le risque de crédit de la contrepartie en question (les us dans le cas présent)
Et pourtant dieu sait que les municipal bonds de Californie ne servent plus que de papier toilettes dans les restau de rodeo drive .

IB et toi
IB pour investment banker ?
 
Waaah, trop commplexe :D

Ca empêche la "faillite" d'un état ? Il ne suffit pas d'acheter les bons du trèsor ?

Ca n'empeche rien du tout en gros :

tu me pretes 100 euros à 10%

un organisme me donne un AAA pour ma faculte à te rembourser

mais tu veux quand meme te proteger , tu achetes un cds , c'est un contrat entre toi et une banque , on va dire Goldman sachs qui dit que tu paiera 12 euros de prime à la banque en echange de la garanti que tes 110 euros te reviendront ( 100 euros + interets )

scenario 1

je suis solvable , tu recuperes ton argent = Interet , tu perds 12 euros dans l'affaire

je ne suis pas solvable et tu n'as pris de CDS , hezek lma

je suis pas solvable et tu as conclu avec GS , tu te fais rembourser

la prime de 12 euros evolue en fonction de la sovalibilté , si demain je suis C , pour te proteger il faudrai peut etre paye 60 euros de prime !!
 
Ca n'empeche rien du tout en gros :

tu me pretes 100 euros à 10%

un organisme me donne un AAA pour ma faculte à te rembourser

mais tu veux quand meme te proteger , tu achetes un cds , c'est un contrat entre toi et une banque , on va dire Goldman sachs qui dit que tu paiera 12 euros de prime à la banque en echange de la garanti que tes 110 euros te reviendront ( 100 euros + interets )

scenario 1

je suis solvable , tu recuperes ton argent = Interet , tu perds 12 euros dans l'affaire

je ne suis pas solvable et tu n'as pris de CDS , hezek lma

je suis pas solvable et tu as conclu avec GS , tu te fais rembourser

la prime de 12 euros evolue en fonction de la sovalibilté , si demain je suis C , pour te proteger il faudrai peut etre paye 60 euros de prime !!

C'est plus clair, merci

En Grèce, ils ont du en utiliser à volonté pour se protéger :D
 
C'est plus clair, merci

En Grèce, ils ont du en utiliser à volonté pour se protéger :D

Non goldman sachs a ete plus malin

elle vendait des oblig d'etat grec en masse, ce qui fait monter le taux d'interet et donc massacrait la solvabilite de la grece vu qu'elle etait oblige de payer des interets monstrueux
et de l'autre cote achete des CDS en masse aussi :D
 
Je trouve que c'est un systeme vrmt merdique et loin d etre transparent alors qu'à l'origine le but etait de tendre vers plus de transparence

Mais pourquoi vouloir degrader la notation sur la Grece alors que concernant les subprimes il n'y a rien eu ?

C'est trop vicieux leur systeme de se faire remunerer par celui qui va etre noté, pourquoi ne pas etre remuneré par l'investisseur ?

A mes yeux pour les subprimes c'est trop flagrant à se faire remunerer par ce qu'ils etaient en train de noter ils ont completement fermer les yeux

Et la pour la Grece ils voudraient rattraper le coche pour se refaire une bonne reputation quitte à amener encore plus au fond du gouffre un pays

C'est juste du business tout ca, y'a aucune volonté de fournir un veritable service d'information

Bon tout ca n'engage que moi apres tout
 
Non goldman sachs a ete plus malin

elle vendait des oblig d'etat grec en masse, ce qui fait monter le taux d'interet et donc massacrait la solvabilite de la grece vu qu'elle etait oblige de payer des interets monstrueux
et de l'autre cote achete des CDS en masse aussi :D

Pas bète !!!!!!! Il ruine l'état et achète les cds pour récupérer l'argent !! Mécanisme de folie :eek:
 
Première idée : les nationaliser.

Elles perderont instantanement leur credibilite dans ce cas la.

Le probleme est que ces agences de notation font en effet (plus ou moins) un bon boulot, et les pays qui obtiennent de mauvaises notes en raison de leur manque de discipline fiscale ne les apprecient bien sur pas.

Ceux qui critiquent ces agences de notation sont comme un eleve qui a obtenu une mauvaise note et qui dit que c'est la faute du prof. Alors que c'est la faute de l'eleve qui n'a pas suffisament fait ses devoirs a la maison.
 
Elles perderont instantanement leur credibilite dans ce cas la.

Le probleme est que ces agences de notation font en effet (plus ou moins) un bon boulot, et les pays qui obtiennent de mauvaises notes en raison de leur manque de discipline fiscale ne les apprecient bien sur pas.

Ceux qui critiquent ces agences de notation sont comme un eleve qui a obtenu une mauvaise note et qui dit que c'est la faute du prof. Alors que c'est la faute de l'eleve qui n'a pas suffisament fait ses devoirs a la maison.


Guten Abend,

Le simple fait que les agences de notation à vocation transnationale aient été depuis leur création exclusivement le monopole des USA pose de toutes façons un problème de péréquation dans un monde de facto devenu multipolaire.

L'adaptabilité des institutions internationales est un enjeu crucial pour une économie globale exsangue et sur un terrain géopolitique déjà instable. Des réformes audacieuses et coordonnées auraient dû être décidées dès le sommet de Londres, la redéfinition de la donne en matière de notation (si notation il doit y avoir) aurait dû s'imposer à ce moment là comme une nécessité pour anticiper l'inflation de nouvelles bulles spéculatives, au lieu de chercher à repousser (vainement) l'ouverture d'une ère politique et économique post hégémonique en feignant de s'attaquer aux paradis fiscaux.

Des mesures vont être prises, c'est une certitude, notamment sous l'impulsion de l'UE, mais l'économie est aussi et surtout une question de time-in, et à ce titre la situation actuelle relève plus du contretemps historique (notez l'attitude politicienne de nos élites dans ce contexte) que de la dynamique de sortie de crise. Pour le commun des mortels, notre génération en l'occurence, il est déjà trop tard, la majeur partie de notre existence se déroulera sur fond de tensions, d'austérité et de précarité.

Mais après tout comme dirait l'autre la vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? -_-'
 
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