Y aller ou pas : les appels au boycott de la Coupe du Monde au Qatar se multiplient
La question s'était déjà timidement posée en 2021, elle revient plus brûlante à quelques semaines du début du Mondial de football, organisé par le Qatar : faut-il boycotter l'événement, accusé d'être un désastre humain et écologique ?
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C'est une décision qui pourrait bien susciter quelques discussions houleuses dans les rédactions d'autres médias français : le Quotidien de la Réunion vient de prendre la décision radicale de ne pas couvrir du tout la Coupe du Monde organisée au Qatar du 28 novembre au 18 décembre. "Le service des sports du quotidien a proposé de prendre une position forte qui est en lien avec nos valeurs", explique son directeur Vincent Vibert à nos confrères de franceinfo. "La décision s'est prise en même pas cinq minutes. On s'est dit : on boycotte totalement l'événement. Même si la France est championne du monde, nous ne relaierons pas l'exploit sportif."
Ce n'est certes pas le service des sports de Canal+, du Monde ou de Radio France, mais la décision est tout de même très symbolique : des journalistes qui refusent non seulement de faire le déplacement, mais aussi de couvrir une Coupe du Monde de football, dans un pays où ce sport est roi.
En cause, l'absurdité écologique que représente cette compétition, dans une période où le sujet est plus urgent que jamais (pour rappel, les matches se déroulent dans un pays au climat désertique, dans huit stades climatisés), mais aussi les ouvriers immigrés morts sur les chantiers de l'événement.
L'Organisation internationale du Travail estime que 50 travailleurs sont morts dans des accidents du travail au Qatar en 2020, 500 autres gravement blessés. L'OIT signale toutefois des lacunes dans le système d'enquête et de recensement de ces décès, qui seraient en réalité bien plus nombreux.
Selon un autre décompte, réalisé par le journal The Guardian en 2021, ils seraient en fait 6.500 à avoir péri depuis le début des travaux, soit dans des accidents du travail, soit le plus souvent "de mort naturelle" ("arrêt cardiaque" ou "respiratoire" soudain) liée indirectement à leur travail sur place. Le Qatar ne reconnait que 37 décès liés à ces travaux, dont 34 "non liés à leur emploi". En 2021, la présidente d'Amnesty International France dénonçait déjà un Mondial constitué "d'un petit peu de sport, énormément d'argent, et des violations massives des droits humains"
Des footballeurs et des artistes taclent le Mondial
La décision du Quotidien de la Réunion arrive aussi dans un contexte bien particulier, où de nouvelles voix commencent à s'élever pour dénoncer et appeler au boycott de ce Mondial attribué au Qatar en 2010. L'année dernière, la Norvège avait hésité (avant de changer d'avis) à retirer son équipe nationale de la compétition. Ses joueurs avaient d'ailleurs quelques mois plus tôt arboré des t-shirts réclamant "des droits de l'Homme sur et en-dehors du terrain".Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
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Sur les réseaux sociaux, où le hashtag #BoycottQatar2022 revient de plus en plus régulièrement, un message attribué à l'ancienne star du foot français (et britannique) Éric Cantona évoque également un boycott. Message qui reprend notamment des extraits d'une interview du "King" en janvier dernier, où il évoquait "une Coupe du monde qui n'en est pas une". "Le Qatar, ce n’est pas le pays du football", tranchait-il alors dans le Daily Mail. "Il n’y a rien. Ce n’est qu’une question d’argent et la façon dont ils ont traité les gens qui ont construit les stades est horrible. Des milliers de personnes sont mortes. Et pourtant, nous allons fêter cette Coupe du monde."