Les bijoux volés rendus aux voleurs

Des bijoux volés que la justice rend aux voleurs. L’histoire ne manque pas de sel. En début de semaine, on annonce à deux couples de Sarthois qu’ils ne récupéreront pas leurs bagues de fiançailles : les enquêteurs expliquent qu’ils ont été obligés par la justice de les remettre aux cambrioleurs de leurs maisons.


Cette affaire au parfum d’absurde débute le 7 septembre dans le cabinet d’une vice-procureure de Rennes. Les gendarmes de Vern-sur-Seiche (35) interpellent deux jeunes filles de 14 et 15 ans originaires de Serbie.


Des bijoux dans les soutien-gorges


Dans les soutien-gorges, ils retrouvent des bijoux provenant du cambriolage de maisons à Bourgbarré (35). Dans la foulée, les enquêteurs de la Brigade de Recherche de Rennes récupèrent quatre autres complices présumés des mineurs qui sont interpellés à Laval. Dans le camping-car de la petite bande immatriculé en Italie, les gendarmes mettent la main sur un lot de bijoux. Et sur de l’argent en liquide.

Bingo, les découvertes fleurent bon le cambriolage en bande organisée ! La vice-procureure ne l’entend visiblement pas de cette oreille. Elle refuse d’ouvrir une information judiciaire et de confier le dossier à un juge d’instruction. Et pourtant…


Une quarantaine de cambriolages


Cela fait plus d’un mois que les gendarmes bossent sur ce groupe. Grâce à l’étude des portables, ils constatent que leurs téléphones se déclenchent dans des villes où se produisent des cambriolages aux cours desquels disparaissent toujours des bijoux.

Calvados, Loire-Atlantique, Sarthe, Maine-et-Loire, Ille-et-Vilaine, Mayenne, mais aussi Marne, Haute-Marne, Indre-et-Loire, Seine-Saint-Denis, Nord, Somme… : la petite bande sillonnerait la France. Les gendarmes pensent pouvoir les épingler pour une quarantaine de cambriolages.


Les bijoux rendus aux voleurs


Malgré ces indices solides, la vice-procureur se contente de renvoyer l’un des Serbes interpellé à Laval devant le tribunal pour détention de faux papiers. Jugé, vendredi dernier en comparution immédiate, l’homme écope de 4 mois de prison avec sursis. Il ressort libre et puisqu’il n’est pas poursuivi pour vol ou recel, les enquêteurs se voient obligés par la magistrate de lui remettre les bijoux et l’argent saisis dans le camping-car.

Quant aux deux jeunes filles, elles sont envoyées dans un foyer pour mineurs dont elles fuguent immédiatement.


La magistrate se défend


Entre-temps, les gendarmes ont fait des clichés des bijoux découverts dans le camping-car. Les photos ont été envoyées dans plusieurs départements où la bande aurait sévi. C’est là que des victimes reconnaissent leurs bijoux.

Contactée mardi après-midi, la vice-procureure a indiqué que « la procédure est toujours en cours » et assuré : « Ce n’est pas moi qui a organisé la restitution des bijoux. » Ce qu’une source proche de l’enquête confirme pourtant.


Igor BONNET.
 
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