dimanche 24 mai 2009 - 17h:21
Dominique Mois
Il est probable quune majorité dIsraéliens serait favorable à une frappe préventive contre lIran et se satisferait dun maintien du statu quo des relations avec les Palestiniens.
« Il est raisonnable de croire aux miracles », a dit une fois David Ben Gourion, le premier Premier ministre de lÉtat hébreu. Aujourdhui, les Israéliens non seulement ne croient pas aux miracles, mais sont également plus que jamais auparavant obsédés par des cauchemars, dont le pire est léventualité dun Iran doté de larme nucléaire. Empêcher un régime pénétré dune idéologie absolutiste dacquérir larme absolue est la toute première priorité dIsraël. Tout doit être fait, même une frappe militaire unilatérale, pour empêcher ou au moins retarder le moment où lIran sera capable de développer une telle arme. Cette conviction de lÉtat hébreu à propos dune situation quil estime être une question existentielle contraste nettement avec le fatalisme qui prédomine par ailleurs dans la manière dont les Israéliens se voient et la manière dont ils envisagent leurs relations avec les Palestiniens.
Comment ce fatalisme se manifeste-t-il, doù vient-il et que faire pour le transcender ? Ces questions sont importantes parce que le « fatalisme » est devenu un obstacle majeur pour quiconque souhaite sérieusement établir la paix dans la région. Et parce que ce fatalisme est une carte maîtresse dans les mains de quelquun comme le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui tient à préserver le statu quo. Il est probable quune majorité dIsraéliens serait favorable à une frappe préventive contre lIran et se satisferait dun maintien du statu quo des relations avec les Palestiniens.
Après les élections législatives de février en Israël, qui ont porté au pouvoir un gouvernement de coalition comprenant le politicien dextrême droite Avigdor Lieberman, aujourdhui ministre des Affaires étrangères, un ami israélien dont les sympathies sont toujours allées à la gauche ma dit sur un ton bizarre et résigné : « Cest lamentable, mais ça ne change rien ; de toute façon, nous navons pas dinterlocuteur. » Il ma donné à peu près la même réponse quand jai parlé du fait quIsraël devrait changer son système électoral basé sur une représentation proportionnelle, qui se traduit au mieux par des majorités faibles et au pire par une quasi-paralysie gouvernementale : « Peu importe si le système ne fonctionne pas ; le réformer ne ferait aucune différence ! »
Le même fatalisme imprègne les perspectives de paix avec les Palestiniens, et avec le monde arabe et musulman en général. Cest comme si, paradoxalement, Israël avait fait sien le concept de « trêve temporaire » défendue par ses adversaires du Hamas et renoncé à lobjectif dune paix basée sur la solution de deux États quil négociait auparavant avec lAutorité palestinienne.
Pour une majorité dIsraéliens aujourdhui, le présent et lavenir prévisible nont pas trait au processus de paix, mais à la gestion de conflits, grâce au maintien dune force de dissuasion crédible - une évaluation réaliste et dure du fait que, même si le temps ne joue pas nécessairement en faveur Israël, il ny a pas dalternative. Les Israéliens ne veulent pas se bercer dillusions comme dans les années 1990 avec le processus de paix dOslo.
Le même fatalisme sapplique aux relations avec le reste du monde. Une majorité dIsraéliens est plus convaincue aujourdhui quhier quelle ne peut compter que sur elle-même et, de manière marginale, sur la diaspora juive. Ce point de vue tend à encourager non seulement une tendance à lisolement, mais aussi à soulever de graves questions quant à lavenir. Tout compte fait, il ny a que 13,2 millions de juifs dans le monde, contre près de 1,3 milliard de musulmans.
Israël a besoin dalliés parce que, en fin de compte, sa sécurité dépend presque autant de sa légitimité que de sa force de dissuasion. Si chaque succès militaire relatif est accompagné dun désastre politique absolu, comme cela a été le cas lors des récentes opérations militaires à Gaza, quel est le rapport coûts-bénéfices ?
Ces profondes émotions israéliennes sont le résultat de la rencontre entre le poids du passé et la « facilité » du présent. Lon peut dire, sans crainte dexagérer, que le poids de lHolocauste pèse plus fortement aujourdhui quil y a quelques décennies.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6663
Dominique Mois
Il est probable quune majorité dIsraéliens serait favorable à une frappe préventive contre lIran et se satisferait dun maintien du statu quo des relations avec les Palestiniens.
« Il est raisonnable de croire aux miracles », a dit une fois David Ben Gourion, le premier Premier ministre de lÉtat hébreu. Aujourdhui, les Israéliens non seulement ne croient pas aux miracles, mais sont également plus que jamais auparavant obsédés par des cauchemars, dont le pire est léventualité dun Iran doté de larme nucléaire. Empêcher un régime pénétré dune idéologie absolutiste dacquérir larme absolue est la toute première priorité dIsraël. Tout doit être fait, même une frappe militaire unilatérale, pour empêcher ou au moins retarder le moment où lIran sera capable de développer une telle arme. Cette conviction de lÉtat hébreu à propos dune situation quil estime être une question existentielle contraste nettement avec le fatalisme qui prédomine par ailleurs dans la manière dont les Israéliens se voient et la manière dont ils envisagent leurs relations avec les Palestiniens.
Comment ce fatalisme se manifeste-t-il, doù vient-il et que faire pour le transcender ? Ces questions sont importantes parce que le « fatalisme » est devenu un obstacle majeur pour quiconque souhaite sérieusement établir la paix dans la région. Et parce que ce fatalisme est une carte maîtresse dans les mains de quelquun comme le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui tient à préserver le statu quo. Il est probable quune majorité dIsraéliens serait favorable à une frappe préventive contre lIran et se satisferait dun maintien du statu quo des relations avec les Palestiniens.
Après les élections législatives de février en Israël, qui ont porté au pouvoir un gouvernement de coalition comprenant le politicien dextrême droite Avigdor Lieberman, aujourdhui ministre des Affaires étrangères, un ami israélien dont les sympathies sont toujours allées à la gauche ma dit sur un ton bizarre et résigné : « Cest lamentable, mais ça ne change rien ; de toute façon, nous navons pas dinterlocuteur. » Il ma donné à peu près la même réponse quand jai parlé du fait quIsraël devrait changer son système électoral basé sur une représentation proportionnelle, qui se traduit au mieux par des majorités faibles et au pire par une quasi-paralysie gouvernementale : « Peu importe si le système ne fonctionne pas ; le réformer ne ferait aucune différence ! »
Le même fatalisme imprègne les perspectives de paix avec les Palestiniens, et avec le monde arabe et musulman en général. Cest comme si, paradoxalement, Israël avait fait sien le concept de « trêve temporaire » défendue par ses adversaires du Hamas et renoncé à lobjectif dune paix basée sur la solution de deux États quil négociait auparavant avec lAutorité palestinienne.
Pour une majorité dIsraéliens aujourdhui, le présent et lavenir prévisible nont pas trait au processus de paix, mais à la gestion de conflits, grâce au maintien dune force de dissuasion crédible - une évaluation réaliste et dure du fait que, même si le temps ne joue pas nécessairement en faveur Israël, il ny a pas dalternative. Les Israéliens ne veulent pas se bercer dillusions comme dans les années 1990 avec le processus de paix dOslo.
Le même fatalisme sapplique aux relations avec le reste du monde. Une majorité dIsraéliens est plus convaincue aujourdhui quhier quelle ne peut compter que sur elle-même et, de manière marginale, sur la diaspora juive. Ce point de vue tend à encourager non seulement une tendance à lisolement, mais aussi à soulever de graves questions quant à lavenir. Tout compte fait, il ny a que 13,2 millions de juifs dans le monde, contre près de 1,3 milliard de musulmans.
Israël a besoin dalliés parce que, en fin de compte, sa sécurité dépend presque autant de sa légitimité que de sa force de dissuasion. Si chaque succès militaire relatif est accompagné dun désastre politique absolu, comme cela a été le cas lors des récentes opérations militaires à Gaza, quel est le rapport coûts-bénéfices ?
Ces profondes émotions israéliennes sont le résultat de la rencontre entre le poids du passé et la « facilité » du présent. Lon peut dire, sans crainte dexagérer, que le poids de lHolocauste pèse plus fortement aujourdhui quil y a quelques décennies.
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6663