Les clartés d'Antoine Sfeir

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Comment peut-on expliquer la méfiance globale des Français concernant l'islamisme politique ?

Cette méfiance est fondée sur un amalgame terrible selon lequel, pour les Français, tous les Arabes sont des musulmans et tous les musulmans sont des Arabes. Quand je suis arrivé en France [il est né à Beyrouth, au Liban], lorsqu'on me demandait "Comment ça va ?", je répondais : "Bien, grâce à Dieu." Non pas que je sois musulman, mais c'était naturel pour moi de répondre ça, c'était la coutume de le dire chez moi. Et quand j'annonçais à certains que j'étais maronite [la plus importante communauté chrétienne du Liban], on me disait : "Mais c'est une secte !" Ce qui signifie que le réel problème, c'est l'inconnu, le fait qu'en France, on ne connaisse pas du tout la culture arabe, ni le culte musulman. Il y a une véritable rupture dans la transmission du savoir. Et pourtant, nous sommes obligés, pour nous comprendre, d'apprendre à nous connaître.

Et les journalistes ont une part de responsabilité...

Bien sûr ! Cela confirme à quel point on n'exerce pas cette profession de façon assez exigeante. Le pire, c'est que nous ne donnons pas l'impression de nous intéresser en profondeur aux problématiques de l'islam et du Moyen-Orient. Sur un sujet comme l'islam politique, tout le monde préfère avoir un islamiste barbu, à la limite de la caricature, plutôt qu'un musulman laïque, républicain et intégré, qui représente 90 % de la population musulmane en France.

Justement, quelle lecture des récents événements au Maghreb peut-on faire ? En Tunisie, le parti islamiste Ennahda, fondé en 1981, est arrivé en tête des suffrages.


En Tunisie, le problème fondamental n'est pas l'islamisme, mais le fait qu'il y ait très peu de choses à exporter. Une situation délicate, alors que les Tunisiens, dans leur grande majorité, ont un niveau certain de compétences, acquis grâce aux études supérieures. D'un point de vue politique, la victoire d'Ennahda est à relativiser : le parti n'a pas la majorité et doit composer avec de nombreux petits partis. Je suis convaincu que si le processus démocratique continue, le score du parti tombera l'an prochain, durant les législatives. La population sera plus critique à son égard, il n'y aura plus le sentiment d'euphorie et, surtout, Ennahda aura dû assumer le pouvoir, ce qui, dans ce genre de circonstances, est plus que délicat.

http://www.lepoint.fr/debats/les-clartes-d-antoine-sfeir-14-12-2011-1407380_34.php
 
Les médias français mettent en avant certains pseudos spécialistes du monde arabes pour confirmer leurs thèses contre l'Islam. Le phénomène de la montée des partis islamistes dérange. Il faudrait bien avancer des thèses affirmant leur probable chute.
 
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