mardi 11 novembre 2008 - 07h:22
Peter Symonds - World Socialist
Alors que presque rien na été dit à ce sujet pendant la campagne électorale, de hauts conseillers des camps Obama et McCain ont discuté de lescalade rapide de la pression diplomatique et de sanctions punitives contre lIran, soutenues par des préparatifs pour des frappes militaires.
Larticle intitulé New Beltway debate : what to do about Iran notait avec une certaine inquiétude : « cest une idée effrayante, mais ce nest pas seulement ladministration Bush à la gâchette facile qui discute - ne serait-ce que théoriquement - de la possibilité dune action militaire pour arrêter le programme darmes nucléaires de lIran...Des gens raisonnables des deux partis sont en train détudier la prétendue option militaire, ainsi que de nouvelles initiatives diplomatiques ».
Derrière le dos des électeurs américains, des conseillers du président élu, Barack Obama, ont préparé la scène pour une escalade importante de la confrontation avec lIran dès que la nouvelle administration prendra ses fonctions. Un rapport publié en septembre par le Bipartisan Policy Center, une « fabrique didées » bipartite basée à Washington, a fait valoir quun Iran disposant de larme nucléaire était « stratégiquement intenable » et détaillait une approche robuste « incorporant de nouveaux instruments diplomatiques, économiques et militaires dune manière intégrée ».
Un des principaux membres du groupe de travail de ce centre a été le haut conseiller dObama concernant le Moyen-Orient, Dennis Ross qui est connu pour ses points de vue belliqueux. Il a soutenu linvasion américaine de lIrak et il est étroitement lié à des néo-conservateurs comme Paul Wolfowitz. Ross a travaillé sous Wolfowitz dans les administrations de Carter et de Reagan avant de devenir lenvoyé en chef au Moyen-Orient sous les présidents Bush père et Clinton. Après avoir quitté le département dEtat en 2000, il a rejoint un groupe de réflexion de droite pro-Israël (le Washington Institute for Near East Policy/Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient) ) et il a été engagé comme analyste en matière de politique étrangère par la chaine de télévision Fox News.
Le rapport du Bipartisan Policy Centre insistait sur le fait quil y ny avait pas de temps à perdre et déclare : « Les progrès réalisés par Téhéran signifient que la prochaine administration pourrait bien avoir peu de temps et moins doptions pour faire face à cette menace. » Il rejetait sans autre forme de procès à la fois les affirmations de Téhéran selon lesquelles son programme nucléaire était destiné à des fins pacifiques et lEstimation nationale des services de renseignements américains de 2007 qui révélait que lIran avait mis fin à tout programme nucléaire militaire en 2003.
Ce rapport critiquait léchec de ladministration Bush à arrêter les programmes nucléaires iraniens, mais sa stratégie est essentiellement la même - des incitations limitées par des sanctions économiques plus sévères et par la menace dune guerre. Son plan pour consolider le soutien international est également fondé sur laction militaire préventive contre lIran. La Russie, la Chine et les puissances européennes doivent toutes être averties que leur échec à mettre en uvre des sanctions sévères, y compris un blocus provocateur sur les exportations de pétrole de lIran ne feront quaccroître la probabilité de la guerre.
Pour souligner ces avertissements, le rapport proposait que les Etats-Unis auraient besoin de renforcer immédiatement leur présence militaire dans le Golfe persique. « Cela devrait commencer le premier jour où le nouveau président entre en fonction, dautant que la République islamique et ses acolytes, pourraient vouloir tester le nouveau gouvernement. Cela impliquerait un pré-positionnement de forces américaines et alliées, le déploiement de groupes de combats supplémentaires de porte-avions et de dragueurs de mines [et] la mise en place dautre matériel de guerre dans cette région » déclarait-il.
Dans un langage qui rappelle fortement celui de Bush lorsquil insiste sur le fait que « toutes les options restent sur la table », le rapport déclarait encore : « Nous croyons quune attaque militaire est une option réalisable et doit rester un dernier recours pour retarder le programme nucléaire iranien ». Une telle frappe militaire « aurait pour objectif non seulement linfrastructure nucléaire de lIran, mais également son infrastructure militaire conventionnelle dans le but de supprimer une riposte iranienne. »
De manière significative, le rapport a été rédigé par Michael Rubin, du néo-conservateur American Entreprise Institute, qui a été fortement impliqué dans la promotion de linvasion de lIrak en 2003. Un certain nombre de hauts conseillers démocrates a « approuvé à lunanimité » ce document, y compris Dennis Ross, lancien sénateur Charles Robb qui a coprésidé le groupe de travail, et Ashton Carter qui a servi en tant que secrétaire adjoint à la Défense sous Clinton.
Carter et Ross ont aussi participé à la rédaction dun rapport publié en septembre pour le Center for a New American Security (Centre bipartite pour une nouvelle sécurité de lAmérique). Ce rapport concluait que laction militaire contre lIran devait constituer « un élément dans toute véritable option ». Tandis que Ross y examinait les options diplomatiques en détail, Carter y définissait les « éléments militaires » qui devaient les sous-tendre, y compris une analyse des coûts et bénéfices dun bombardement aérien de lIran.
Dautres hauts conseillers dObama au niveau de la politique étrangère et de la défense ont été étroitement associés à ces discussions. Une déclaration intitulée Renforcer le partenariat : comment approfondir la coopération entre les Etats-Unis et Israël concernant le défi nucléaire iranien, rédigée en juin par un groupe de travail de lInstitut de Washington pour la politique au Proche-Orient, recommandait que la prochaine administration mène des discussions avec Israël sur « lensemble des options politiques », y compris « laction militaire préventive ». Ross était un co-animateur du groupe de travail et les hauts conseillers dObama Antony Lake, Susan Rice et Richard Clarke ont tous mis leur nom sur le document.
Ainsi que le New York Times le notait lundi, le conseiller dObama en ce qui concerne la défense, Richard Dantzig, un ancien secrétaire à la Marine sous Clinton assistait à une conférence sur le Moyen-Orient rassemblée en septembre par le même groupe de réflection pro-Israël. Il dit à lassistance que son candidat croyait quune attaque militaire de lIran était un choix « terrible », mais quil « se pourrait que dans un monde terrible nous allons devoir nous faire à ce genre de choix terrible ». Richard Clarke, qui était lui aussi présent, déclara quObama estimait quil fallait « enrayer linfluence grandissante de Téhéran et que lacquisition darmes nucléaires par Téhéran était inacceptable ». Tandis que « sa tendance première était de ne pas appuyer sur la gâchette » dit Clarke, « si les circonstances demandaient lusage des armes, Obama nhésiterait pas. »
Si larticle du New York Times était formulé avec discrétion et nexaminait pas les rapports de façon trop en détail, la journaliste, Carol Giacomo, était de toute évidence inquiète des parallèles avec linvasion américaine de lIrak. Après avoir fait remarquer que « le public américain était dans une large mesure inconscient de ce débat », elle déclarait : « Ce qui me rend nerveuse, cest ce qui sest passé dans la période qui a précédé la guerre en Irak. »
Giacomo poursuivit : « Les responsables de ladministration Bush ont mené la discussion, mais les initiés étaient complices. La question fut posée et on y a répondu dans les cercles politiques avant que la majorité des Américains ne sachent ce qui arrivait...En tant que correspondant diplomatique pour Reuters à lépoque, jéprouve une certaine responsabilité pour ne pas avoir fait plus pour assurer que la décision désastreuse denvahir lIrak nait été contrôlée avec davantage de scepticisme ».
Lémergence dun consensus sur lIran dans les cercles de la politique étrangère américaine souligne, une fois de plus, le fait que les différences entre Obama et McCain étaient de nature purement tactique. Tandis que des millions dAméricains ont voté pour le candidat démocrate croyant quil allait mettre fin à la guerre en Irak et répondrait à leurs besoins économiques urgents, des sections puissantes de lélite américaine se sont mises derrière lui, le considérant comme un meilleur véhicule pour poursuivre les intérêts économiques et stratégiques au Moyen-Orient et en Asie Centrale - y compris avec lusage de la force militaire contre lIran.
10 novembre 2008 - World Socialist
Peter Symonds - World Socialist
Alors que presque rien na été dit à ce sujet pendant la campagne électorale, de hauts conseillers des camps Obama et McCain ont discuté de lescalade rapide de la pression diplomatique et de sanctions punitives contre lIran, soutenues par des préparatifs pour des frappes militaires.
Larticle intitulé New Beltway debate : what to do about Iran notait avec une certaine inquiétude : « cest une idée effrayante, mais ce nest pas seulement ladministration Bush à la gâchette facile qui discute - ne serait-ce que théoriquement - de la possibilité dune action militaire pour arrêter le programme darmes nucléaires de lIran...Des gens raisonnables des deux partis sont en train détudier la prétendue option militaire, ainsi que de nouvelles initiatives diplomatiques ».
Derrière le dos des électeurs américains, des conseillers du président élu, Barack Obama, ont préparé la scène pour une escalade importante de la confrontation avec lIran dès que la nouvelle administration prendra ses fonctions. Un rapport publié en septembre par le Bipartisan Policy Center, une « fabrique didées » bipartite basée à Washington, a fait valoir quun Iran disposant de larme nucléaire était « stratégiquement intenable » et détaillait une approche robuste « incorporant de nouveaux instruments diplomatiques, économiques et militaires dune manière intégrée ».
Un des principaux membres du groupe de travail de ce centre a été le haut conseiller dObama concernant le Moyen-Orient, Dennis Ross qui est connu pour ses points de vue belliqueux. Il a soutenu linvasion américaine de lIrak et il est étroitement lié à des néo-conservateurs comme Paul Wolfowitz. Ross a travaillé sous Wolfowitz dans les administrations de Carter et de Reagan avant de devenir lenvoyé en chef au Moyen-Orient sous les présidents Bush père et Clinton. Après avoir quitté le département dEtat en 2000, il a rejoint un groupe de réflexion de droite pro-Israël (le Washington Institute for Near East Policy/Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient) ) et il a été engagé comme analyste en matière de politique étrangère par la chaine de télévision Fox News.
Le rapport du Bipartisan Policy Centre insistait sur le fait quil y ny avait pas de temps à perdre et déclare : « Les progrès réalisés par Téhéran signifient que la prochaine administration pourrait bien avoir peu de temps et moins doptions pour faire face à cette menace. » Il rejetait sans autre forme de procès à la fois les affirmations de Téhéran selon lesquelles son programme nucléaire était destiné à des fins pacifiques et lEstimation nationale des services de renseignements américains de 2007 qui révélait que lIran avait mis fin à tout programme nucléaire militaire en 2003.
Ce rapport critiquait léchec de ladministration Bush à arrêter les programmes nucléaires iraniens, mais sa stratégie est essentiellement la même - des incitations limitées par des sanctions économiques plus sévères et par la menace dune guerre. Son plan pour consolider le soutien international est également fondé sur laction militaire préventive contre lIran. La Russie, la Chine et les puissances européennes doivent toutes être averties que leur échec à mettre en uvre des sanctions sévères, y compris un blocus provocateur sur les exportations de pétrole de lIran ne feront quaccroître la probabilité de la guerre.
Pour souligner ces avertissements, le rapport proposait que les Etats-Unis auraient besoin de renforcer immédiatement leur présence militaire dans le Golfe persique. « Cela devrait commencer le premier jour où le nouveau président entre en fonction, dautant que la République islamique et ses acolytes, pourraient vouloir tester le nouveau gouvernement. Cela impliquerait un pré-positionnement de forces américaines et alliées, le déploiement de groupes de combats supplémentaires de porte-avions et de dragueurs de mines [et] la mise en place dautre matériel de guerre dans cette région » déclarait-il.
Dans un langage qui rappelle fortement celui de Bush lorsquil insiste sur le fait que « toutes les options restent sur la table », le rapport déclarait encore : « Nous croyons quune attaque militaire est une option réalisable et doit rester un dernier recours pour retarder le programme nucléaire iranien ». Une telle frappe militaire « aurait pour objectif non seulement linfrastructure nucléaire de lIran, mais également son infrastructure militaire conventionnelle dans le but de supprimer une riposte iranienne. »
De manière significative, le rapport a été rédigé par Michael Rubin, du néo-conservateur American Entreprise Institute, qui a été fortement impliqué dans la promotion de linvasion de lIrak en 2003. Un certain nombre de hauts conseillers démocrates a « approuvé à lunanimité » ce document, y compris Dennis Ross, lancien sénateur Charles Robb qui a coprésidé le groupe de travail, et Ashton Carter qui a servi en tant que secrétaire adjoint à la Défense sous Clinton.
Carter et Ross ont aussi participé à la rédaction dun rapport publié en septembre pour le Center for a New American Security (Centre bipartite pour une nouvelle sécurité de lAmérique). Ce rapport concluait que laction militaire contre lIran devait constituer « un élément dans toute véritable option ». Tandis que Ross y examinait les options diplomatiques en détail, Carter y définissait les « éléments militaires » qui devaient les sous-tendre, y compris une analyse des coûts et bénéfices dun bombardement aérien de lIran.
Dautres hauts conseillers dObama au niveau de la politique étrangère et de la défense ont été étroitement associés à ces discussions. Une déclaration intitulée Renforcer le partenariat : comment approfondir la coopération entre les Etats-Unis et Israël concernant le défi nucléaire iranien, rédigée en juin par un groupe de travail de lInstitut de Washington pour la politique au Proche-Orient, recommandait que la prochaine administration mène des discussions avec Israël sur « lensemble des options politiques », y compris « laction militaire préventive ». Ross était un co-animateur du groupe de travail et les hauts conseillers dObama Antony Lake, Susan Rice et Richard Clarke ont tous mis leur nom sur le document.
Ainsi que le New York Times le notait lundi, le conseiller dObama en ce qui concerne la défense, Richard Dantzig, un ancien secrétaire à la Marine sous Clinton assistait à une conférence sur le Moyen-Orient rassemblée en septembre par le même groupe de réflection pro-Israël. Il dit à lassistance que son candidat croyait quune attaque militaire de lIran était un choix « terrible », mais quil « se pourrait que dans un monde terrible nous allons devoir nous faire à ce genre de choix terrible ». Richard Clarke, qui était lui aussi présent, déclara quObama estimait quil fallait « enrayer linfluence grandissante de Téhéran et que lacquisition darmes nucléaires par Téhéran était inacceptable ». Tandis que « sa tendance première était de ne pas appuyer sur la gâchette » dit Clarke, « si les circonstances demandaient lusage des armes, Obama nhésiterait pas. »
Si larticle du New York Times était formulé avec discrétion et nexaminait pas les rapports de façon trop en détail, la journaliste, Carol Giacomo, était de toute évidence inquiète des parallèles avec linvasion américaine de lIrak. Après avoir fait remarquer que « le public américain était dans une large mesure inconscient de ce débat », elle déclarait : « Ce qui me rend nerveuse, cest ce qui sest passé dans la période qui a précédé la guerre en Irak. »
Giacomo poursuivit : « Les responsables de ladministration Bush ont mené la discussion, mais les initiés étaient complices. La question fut posée et on y a répondu dans les cercles politiques avant que la majorité des Américains ne sachent ce qui arrivait...En tant que correspondant diplomatique pour Reuters à lépoque, jéprouve une certaine responsabilité pour ne pas avoir fait plus pour assurer que la décision désastreuse denvahir lIrak nait été contrôlée avec davantage de scepticisme ».
Lémergence dun consensus sur lIran dans les cercles de la politique étrangère américaine souligne, une fois de plus, le fait que les différences entre Obama et McCain étaient de nature purement tactique. Tandis que des millions dAméricains ont voté pour le candidat démocrate croyant quil allait mettre fin à la guerre en Irak et répondrait à leurs besoins économiques urgents, des sections puissantes de lélite américaine se sont mises derrière lui, le considérant comme un meilleur véhicule pour poursuivre les intérêts économiques et stratégiques au Moyen-Orient et en Asie Centrale - y compris avec lusage de la force militaire contre lIran.
10 novembre 2008 - World Socialist