Les contes arabes, marocains que nos mamans nous racontaient

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Salam,

voilà ces derniers temps je repense beaucoup aux contes que ma mère me racontait quand j'étais petite, ainsi qu'à ma horde de frères, soeurs, cousins, cousines.
C'était souvent quand on était à la campagne l'été. Avant d'aller dormir on se regroupait tous autour d'elle, éclairé à la bougie, et elle nous contait ces histoires :rolleyes:
Elle les connaissaient par coeur et les tenaient de sa mère.

Je ne suis pas sûre que ce soit que des contes issus des milles et une nuits, je n'ai pas de source directe.

J'aimerais savoir connaissez vous des recueils de contes arabes, marocains ?
 
Je connais une dame à Marrakech qui avait fait des recherches dans un projet de livres pour enfants inspirés des contes marocains amazigh.
C,est une grande militante de l'amazighité : Meryam Demnati.

Je viens de chercher sur le net mais je n'ai pas trouvé ses livres. Si j'en ai l'occasion je lui poserai la question parce que ca m'interesse aussi.

Et puis la maman d'un copain avait fait ca aussi pour les contes marocains en général. J'envoie un ti message à mon pote titsuit :D
 
Je connais une dame à Marrakech qui avait fait des recherches dans un projet de livres pour enfants inspirés des contes marocains amazigh.
C,est une grande militante de l'amazighité : Meryam Demnati.

Je viens de chercher sur le net mais je n'ai pas trouvé ses livres. Si j'en ai l'occasion je lui poserai la question parce que ca m'interesse aussi.

Et puis la maman d'un copain avait fait ca aussi pour les contes marocains en général. J'envoie un ti message à mon pote titsuit : D


t'assures :cool:

on peut déjà rappeler la référence que tu m'avais cité

Henri Berger, contes marocains, Grund, contes partout, 2008
 
Conte Kabyle - Le Chêne de l'Ogre
Que mon conte soit beau et se deroule comme un long fil !

L'on raconte qu'aux temps anciens il etait un pauvre vieux qui s'entetait a vivre et a attendre la mort tout seul dans sa masure. Il habitait en dehors du village. Et jamais il n'entrait ni ne sortait, car il etait paralyse. On lui avait traine son lit pres de la porte, et cette porte, il en tirait la targette a l'aide d'un fil. Or ce vieux avait une petite fille, a peine au sortir de d'enfance, qui lui apportait tous les jours son dejeuner et son diner. Aicha venait de l'autre bout du village, envoyee par ses parents qui ne pouvaitent eux-memes prendre soin du vieillard.

La fillette, portant une galette et un plat de couscous, chantonnait a peine arrivee :
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba ! Et le grand-pere repondait :
- Fais sonner tes petits b****lets, o Aicha ma fille !

La fillette heurtait l'un contre l'autre ses b****lets et il tirait la targette. Aicha entrait, balayait la masure, serait le lit. Puis elle servait au vieillard son repas, lui versait a boire. Apres s'etre longuement attardee pres de ui, elle s'en retournaait, le laissant calme et sur le point de s'endormir. La petite fille racontait chaque jour a ses parents comment elle avait veille sur son grand-pere et ce qu'elle lui avait dit pour le distraire. L'aieul aimait beaucoup a la voir venir.

Mais un jour, l'Ogre apercut l'enfant. Il la suivit en cachette jusqua la masure et l'entendit chantonner :
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba ! Il entendit le vieillard repondre
- Fais sonner tes petits b****lets, o Aicha ma fille !

L'Ogre se dit ; "J'ai compris. Demain je reviendrai, je repeterailes mots de la petite fille, il m'ouvrira et je le mangerai !"

Le lendemain, peu avant que n'arrive la fillette, L'Ogre se presenta devant la masure et dit de sa grosse voix"
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
- Sauve-toi, maudit ! lui repondit le vieux. Crois-tu que je ne te reconnaisse pas ?

L'Ogre revint a plusierus reprises mais le vieillard, chaque fois, devinait qui il etait. L'Ogre s'en alla finalement trouver le sorcier.
- Voici, lui dit-il, il y a un vieil impotent qui habite hors du village. Il ne veut pas m'ouvrir parece que ma grosse voix me trahit. Indique-moi le moyen d'avoir une voix aussi fine, aussi claire que celle de sa petite fille.

Le sorcier repondit :
- Va, enduis-toi la gorge de miel et allonge-toi par terre au soleil, la bouche grande ouverte. (© publié par Tamurth.net)Des fourmis y entreront et racleront ta gorge. Mais ce n'est pas en un jour que ta voix s'eclaircira et s'affinera !

L'Ogre fit ce que lui recommandait le sorcier ; il achetait du miel, s'en remplit la gorge et alla s'etendre au soleil, la bouche ouverte. Une armee de fourmis entra dans sa gorge.

...//...
 
suite et fin

Au bout de deux jours, l'Ogre se rendit a la masure et chanta
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !

Mais le vieillard le reconnut encore.
- Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.

L'Ogre s'en retourna chez lui.

Il mangea encore et encore du miel. Il s'entendit de longues heures au soleil. Il laissa des legions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrieme jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L'Ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !
- Fais sonner tes petits b****lets, o Aicha ma fille ! reponda l'aieul.

L'Ogre s'etait muni d'une chaine ; il la fit tinter. La porte s'ouvrit. L'Ogre entra et devora le pauvre vieux. Et puis il revetit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la devorer aussi.

Elle vint, mais elle remarqua, des qu'elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit : "Qu'est-il arrive a mon grand-pere ?".
Elle verrouilla la porte de l'exterieur et chantonna
- Ouvre moi la porte, o mon pere Inoubba, o mon pere Inoubba !

L'Ogre repondit de sa voix fine et claire :
- Fais sonner tes petits b****lets, o Aicha ma fille !

La fillette qui reconnut pas dans cette voix celle de son grand-pere, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu'elle tenait, et courut au village alerter ses parents.
- L'Ogre a mangermon grand-pere, leur annonca-t-ell en pleurant. J'ai ferme sur lui la porte. Et maintenant qu'allons-nous faire ?

Le pere fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous cotes pour porter ces fagots jusqu'a la masure et y mettre le feu. L'ogre essaya vainement de fuire. Il pesa de toute sa force sur la porte qui resista. C'est ainsi qu'il brula.

L'annee suivante, a l'endroit meme ou l'Ogre fut brule, un chene s'elanca. On l'appela le "Chene de l'Ogre". Depuis, on le montre aux passants.

Mon conte est comme un ruisseau, je l'ai conte a des Seigneurs.
"Le Grain Magique"

Taos Amrouche (Paris : Chez Francois Maspero, 1971)
 
Merci beaucoup pour ce conte...Est ce le fameux ougadegh wahch lghaba a baba inouba, Idir??? (pas sure des paroles bien sur :rouge:) ???
 
Merci beaucoup pour ce conte...Est ce le fameux ougadegh wahch lghaba a baba inouba, Idir??? (pas sure des paroles bien sur :rouge:) ???

j'ai le sentiment que c'est un conte qui se rapporte à cette chanson ( ou plutôt n'est ce pas la chanson qui se réfère à ce conte ?)

peu importe, j'adore les contes !

j'avais mis les références de livres de contes kabyles dans " que lisez vous "
 
j'ai le sentiment que c'est un conte qui se rapporte à cette chanson ( ou plutôt n'est ce pas la chanson qui se réfère à ce conte ?)

peu importe, j'adore les contes !

j'avais mis les références de livres de contes kabyles dans " que lisez vous "

Oui, c'est plutot le conte, chanté...Je ne sais pas, car je ne comprend rien au kabyle...Je vais demander a mon collegue :)
 
Il me semble que j'ai deja vu, a la television marocaine, une serie televisée, roummana w betal...des contes populaires...
 
Salam,

voilà ces derniers temps je repense beaucoup aux contes que ma mère me racontait quand j'étais petite, ainsi qu'à ma horde de frères, soeurs, cousins, cousines.
C'était souvent quand on était à la campagne l'été. Avant d'aller dormir on se regroupait tous autour d'elle, éclairé à la bougie, et elle nous contait ces histoires
Elle les connaissaient par coeur et les tenaient de sa mère.

Je ne suis pas sûre que ce soit que des contes issus des milles et une nuits, je n'ai pas de source directe.

J'aimerais savoir connaissez vous des recueils de contes arabes, marocains ?


Salam,

Tu me fais penser à mon enfance et aux vacances dans le rif. Ahh qu'il est loin ce temps où yema nous contait des th'houjas (blagues en rifain) et des histoires à la lueur d'une lampe à pétrole ;) Ce qui est dommage, c'est que je n'ai pas de recueils de ces contes fabuleux :( Les contes se racontent de génération en génération de manière orale mais peut être qu'un jour il faudrait que je prenne le temps de les écrire (pr préserver ce patrimoine lol). Je porte d'ailleurs mon pseudo en référence à l'un de ces contes!
 
Salam,

Tu me fais penser à mon enfance et aux vacances dans le rif. Ahh qu'il est loin ce temps où yema nous contait des th'houjas (blagues en rifain) et des histoires à la lueur d'une lampe à pétrole ; ) Ce qui est dommage, c'est que je n'ai pas de recueils de ces contes fabuleux :( Les contes se racontent de génération en génération de manière orale mais peut être qu'un jour il faudrait que je prenne le temps de les écrire (pr préserver ce patrimoine lol). Je porte d'ailleurs mon pseudo en référence à l'un de ces contes!



:)
Je pense qu'on a tous un peu ce type de souvenirs. Moi aussi il faudrait que je les notes, pendant que ma mère s'en souvient encore.

Ce qui m'intéresse également c'est d'avoir les sources manuscrites de ces contes.

Merci pour les contributions déjà apportées sur le post .
 
Ma maman nous racontait beaucoup beaucoup de contes lorsque nous étions enfants, je me les remémore sans difficulté et je les raconterai si Dieu veut à mes enfants.

Il y en a un qui m'a marquée particulièrement, celui qui parle d'une mère transformée en vache par une sorcière pour qu'elle puisse épouser son mari et dont les deux enfants doivent vivre de nombreuses péripéties avant de retrouver leur mère (reconstituer le squelette de la vache mangée par les gens du village, etc).
 
Ma maman nous racontait beaucoup beaucoup de contes lorsque nous étions enfants, je me les remémore sans difficulté et je les raconterai si Dieu veut à mes enfants.

Il y en a un qui m'a marquée particulièrement, celui qui parle d'une mère transformée en vache par une sorcière pour qu'elle puisse épouser son mari et dont les deux enfants doivent vivre de nombreuses péripéties avant de retrouver leur mère (reconstituer le squelette de la vache mangée par les gens du village, etc).


:)

puisque tu te les remémore facilement, pourrais tu les retranscrire et les partager avec nous ?
 
Le lobe de l’oreille, l’orteil et la jambe

Un sultan avait sept filles. Six avaient épousé de preux chevaliers, la septième avait choisi un idiot surnommé le Teigneux car il se coiffait d’une panse de brebis. Aussi ce dernier poussait-il le ridicule jusqu’à chevaucher un âne galeux, à l’envers, en le tenant par la queue. Un jour, le roi voulut éprouver ses gendres. Il fit semblant d’être malade et réclama, pour sa guérison, du lait de lionne. Les six chevaliers, fiers et imbus de leur personne, filèrent ensemble en crachant sur le Teigneux qui fut obligé de prendre un autre chemin. Ils ignoraient que c’était le grand roi Haroun Rachid, contraint de vivre ainsi car Dieu lui avait prescrit sept années de malheur.

Plus loin sur la route, un miracle se produisit et le grand saint, Sidi Abdelkader, apparut au roi déchu. Il lui offrit une outre remplie de lait de lionne, le métamorphosa en magnifique chevalier, et disparut.

Sur le chemin du retour, Haroun Rachid rencontra ses six beaux-frères qui n’avaient pas réussi à trouver le lait. Ils ne le reconnurent pas. C’est alors qu’il leur proposa de leur donner le lait contre un bout du lobe de l’oreille de chacun. Ils acceptèrent et Haroun Rachid garda les six lobes dans une musette. Au retour, le sultan fut satisfait de ses six gendres et déçu du septième. Ce dernier avait repris son aspect de Teigneux et s’en revenait les mains vides chevauchant son âne.

La fois d’après, le sultan exigea pour sa guérison une pomme qui se trouvait dans le jardin de la terrible ogresse Allia Bent-Mansour sekna cheg sebaâ bhour (« Alia la fille de Mansour qui habite au-delà des sept mers »). Les six, comme à leur habitude, prirent la route ensemble espérant croiser le chemin du chevalier. Le Teigneux de son côté rencontra le saint qui, cette fois, lui dit :

- Tiens ! Voilà deux fois sept perdrix. Tu découvriras, au bord des océans un aigle géant qui te les fera franchir sans se poser. Pour qu’il accomplisse la traversée, tu lui offriras à manger une perdrix à chaque étape.

...//...
 
suite et fin

Ainsi, le roi déchu suivit les conseils du saint. A l’aller, tout se déroula dans les meilleures conditions. L’aigle reçut comme convenu une perdrix après avoir franchi chacun des sept océans. L’aigle le déposa dans le jardin d’Allia Bent-Mansour, il y cueillit une pomme et s’en retourna. Comme pour l’aller, il offrit à l’aigle les perdrix. Mais à la septième et dernière étape la perdrix lui échappa des mains et tomba dans l’eau. Sans hésiter Haroun Rachid sortit son couteau et se trancha un bout de chair, derrière le genou. Il le mit dans le bec de l’oiseau qui dit, écoeuré :

- Hum ! Cette viande est salée, que m’as-tu donné ?

- De ma chair, car j’ai perdu la perdrix.

- Reprends ta chair, et estime-toi heureux. Cette négligence aurait pu te coûter la vie.

Le roi recolla en hâte le morceau sur sa jambe. L’aigle le mena à bon port. De nouveau, sous l’apparence d’un chevalier, il proposa l’échange aux six, qui avaient échoué, et obtint de chacun un bout du cinquième orteil qu’il mit également dans la musette.

Arriva le moment où Haroun Rachid réalisa que les sept ans de malheur venaient de s’achever. Il se présenta au sultan. Il se fit reconnaître sous sa véritable identité et confondit ses six beaux-frères en montrant leurs lobes d’oreilles et leurs bouts d’orteils qu’il sortit de la musette.

Haroun Rachid fut rétabli dans ses honneurs et son épouse recouvra sa fierté. De ces miracles, il resta trace. Ainsi les humains ont le lobe plus petit que le reste de l’oreille et le cinquième orteil plus petit que les autres. Quant à notre jambe, elle présente un creux derrière notre genou. C’est la partie qui fut tranchée pour nourrir l’aigle. Et le mollet est plus gros car c’est à cet endroit que le morceau fut recollé en hâte par le héros.


Nora Arceval, Contes et légendes d'Algérie
 
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