Selon une étude récente menée sur des crocodiles, les prédateurs savent très bien reconnaître un cri de détresse d'un cri de joie, que ce soit chez leurs proies habituelles, les singes, que chez... les humains. Et ils seraient même plus doués que nous à ce jeu-là.
Le crocodile est l'un des prédateurs les plus redoutables de cette planète. Peu importe qu'il ne parle pas notre langue, ou que l'on ne puisse pas a priori communiquer avec lui : il semble comprendre lorsque nous sommes en détresse, selon les résultats d'une récente recherche. Ainsi, il saura reconnaître un jeune animal qui pleure, même si cet animal est un humain. Selon cette étude publiée dans les Actes de la Royal Society B, les crocodiles sont attirés par les cris et gémissements, en particuliers ceux qui sont le plus désespérés, car ils sont synonymes qu'un petit être a besoin d'aide. C'est donc un potentiel repas qui se dessine.En plaçant des haut-parleurs à proximité de crocodiles diffusant des enregistrements de bébés humains, bonobos et chimpanzés, les chercheurs se sont rendu compte qu'il n'y avait pas de différence dans leur réception par les prédateurs. Les sons ont été capturés dans une variété de situations, afin de documenter un large éventail d'émotions : il y avait des bébés qui s'amusaient à l'heure du bain, d'autres qui pleuraient au moment de la vaccination, par exemple. Un tiers des crocodiles du Nil du zoo d'Agadir, au Maroc, ont répondu aux cris humains de grande détresse en cherchant la source du son, en s'approchant rapidement du haut-parleur et parfois même en le mordant.
Les crocodiles sont plus doués que nous pour sentir la détresse
"Cela signifie que la détresse est quelque chose qui est partagée par des espèces qui sont vraiment, vraiment éloignées" comme le crocodile et l'humaine, a déclaré au New York Times Nicolas Grimault, directeur de recherche bioacoustique au CNRS et l'un des auteurs de l'article. "Il existe une sorte de communication émotionnelle entre les crocodiles et les humains", assure-t-il.Le plus étonnant, pour ces chercheurs, était que les crocodiles semblaient encore meilleurs pour repérer la détresse dans les cris humains ou animaux que les volontaires humains qui se sont prêtés à l'exercice. Pour évaluer si un cri est synonyme d'un S.O.S, les participants se sont surtout basés sur la hauteur de la voix, alors que les prédateurs, habitués à traquer leurs proies, semblent avoir mieux capté certains paramètres comme la disharmonie des sons (contrairement à un rire par exemple) ou les éclats de voix. De cette façon, à l'aide d'un simple son, ils auraient été plus réactifs qu'un humain pour comprendre qu'il y avait un problème.
Cependant, les chercheurs ajoutent que c'est probablement aussi en leur qualité de parents attentionnés que les crocodiles ont cette oreille attentive. "Nous avons vu un crocodile qui est venu et a essayé de défendre le haut-parleur contre d'autres crocodiles", rapporte encore Nicolas Grimault au média américain. Des compétences parentales qui servent aussi, donc, pour la chasse.
