Après l'euphorie de la victoire, attention à la gueule de bois. L'Amérique s'est réveillée mercredi matin avec un nouveau président à sa tête, qui devra reprendre en main des dossiers délicats tels que l'Irak ou la crise financière.
«A l'heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence: deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle», a déclaré Barack Obama mardi soir à Chicago face à la foule venue l'acclamer. Une tâche colossale.
Sur le plan international
Dans un contexte de «guerre globale contre le terrorisme», consécutive aux attentats du 11 Septembre, le site de campagne de Barack Obama met l'accent sur trois objectifs de sa future présidence: «Contrôler les matériaux nucléaires aux mains de terroristes», «ouvrir un dialogue ferme et direct avec l'Iran, sans condition préalable, pour éliminer la menace iranienne» et «renouveler la diplomatie américaine.»
1. Le retrait, en douceur, des troupes en Irak
Tout au long de sa campagne, le démocrate a martelé qu'il retirerait les soldats américains d'Irak «de façon responsable» dans un délai de 16 mois et de concentrer les efforts sur Al-Qaida et les talibans. Le nouveau président américain devra gérer la mise en oeuvre d'un éventuel accord sur l'avenir de la présence américaine en Irak.
Si Washington et Bagdad ne concluent pas un accord avant le 31 décembre, le président se trouverait dans une situation délicate où la présence de près de 145.000 militaires américains en Irak n'aurait aucun fondement légal.
2. Gérer la fermeture de Guantanamo
Tout au long de sa campagne, Barack Obama a répété qu'il fermerait la prison de Guantanamo. Une fermeture qui posera un problème de logistique exceptionnel (où et comment replacer les prisonniers), mais aussi un problème éthique (la capacité d'offrir aux détenus un jugement équitable).
De plus, l'organisation des Droits de l'homme Amnesty International lui a donné 100 jours pour «réparer les dégâts causés» par la présidence Bush.
3. Renforcer la lutte contre les talibans sans fonds supplémentaires
Autre cheval de bataille du nouveau président, la présence militaire en Afghanistan et la lutte contre les talibans. Le président Hamid Karzai a estimé mercredi que cette élection avait «fait entrer le peuple américain, et avec lui le reste du monde, dans une ère nouvelle».
4. Concrétiser l'accord de paix israélo-palestinien
Le processus de paix israélo-palestinien, longtemps ignoré par Gorges W. Bush, puis relancé en novembre 2007 à Annapolis, doit être poursuivi. Un an après cette conférence, l'accord de paix, censé être signé avant la fin 2008, paraît toujours aussi lointain.
Lundi à Bucarest, le président palestinien Mahmoud Abbas a exclu qu'un accord puisse être signé avant fin décembre, d'autant que les négociations sont désormais suspendues à la formation d'un nouveau gouvernement israélien, après les élections législatives du 10 février.
5. Renouer le dialogue avec Téhéran
Sur la question du nucléaire iranien, Barack Obama a prôné la mise en place d'un dialogue avec Téhéran alors que les Etats-Unis n'entretiennent plus de relations avec l'Iran depuis 1980. Le programme nucléaire de Téhéran, le rôle de l'Iran en Irak et son soutien au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien sont les principaux points de discorde entre Washington et la République islamique. Ils accusent Téhéran de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert d'un programme civil, ce que les Iraniens démentent.
6. Renforcer les relations commerciales avec les géants asiatiques
Le nouveau président devra veiller à renforcer les liens entre les Etats-Unis et les géants asiatiques tant sur les questions commerciales que diplomatiques. L'essor économique de la Chine et de l'Inde pose déjà les problématiques écologiques au niveau mondial. Barack Obama, qui a inscrit sa campagne dans une dynamique d'économie responsable, devra faire face à ces deux partenaires commerciaux.
7. Assurer les relations avec les pétromonarchies
Toujours sur les questions d'énergie, en pleine tourmente financière mondiale, les relations avec les pays du Golfe sont stratégiques. Les six pétromonarchies (Arabie, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Qatar, Oman et Koweït) possèdent 45% des ressources du globe, et fournissent un cinquième de l'offre globale. Le nouveau président devra donc pérenniser ses précieuses alliances, dautant que certaines sont le siège de bases militaires américaines, capitales pour le maintien de l'influence des Etats-Unis dans la région.
Sur le plan national
Le démocrate devrait prendre toute une série de mesures pendant la première année de son mandat dans un contexte financier international difficile et avec un déficit public qui avoisine les 1.000 milliards de dollars. Les questions relatives à la couverture santé des Américains et la refonte du système financier seront ses plus gros défis.
8. Refondre le système financier
Barack Obama a gagné en partie sa campagne sur sa crédibilité sur les questions financières. «Les démocrates doivent espérer que l'économie s'améliore d'ici à 2010. Si ce n'est pas le cas, les républicains feront un retour en force», souligne John Pitney, professeur de sciences politiques au Claremont McKenna College, en Californie. Le nouveau président devra donc mettre en uvre une refonte du système financière délicate.
>> Tout savoir sur Barack Obama et la crise financière avec E24, cliquez ici!
9. Relancer le marché de l'emploi
En outre, Barack Obama va devoir affronter les effets de la crise financière sur le secteur de l'emploi, plus particulièrement sur les pertes d'emplois dans le secteur privé.
Selon l'enquête du cabinet en ressources humaines ADP publiée mercredi, «l'affaiblissement du marché de l'emploi continue» aux Etats-Unis. Le secteur privé américain a déjà supprimé 157.000 emplois en octobre.
10. Taxer davantage les plus aisés
Sur le plan fiscal, Barack Obama souhaite revenir au taux d'imposition antérieur à 2001. Le démocrate annoncé qu'il taxerait davantage les Américains les plus aisés et baisserait les impôts de ceux qui gagnent moins de 200.000 dollars, soit selon lui 95% des travailleurs et des familles. Une mesure qui ne risque pas de faire l"unanimité.
11. Offrir une couverture de santé pour tous
Le démocrate compte également s'attaquer au système de santé. Près de 45 millions d'Américains ne sont pas couverts par une assurance maladie. Il souhaite donc étendre les programmes privés et publics existants avec l'aide de subventions fédérales. Le plan de santé d'Obama coûterait au gouvernement près de 1.600 milliards de dollars sur 10 ans, selon le Tax Policy Center.
Mais il doit être vigilant, car en 1994, deux ans après l'élection du président démocrate Bill Clinton, les républicains avaient obtenu un raz-de-marée au Congrès, en raison notamment du mécontentement provoqué par le projet de plan d'assurance santé proposé par l'épouse du président, Hillary Clinton.
12. Changer les habitudes de consommation de l'énergie
Lobjectif n°1 dObama est de «soulager les familles», premières à souffrir de lessence chère. Sur le plan énergétique, Barack Obama souhaite assurer l'indépendance des Etats-Unis afin de soulager les ménages qui font face à des coûts de plus en plus élevés. Mais si le nouveau président compte investir plus de 15 milliards de dollars dans ce projet, les Américains devront se serrer la ceinture et changer leurs habitudes de consommation de l'énergie. Sont-ils prêts à fournir ces efforts?
Maud Descamps avec agence
«A l'heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence: deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle», a déclaré Barack Obama mardi soir à Chicago face à la foule venue l'acclamer. Une tâche colossale.
Sur le plan international
Dans un contexte de «guerre globale contre le terrorisme», consécutive aux attentats du 11 Septembre, le site de campagne de Barack Obama met l'accent sur trois objectifs de sa future présidence: «Contrôler les matériaux nucléaires aux mains de terroristes», «ouvrir un dialogue ferme et direct avec l'Iran, sans condition préalable, pour éliminer la menace iranienne» et «renouveler la diplomatie américaine.»
1. Le retrait, en douceur, des troupes en Irak
Tout au long de sa campagne, le démocrate a martelé qu'il retirerait les soldats américains d'Irak «de façon responsable» dans un délai de 16 mois et de concentrer les efforts sur Al-Qaida et les talibans. Le nouveau président américain devra gérer la mise en oeuvre d'un éventuel accord sur l'avenir de la présence américaine en Irak.
Si Washington et Bagdad ne concluent pas un accord avant le 31 décembre, le président se trouverait dans une situation délicate où la présence de près de 145.000 militaires américains en Irak n'aurait aucun fondement légal.
2. Gérer la fermeture de Guantanamo
Tout au long de sa campagne, Barack Obama a répété qu'il fermerait la prison de Guantanamo. Une fermeture qui posera un problème de logistique exceptionnel (où et comment replacer les prisonniers), mais aussi un problème éthique (la capacité d'offrir aux détenus un jugement équitable).
De plus, l'organisation des Droits de l'homme Amnesty International lui a donné 100 jours pour «réparer les dégâts causés» par la présidence Bush.
3. Renforcer la lutte contre les talibans sans fonds supplémentaires
Autre cheval de bataille du nouveau président, la présence militaire en Afghanistan et la lutte contre les talibans. Le président Hamid Karzai a estimé mercredi que cette élection avait «fait entrer le peuple américain, et avec lui le reste du monde, dans une ère nouvelle».
4. Concrétiser l'accord de paix israélo-palestinien
Le processus de paix israélo-palestinien, longtemps ignoré par Gorges W. Bush, puis relancé en novembre 2007 à Annapolis, doit être poursuivi. Un an après cette conférence, l'accord de paix, censé être signé avant la fin 2008, paraît toujours aussi lointain.
Lundi à Bucarest, le président palestinien Mahmoud Abbas a exclu qu'un accord puisse être signé avant fin décembre, d'autant que les négociations sont désormais suspendues à la formation d'un nouveau gouvernement israélien, après les élections législatives du 10 février.
5. Renouer le dialogue avec Téhéran
Sur la question du nucléaire iranien, Barack Obama a prôné la mise en place d'un dialogue avec Téhéran alors que les Etats-Unis n'entretiennent plus de relations avec l'Iran depuis 1980. Le programme nucléaire de Téhéran, le rôle de l'Iran en Irak et son soutien au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien sont les principaux points de discorde entre Washington et la République islamique. Ils accusent Téhéran de chercher à se doter de la bombe atomique sous couvert d'un programme civil, ce que les Iraniens démentent.
6. Renforcer les relations commerciales avec les géants asiatiques
Le nouveau président devra veiller à renforcer les liens entre les Etats-Unis et les géants asiatiques tant sur les questions commerciales que diplomatiques. L'essor économique de la Chine et de l'Inde pose déjà les problématiques écologiques au niveau mondial. Barack Obama, qui a inscrit sa campagne dans une dynamique d'économie responsable, devra faire face à ces deux partenaires commerciaux.
7. Assurer les relations avec les pétromonarchies
Toujours sur les questions d'énergie, en pleine tourmente financière mondiale, les relations avec les pays du Golfe sont stratégiques. Les six pétromonarchies (Arabie, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Qatar, Oman et Koweït) possèdent 45% des ressources du globe, et fournissent un cinquième de l'offre globale. Le nouveau président devra donc pérenniser ses précieuses alliances, dautant que certaines sont le siège de bases militaires américaines, capitales pour le maintien de l'influence des Etats-Unis dans la région.
Sur le plan national
Le démocrate devrait prendre toute une série de mesures pendant la première année de son mandat dans un contexte financier international difficile et avec un déficit public qui avoisine les 1.000 milliards de dollars. Les questions relatives à la couverture santé des Américains et la refonte du système financier seront ses plus gros défis.
8. Refondre le système financier
Barack Obama a gagné en partie sa campagne sur sa crédibilité sur les questions financières. «Les démocrates doivent espérer que l'économie s'améliore d'ici à 2010. Si ce n'est pas le cas, les républicains feront un retour en force», souligne John Pitney, professeur de sciences politiques au Claremont McKenna College, en Californie. Le nouveau président devra donc mettre en uvre une refonte du système financière délicate.
>> Tout savoir sur Barack Obama et la crise financière avec E24, cliquez ici!
9. Relancer le marché de l'emploi
En outre, Barack Obama va devoir affronter les effets de la crise financière sur le secteur de l'emploi, plus particulièrement sur les pertes d'emplois dans le secteur privé.
Selon l'enquête du cabinet en ressources humaines ADP publiée mercredi, «l'affaiblissement du marché de l'emploi continue» aux Etats-Unis. Le secteur privé américain a déjà supprimé 157.000 emplois en octobre.
10. Taxer davantage les plus aisés
Sur le plan fiscal, Barack Obama souhaite revenir au taux d'imposition antérieur à 2001. Le démocrate annoncé qu'il taxerait davantage les Américains les plus aisés et baisserait les impôts de ceux qui gagnent moins de 200.000 dollars, soit selon lui 95% des travailleurs et des familles. Une mesure qui ne risque pas de faire l"unanimité.
11. Offrir une couverture de santé pour tous
Le démocrate compte également s'attaquer au système de santé. Près de 45 millions d'Américains ne sont pas couverts par une assurance maladie. Il souhaite donc étendre les programmes privés et publics existants avec l'aide de subventions fédérales. Le plan de santé d'Obama coûterait au gouvernement près de 1.600 milliards de dollars sur 10 ans, selon le Tax Policy Center.
Mais il doit être vigilant, car en 1994, deux ans après l'élection du président démocrate Bill Clinton, les républicains avaient obtenu un raz-de-marée au Congrès, en raison notamment du mécontentement provoqué par le projet de plan d'assurance santé proposé par l'épouse du président, Hillary Clinton.
12. Changer les habitudes de consommation de l'énergie
Lobjectif n°1 dObama est de «soulager les familles», premières à souffrir de lessence chère. Sur le plan énergétique, Barack Obama souhaite assurer l'indépendance des Etats-Unis afin de soulager les ménages qui font face à des coûts de plus en plus élevés. Mais si le nouveau président compte investir plus de 15 milliards de dollars dans ce projet, les Américains devront se serrer la ceinture et changer leurs habitudes de consommation de l'énergie. Sont-ils prêts à fournir ces efforts?
Maud Descamps avec agence