boptitprince
je ne suis qu'un prince..
http://www.lesoir.be/actualite/belg...sibles-dans-tous-les-pays-d-europe-855964.php
« Les émeutes à Londres sont possibles dans tous les pays d’Europe »
mercredi 10 août 2011, 12:56
A quoi réagissent les émeutiers britanniques ?
Edouard Delruelle : « On est dans une société aux équilibres sociaux très précaires, depuis plusieurs dizaines d’années, depuis la fin de l’Etat-providence qui assurait une protection sociale plus grande, qui permettait une plus grande intégration notamment des diasporas étrangères et qui apportait « l’optimisme des opprimés » : l’idée que demain sera meilleur, que nos enfants vivront mieux que nous, etc. C’était tout un ensemble dans lequel, même si la vie était inégalitaire, c’était comme un escalator : tout le monde restait sur sa marche, mais tout le monde montait. Donc, ça donnait une relative stabilité sociale. A partir du moment où la pression du capital sur le travail s’est faite beaucoup plus forte, avec la fin ou l’affaiblissement de cette protection sociale, comme en Angleterre, avec des modèles d’intégration qui ont montré leurs limites et avec la fin de cet optimisme des opprimés (les gens pensent que demain sera pire et que leurs enfants vivront moins bien qu’eux), on a une situation d’instabilité, en soi. La crise, depuis 2008, n’a rien arrangé et puis l’étincelle fait s’embraser les choses, comme les mesures d’austérité en Grèce. »
Ça pourrait arriver en Belgique ?
« Oui. C’est général à tous les pays européens. »
Même avec notre système de protection sociale ?
« C’est vrai que notre modèle social peut éviter ça… pour autant qu’il subsiste. C’est l’un des grands enjeux de nos négociations politiques, beaucoup plus que le problème communautaire. Et avec la N-VA qui veut la fin de ce modèle social. Par ailleurs, il faut relativiser : des émeutes, chez nous, il y en a eu, au milieu des années 2000, à Bruxelles. On les a interprétées comme des émeutes cultures ou ethniques mais c’était, à mon avis, des émeutes sociales. Il faut rappeler qu’à Bruxelles, le taux de pauvreté est de 20-25 %, et dans certains quartiers de 30-40 %. Il ne faudrait pas croire que la stabilité sociale est si forte que ça en Belgique et en particulier dans les grandes métropoles. Je ne pense pas que la Belgique soit à l’abri de ce type de violences. »
Le jeune multidiplômé espagnol dresse une tente sur une place et fait des sit-in, et le jeune immigré jamaïcain de Londres casse les vitrines, chacun pour exprimer son indignation parce qu’il n’aura pas de boulot ?
« Oui, parce que les modes de réaction sont toujours liés au statut social des gens. Mais il y a quelque chose de commun aux deux cas : le caractère purement réactif. C’est spontané, ça vient des réseaux sociaux, du Caire à Birmingham via Madrid, et il n’y a jamais de perspectives politiques. Jamais de revendications particulières. Ce n’est pas comme les grèves de 60 en Belgique, ou celles des années 30, qui avaient un cahier des charges, des doléances. Parce qu’il y avait des perspectives d’avenir. On se battait pour quelque chose. Ici, on réagit à une situation de très forte instabilité, de très forte précarité, de très forte inégalité et de très forte insécurité sociale. »
« Les émeutes à Londres sont possibles dans tous les pays d’Europe »
mercredi 10 août 2011, 12:56
A quoi réagissent les émeutiers britanniques ?
Edouard Delruelle : « On est dans une société aux équilibres sociaux très précaires, depuis plusieurs dizaines d’années, depuis la fin de l’Etat-providence qui assurait une protection sociale plus grande, qui permettait une plus grande intégration notamment des diasporas étrangères et qui apportait « l’optimisme des opprimés » : l’idée que demain sera meilleur, que nos enfants vivront mieux que nous, etc. C’était tout un ensemble dans lequel, même si la vie était inégalitaire, c’était comme un escalator : tout le monde restait sur sa marche, mais tout le monde montait. Donc, ça donnait une relative stabilité sociale. A partir du moment où la pression du capital sur le travail s’est faite beaucoup plus forte, avec la fin ou l’affaiblissement de cette protection sociale, comme en Angleterre, avec des modèles d’intégration qui ont montré leurs limites et avec la fin de cet optimisme des opprimés (les gens pensent que demain sera pire et que leurs enfants vivront moins bien qu’eux), on a une situation d’instabilité, en soi. La crise, depuis 2008, n’a rien arrangé et puis l’étincelle fait s’embraser les choses, comme les mesures d’austérité en Grèce. »
Ça pourrait arriver en Belgique ?
« Oui. C’est général à tous les pays européens. »
Même avec notre système de protection sociale ?
« C’est vrai que notre modèle social peut éviter ça… pour autant qu’il subsiste. C’est l’un des grands enjeux de nos négociations politiques, beaucoup plus que le problème communautaire. Et avec la N-VA qui veut la fin de ce modèle social. Par ailleurs, il faut relativiser : des émeutes, chez nous, il y en a eu, au milieu des années 2000, à Bruxelles. On les a interprétées comme des émeutes cultures ou ethniques mais c’était, à mon avis, des émeutes sociales. Il faut rappeler qu’à Bruxelles, le taux de pauvreté est de 20-25 %, et dans certains quartiers de 30-40 %. Il ne faudrait pas croire que la stabilité sociale est si forte que ça en Belgique et en particulier dans les grandes métropoles. Je ne pense pas que la Belgique soit à l’abri de ce type de violences. »
Le jeune multidiplômé espagnol dresse une tente sur une place et fait des sit-in, et le jeune immigré jamaïcain de Londres casse les vitrines, chacun pour exprimer son indignation parce qu’il n’aura pas de boulot ?
« Oui, parce que les modes de réaction sont toujours liés au statut social des gens. Mais il y a quelque chose de commun aux deux cas : le caractère purement réactif. C’est spontané, ça vient des réseaux sociaux, du Caire à Birmingham via Madrid, et il n’y a jamais de perspectives politiques. Jamais de revendications particulières. Ce n’est pas comme les grèves de 60 en Belgique, ou celles des années 30, qui avaient un cahier des charges, des doléances. Parce qu’il y avait des perspectives d’avenir. On se battait pour quelque chose. Ici, on réagit à une situation de très forte instabilité, de très forte précarité, de très forte inégalité et de très forte insécurité sociale. »