Dans un contexte économique européen frôlant la récession, face à des dirigeants illibéraux, la richissime monarchie du Golfe joue dans une cour acquise à ses idées. En brandissant le spectre de l’islamisme radical, les Émirats arabes unis s’assurent des appuis contre ses opposants, les Frères musulmans, soutenus par son ennemi intime, le Qatar. Et trouvent dans les politiques racistes d’extrême droite de fervents relais.
« L’État ne doit plus laisser les Frères musulmans, les cousins du Hamas, prospérer et grandir en France », déclarait dans les colonnes du Figaro Marion Maréchal le 13 octobre 2023, soit quelques jours après les attaques du Hamas contre Israël. Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, annonçait, lui, le 4 mai 2024 au JDD le lancement d’une mission d’évaluation sur les Frères musulmans, une organisation « vicieuse » visant le « basculement progressif de tous les pans de la société dans la matrice islamique ». Son successeur, Bruno Retailleau, affilié aux Républicains, s’en inquiétait à son tour devant la commission des lois le 2 octobre 2024. : « On a aujourd’hui un islam politique très intrusif, c’est le frérisme », assurait-il, détaillant « une matrice idéologique » intégrant la « prééminence du droit coranique sur le droit national », « l’infériorisation de la femme » et l’« antisémitisme ».
L’association politique entre les Émirats et l’extrême droite européenne n’avait pourtant rien d’évident. Quel terrain d’entente entre des partis cultivant le racisme et la peur de l’islam — voire la défense d’une identité européenne blanche et judéo-chrétienne — et des Émirats au sein desquels l’islam est justement la religion d’État, et la charia, le socle de la législation ? Et pourtant. Comme nous avons pu le documenter dans cette enquête, les préoccupations géopolitiques de la richissime petite monarchie rejoignent les angoisses islamophobes de la droite de la droite — parfois dans un contexte de difficultés financières.
Ce discours alarmiste envers les Frères musulmans et nourrissant in fine la peur de l’islam est porté en France par certains médias et centres de recherche, comme Global Watch Analysis ou le Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme (Cerif). On le retrouve aussi dans la bouche de personnalités politiques d’extrême droite comme Sébastien Chenu, député Rassemblement national (RN) du Nord et vice-président du parti, ou de Thierry Mariani, autre membre du RN et eurodéputé du groupe Les Patriotes pour l’Europe. Pour mémoire, le troisième groupe parlementaire européen, dirigé par Jordan Bardella, a été fondé en juin 2024 par l’extrême droite hongroise de Viktor Orbán — qui a récemment profité de significatifs investissements émiratis. Interrogé sur les Émirats, Mariani leur reconnaît « des ressources financières importantes » et note des « valeurs qui rapprochent », notamment dans la lutte contre l’islamisme. Un combat qui inclut « les Frères musulmans », nous a-t-il précisé.
« L’État ne doit plus laisser les Frères musulmans, les cousins du Hamas, prospérer et grandir en France », déclarait dans les colonnes du Figaro Marion Maréchal le 13 octobre 2023, soit quelques jours après les attaques du Hamas contre Israël. Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur, annonçait, lui, le 4 mai 2024 au JDD le lancement d’une mission d’évaluation sur les Frères musulmans, une organisation « vicieuse » visant le « basculement progressif de tous les pans de la société dans la matrice islamique ». Son successeur, Bruno Retailleau, affilié aux Républicains, s’en inquiétait à son tour devant la commission des lois le 2 octobre 2024. : « On a aujourd’hui un islam politique très intrusif, c’est le frérisme », assurait-il, détaillant « une matrice idéologique » intégrant la « prééminence du droit coranique sur le droit national », « l’infériorisation de la femme » et l’« antisémitisme ».
Une étrange convergence
Si loin, si proche, dans le golfe Arabo-Persique, le mouvement islamiste transnational et fondamentaliste des Frères musulmans est au centre d’une autre lutte. Celle du Qatar et des Émirats arabes unis : le Qatar les utilise pour asseoir son influence et les Émirats les combattent pour assurer la sienne. L’affrontement se poursuit à l’international : en Europe, Abou Dhabi convainc de plus en plus d’hommes et de femmes politiques de la justesse de sa vision, du centre jusqu’à la droite de la droite.L’association politique entre les Émirats et l’extrême droite européenne n’avait pourtant rien d’évident. Quel terrain d’entente entre des partis cultivant le racisme et la peur de l’islam — voire la défense d’une identité européenne blanche et judéo-chrétienne — et des Émirats au sein desquels l’islam est justement la religion d’État, et la charia, le socle de la législation ? Et pourtant. Comme nous avons pu le documenter dans cette enquête, les préoccupations géopolitiques de la richissime petite monarchie rejoignent les angoisses islamophobes de la droite de la droite — parfois dans un contexte de difficultés financières.
Ce discours alarmiste envers les Frères musulmans et nourrissant in fine la peur de l’islam est porté en France par certains médias et centres de recherche, comme Global Watch Analysis ou le Centre européen de recherche et d’information sur le frérisme (Cerif). On le retrouve aussi dans la bouche de personnalités politiques d’extrême droite comme Sébastien Chenu, député Rassemblement national (RN) du Nord et vice-président du parti, ou de Thierry Mariani, autre membre du RN et eurodéputé du groupe Les Patriotes pour l’Europe. Pour mémoire, le troisième groupe parlementaire européen, dirigé par Jordan Bardella, a été fondé en juin 2024 par l’extrême droite hongroise de Viktor Orbán — qui a récemment profité de significatifs investissements émiratis. Interrogé sur les Émirats, Mariani leur reconnaît « des ressources financières importantes » et note des « valeurs qui rapprochent », notamment dans la lutte contre l’islamisme. Un combat qui inclut « les Frères musulmans », nous a-t-il précisé.