La dernière vidéo qui a circulé sur le web, montrant Abdelilah Benkirane encerclé par des chômeurs, montre bien à quel point la pratique de la contestation peut être malmenée et galvaudée.
Les vrais causes reculent, et voilà que nous devenons « militants » pour travailler, sans concours préalable, au sein de la fonction publique, et nulle part ailleurs que la fonction publique.Benkirane a eu le courage de bloquer le recrutement direct, une décision maladroite qui avait été prise par son prédécesseur Abbas el Fassi. Il faut reconnaître au chef du gouvernement actuel la justesse de sa décision, et il convient de lui rendre hommage pour cela.Nous pouvons en effet ne pas être en accord avec lui, tant politiquement qu’idéologiquement, et nous pouvons également ne pas souscrire à sa manière de diriger les affaires publiques, mais nous ne pouvons ne pas admettre que sur ce point précis, il a eu le courage de dépasser les calculs et conduites populistes qui l’auraient mené à maintenir le recrutement direct pour faire taire les voix de ces légions de chômeurs.
Disons-le clairement : Revendiquer l’intégration dans la fonction publique, directement et sans passer de concours, au prétexte qu’on détient un diplôme d’une université ou d’une école publique, revient en fait à réclamer un privilège à l’exclusion des autres. Une sorte d’ « agrément » déguisé, mais d’un autre genre.
Pourquoi donc ces lauréats des écoles et universités refusent-ils de travailler dans le secteur privé (avec ses contraintes éventuelles) ? En quoi seraient-ils meilleurs que d’autres diplômés de la Formation professionnelle, des grandes écoles et des autres centres de formation professionnelle ? Et puis, allons plus loin encore : pourquoi se distinguent-ils, et les distingue-t-on, des autres Marocains en général ?
Pourquoi le droit au travail ne serait-il pas celui de tous (nous parlons du droit du travail qui est devenu – abusivement – un synonyme du droit à l’emploi dans la fonction publiquei) ? Ainsi, le gouvernement Benkirane assurerait-il de l’emploi à tout le monde, sans test ni concours, chacun selon le diplôme ou certificat qu’il détient, jusques-y compris les analphabètes… Nous sommes en effet des gens qui demandons l’égalité pour tous, et tous donc auront le droit de travailler au sein de la fonction publique.
Il est véritablement étrange que nous entendions partout, tout le temps et à chaque coin de rue les beaux et grands discours sur la démocratie, sur l’égalité des droits et des obligations mais que, en même temps, ces voix s’élèvent pour réclamer un emploi qu’on ne peut appeler autrement que privilège, un privilège qui ne se fonde sur aucune légitimité, de quelque type qu’elle puisse être, logique, juridique ou même fonctionnelle…
Revêtons-nous donc de courage citoyen et reconnaissons-le: est-il logique aujourd’hui que nous puissions demander l’Etat de recruter tous les lauréats ?Quelle logique de gestion publique admettrait-elle cela, où que ce soit dans le monde ? Pourquoi exige-t-on donc de l’Etat un recrutement direct alors même que le secteur privé organise des concours et épreuves d’admission pour évaluer les candidats à l’emploi ? Comment peut-on demander à l’Etat d’améliorer ses services publics et que, dans le même temps, nous lui imposions de procéder au recrutement direct, sans tests préalables, de « tous » les diplômés supérieurs ?
Ne pas être d’accord politiquement et idéologiquement avec le PJD ne doit pas nous conduire pour autant à soutenir des réclamations et des demandes illégitimes, au prétexte que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ».
Galvauder la contestation et la notion de grève ne sert personne, et encore moins les grandes causes. Pour la question du chômage, par exemple, et au lieu d’évoquer le problème de l’éducation (qui en est la principale origine) et sa compatibilité avec le marché du travail, au lieu de débattre du rôle de l’Etat dans l’investissement et dans sa politique d’incitation à l’investissement, au lieu de discuter de l’obligation qu’a l’Etat de lancer des initiatives pour aider les diplômés à trouver leur premier emploi (fiscalité, mise à niveau, accompagnement…)… au lieu d’opter pour ces approches, voilà que nous restons otages de revendications aussi illogiques qu’illégales car elles portent atteinte à la notion même de l’égalité en termes de citoyenneté et de chances.
Et le plus dangereux est que ce type de « militantisme » sauvage et illégitime nuit aux autres luttes et combats sociaux, plus légitimes.Ainsi, demain, plus tard, nous ne trouverons plus personne qui soutienne des causes justes portées par des institutions et organismes de la société civile ou par de simples citoyens.
Cela fait plusieurs mois que j’observe ces manifestations face au parlement et la réaction des gens qui passent devant… indifférence, totale indifférence pour ce qui se déroule sous leurs yeux. Personne ne lit même plus les banderoles ni ne s’intéresse aux slogans. Pourquoi ? Nous gagnerions à nous interroger, en effet, profondément, sérieusement, sur les causes de cette indifférence. Et la raison n’est pas que le Marocain n’accorde plus d’importance aux combats sociaux et/ou sociétaux de son pays, car nous l’avons vu sortir quand une cause l’interpelle réellement.
Mais il semblerait que des « militants » de petites causes, de causes qui n’en sont pas, participent à réduire la portée des grands débats sur les grandes questions…
http://www.panoramaroc.ma/fr/les-enchomages-entravent-le-vrai-militantisme-par-sanaa-elaji/
Les vrais causes reculent, et voilà que nous devenons « militants » pour travailler, sans concours préalable, au sein de la fonction publique, et nulle part ailleurs que la fonction publique.Benkirane a eu le courage de bloquer le recrutement direct, une décision maladroite qui avait été prise par son prédécesseur Abbas el Fassi. Il faut reconnaître au chef du gouvernement actuel la justesse de sa décision, et il convient de lui rendre hommage pour cela.Nous pouvons en effet ne pas être en accord avec lui, tant politiquement qu’idéologiquement, et nous pouvons également ne pas souscrire à sa manière de diriger les affaires publiques, mais nous ne pouvons ne pas admettre que sur ce point précis, il a eu le courage de dépasser les calculs et conduites populistes qui l’auraient mené à maintenir le recrutement direct pour faire taire les voix de ces légions de chômeurs.
Disons-le clairement : Revendiquer l’intégration dans la fonction publique, directement et sans passer de concours, au prétexte qu’on détient un diplôme d’une université ou d’une école publique, revient en fait à réclamer un privilège à l’exclusion des autres. Une sorte d’ « agrément » déguisé, mais d’un autre genre.
Pourquoi donc ces lauréats des écoles et universités refusent-ils de travailler dans le secteur privé (avec ses contraintes éventuelles) ? En quoi seraient-ils meilleurs que d’autres diplômés de la Formation professionnelle, des grandes écoles et des autres centres de formation professionnelle ? Et puis, allons plus loin encore : pourquoi se distinguent-ils, et les distingue-t-on, des autres Marocains en général ?
Pourquoi le droit au travail ne serait-il pas celui de tous (nous parlons du droit du travail qui est devenu – abusivement – un synonyme du droit à l’emploi dans la fonction publiquei) ? Ainsi, le gouvernement Benkirane assurerait-il de l’emploi à tout le monde, sans test ni concours, chacun selon le diplôme ou certificat qu’il détient, jusques-y compris les analphabètes… Nous sommes en effet des gens qui demandons l’égalité pour tous, et tous donc auront le droit de travailler au sein de la fonction publique.
Il est véritablement étrange que nous entendions partout, tout le temps et à chaque coin de rue les beaux et grands discours sur la démocratie, sur l’égalité des droits et des obligations mais que, en même temps, ces voix s’élèvent pour réclamer un emploi qu’on ne peut appeler autrement que privilège, un privilège qui ne se fonde sur aucune légitimité, de quelque type qu’elle puisse être, logique, juridique ou même fonctionnelle…
Revêtons-nous donc de courage citoyen et reconnaissons-le: est-il logique aujourd’hui que nous puissions demander l’Etat de recruter tous les lauréats ?Quelle logique de gestion publique admettrait-elle cela, où que ce soit dans le monde ? Pourquoi exige-t-on donc de l’Etat un recrutement direct alors même que le secteur privé organise des concours et épreuves d’admission pour évaluer les candidats à l’emploi ? Comment peut-on demander à l’Etat d’améliorer ses services publics et que, dans le même temps, nous lui imposions de procéder au recrutement direct, sans tests préalables, de « tous » les diplômés supérieurs ?
Ne pas être d’accord politiquement et idéologiquement avec le PJD ne doit pas nous conduire pour autant à soutenir des réclamations et des demandes illégitimes, au prétexte que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ».
Galvauder la contestation et la notion de grève ne sert personne, et encore moins les grandes causes. Pour la question du chômage, par exemple, et au lieu d’évoquer le problème de l’éducation (qui en est la principale origine) et sa compatibilité avec le marché du travail, au lieu de débattre du rôle de l’Etat dans l’investissement et dans sa politique d’incitation à l’investissement, au lieu de discuter de l’obligation qu’a l’Etat de lancer des initiatives pour aider les diplômés à trouver leur premier emploi (fiscalité, mise à niveau, accompagnement…)… au lieu d’opter pour ces approches, voilà que nous restons otages de revendications aussi illogiques qu’illégales car elles portent atteinte à la notion même de l’égalité en termes de citoyenneté et de chances.
Et le plus dangereux est que ce type de « militantisme » sauvage et illégitime nuit aux autres luttes et combats sociaux, plus légitimes.Ainsi, demain, plus tard, nous ne trouverons plus personne qui soutienne des causes justes portées par des institutions et organismes de la société civile ou par de simples citoyens.
Cela fait plusieurs mois que j’observe ces manifestations face au parlement et la réaction des gens qui passent devant… indifférence, totale indifférence pour ce qui se déroule sous leurs yeux. Personne ne lit même plus les banderoles ni ne s’intéresse aux slogans. Pourquoi ? Nous gagnerions à nous interroger, en effet, profondément, sérieusement, sur les causes de cette indifférence. Et la raison n’est pas que le Marocain n’accorde plus d’importance aux combats sociaux et/ou sociétaux de son pays, car nous l’avons vu sortir quand une cause l’interpelle réellement.
Mais il semblerait que des « militants » de petites causes, de causes qui n’en sont pas, participent à réduire la portée des grands débats sur les grandes questions…
http://www.panoramaroc.ma/fr/les-enchomages-entravent-le-vrai-militantisme-par-sanaa-elaji/