Les Etats-Unis ont tué 288.000 musulmans en 30 ans
C'est l'estimation la plus basse, selon un professeur d'Harvard.
Ceci est un article de Stephen M. Walt, professeur en relations internationales à l'université d'Harvard, paru dans le magazine Foreign Policy, qui fait partie du groupe Slate.
***
Tom Friedman a écrit une chronique particulièrement stupide dimanche 29 novembre dans les colonnes New York Times, ce qui n'est pas peu dire étant donné sa tendance à l'arrogance et à la suffisance. Selon Friedman, la grande difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans le monde arabe et islamique est «le Narratif», le terme condescendant qu'il utilise pour parler du prétendu rôle négatif que jouent les Etats-Unis dans la région. Selon lui, si les musulmans n'étaient pas aussi irrationnels, ils reconnaitraient que «la politique étrangère américaine a été en grande partie dédiée à sauver les musulmans ou à essayer de les libérer de la tyrannie.» Il admet que nous avons fait quelques erreurs ici et là (comme Abu Ghraib par exemple), mais le vrai problème, ce sont toutes ces fables anti-américaines que les musulmans se racontent entre eux pour éviter d'assumer leurs propres actions.
J'ai entendu une autre version de l'histoire lors d'une récente conférence sur les relations entre les Etats-Unis et le monde islamique. En plus d'entendre les points de vue de différents pays islamiques, un des participants (un éminent journaliste anglais) s'est exprimé de la sorte: «Si les Etats-Unis veulent améliorer leur image dans le monde islamique, ils devraient commencer par arrêter de tuer des musulmans.»
Je ne pense pas que les choses soient si simples que cela, mais ce commentaire m'a fait réfléchir: combien de musulmans les Etats-Unis ont-ils tué au cours des trente dernières années? Répondre à cette question par un chiffre exact est sûrement impossible, mais cela n'est pas nécessaire, les chiffres approximatifs étant tellement irrationnels.
Voici mon analyse approximative, volontairement basée sur des estimations qui avantagent les Etats-Unis. Plus précisément, j'ai pris les estimations les plus basses des victimes musulmanes, avec des chiffres bien plus fiables pour les morts américains.
Je le répète: j'ai volontairement sélectionné les estimations les plus basses pour les victimes musulmanes. Ces chiffres représentent donc le «meilleur scénario» pour les Américains. Et pourtant, les Américains ont quand même tué presque 30 musulmans pour chaque perte américaine. Le vrai ratio est probablement bien plus élevé, et le plafond raisonnable (basé en grande partie sur une estimation plus élevée des «morts supplémentaires» en Irak dues au régime de sanction et à l'occupation depuis 2003) se situe bien au dessus du million, ce qui équivaut à 100 victimes musulmanes pour chaque perte américaine.
De tels chiffres doivent évidemment être pris avec des pincettes, et plusieurs réserves doivent être considérées. D'abord, les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables pour certaines de ces victimes, notamment dans le cas des «morts supplémentaires» attribuables au régime de sanction de l'ONU contre l'Irak. Saddam Hussein a clairement sa part de responsabilité dans ces «morts supplémentaires» dans la mesure où il aurait pu se soumettre aux résolutions du conseil de sécurité et obtenir ainsi une levée des sanctions, ou utiliser le programme «pétrole contre nourriture» correctement. Il n'empêche, les Etats-Unis (et les autres membres du conseil de sécurité) savaient que le fait de maintenir des sanctions allait causer la mort de dizaines de milliers d'innocents, et nous l'avons quand-même fait.
C'est l'estimation la plus basse, selon un professeur d'Harvard.
Ceci est un article de Stephen M. Walt, professeur en relations internationales à l'université d'Harvard, paru dans le magazine Foreign Policy, qui fait partie du groupe Slate.
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Tom Friedman a écrit une chronique particulièrement stupide dimanche 29 novembre dans les colonnes New York Times, ce qui n'est pas peu dire étant donné sa tendance à l'arrogance et à la suffisance. Selon Friedman, la grande difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans le monde arabe et islamique est «le Narratif», le terme condescendant qu'il utilise pour parler du prétendu rôle négatif que jouent les Etats-Unis dans la région. Selon lui, si les musulmans n'étaient pas aussi irrationnels, ils reconnaitraient que «la politique étrangère américaine a été en grande partie dédiée à sauver les musulmans ou à essayer de les libérer de la tyrannie.» Il admet que nous avons fait quelques erreurs ici et là (comme Abu Ghraib par exemple), mais le vrai problème, ce sont toutes ces fables anti-américaines que les musulmans se racontent entre eux pour éviter d'assumer leurs propres actions.
J'ai entendu une autre version de l'histoire lors d'une récente conférence sur les relations entre les Etats-Unis et le monde islamique. En plus d'entendre les points de vue de différents pays islamiques, un des participants (un éminent journaliste anglais) s'est exprimé de la sorte: «Si les Etats-Unis veulent améliorer leur image dans le monde islamique, ils devraient commencer par arrêter de tuer des musulmans.»
Je ne pense pas que les choses soient si simples que cela, mais ce commentaire m'a fait réfléchir: combien de musulmans les Etats-Unis ont-ils tué au cours des trente dernières années? Répondre à cette question par un chiffre exact est sûrement impossible, mais cela n'est pas nécessaire, les chiffres approximatifs étant tellement irrationnels.
Voici mon analyse approximative, volontairement basée sur des estimations qui avantagent les Etats-Unis. Plus précisément, j'ai pris les estimations les plus basses des victimes musulmanes, avec des chiffres bien plus fiables pour les morts américains.
Je le répète: j'ai volontairement sélectionné les estimations les plus basses pour les victimes musulmanes. Ces chiffres représentent donc le «meilleur scénario» pour les Américains. Et pourtant, les Américains ont quand même tué presque 30 musulmans pour chaque perte américaine. Le vrai ratio est probablement bien plus élevé, et le plafond raisonnable (basé en grande partie sur une estimation plus élevée des «morts supplémentaires» en Irak dues au régime de sanction et à l'occupation depuis 2003) se situe bien au dessus du million, ce qui équivaut à 100 victimes musulmanes pour chaque perte américaine.
De tels chiffres doivent évidemment être pris avec des pincettes, et plusieurs réserves doivent être considérées. D'abord, les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables pour certaines de ces victimes, notamment dans le cas des «morts supplémentaires» attribuables au régime de sanction de l'ONU contre l'Irak. Saddam Hussein a clairement sa part de responsabilité dans ces «morts supplémentaires» dans la mesure où il aurait pu se soumettre aux résolutions du conseil de sécurité et obtenir ainsi une levée des sanctions, ou utiliser le programme «pétrole contre nourriture» correctement. Il n'empêche, les Etats-Unis (et les autres membres du conseil de sécurité) savaient que le fait de maintenir des sanctions allait causer la mort de dizaines de milliers d'innocents, et nous l'avons quand-même fait.