SNCF: grève bien suivie des conducteurs, trafic perturbé
Le trafic SNCF était perturbé jeudi en raison d'une grève bien suivie des conducteurs, 39% selon la direction et 55% selon la CGT, pour protester contre un assouplissement des conditions de travail dans le fret, jugé nécessaire par la SNCF pour "être compétitif" face au privé.
"Le taux de grévistes est de 39,05%" chez les conducteurs, a indiqué la direction de la SNCF en fin de matinée.
La CGT a estimé ce taux à "55,7%". "A l'appel de seulement deux syndicats (Sud et CGT), le message adressé est solide", a commenté Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT cheminots, en précisant qu'il se basait sur les prises de service prévues des conducteurs jeudi matin et non sur l'ensemble des agents de conduite.
Selon la SNCF, le service assuré jeudi était conforme à son programme, avec des perturbations un peu moins fortes que prévu en Ile de France.
Le trafic était perturbé pour le TGV Atlantique (un train sur deux), le TGV Sud-Est (3 trains sur 4) et sur les TGV province-province (un peu moins de 3 trains sur 4). Le Thalys vers la Belgique était perturbé mais pas les autres TGV transfontaliers.
Sur le réseau TER, il y a avait un train sur deux en moyenne, à l'exception de la Picardie (normal), et la moitié des trains Corail circulaient.
En banlieue parisienne, 50% du trafic sur les rames SNCF du RER B était assuré, au lieu des 35% prévus initialement. 65% des rames sont en service sur le RER C, 50% sur le RER D, et 75% sur le RER E au lieu de 65% prévu.
A Paris, 65% des trains étaient assurés au départ de Paris Est, 50% de Paris Nord, 50% de Montparnasse et 35% de la gare de Lyon.
Au départ et à l'arrivée de Saint-Lazare, 50% des trains circulaient au lieu de 40% prévus initialement.
Didier Le Reste a réitéré jeudi ses critiques contre "la déréglementation des conditions de vie et de travail" des conducteurs du fret, qui a selon lui vocation à s'étendre aux activités voyageurs, l'idée étant de "baisser les conditions sociales des cheminots".
"On a des droits sociaux qui ne sont pas les mêmes que ceux du privé, il ne s'agit pas de les bazarder et de tout flanquer par dessus bord", a déclaré sur France Inter le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy. "Mais il s'agit de faire en sorte que les cheminots SNCF soient aussi efficaces et compétitifs que les cheminots du privés".
Le marché du fret est ouvert à la concurrence depuis 2003 pour l'international et depuis 2006 pour le trafic national, et le redressement de la branche fret SNCF, déficitaire, est un des objectifs de la SNCF.
Les modifications souhaitées par la direction concernent notamment le nombre maximal d'heures de conduite consécutives, le nombre de nuits de conduite d'affilée et la durée des repos.
Une négociation à ce sujet a capoté ce printemps, à la suite de quoi la SNCF a lancé un appel à des volontaires, qui seraient 800 à accepter les nouvelles conditions.
"La direction veut allonger le temps maximal de conduite de nuit, de 6 heures actuellement à au moins 7 heures trente", a cité à titre d'exemple Bruno Duchemin, secrétaire général du 2e syndicat de conducteurs, la Fgaac, qui est contre le projet de la direction mais n'a pas appelé à la grève.
"7 heures trente de conduite sans pause nous semble au delà de la limite physiologique des agents et dangereux pour la sécurité", a-t-il commenté.
Pour Didier Le Reste (CGT), le problème du fret, ce n'est pas les conditions des conducteurs, mais la stratégie de la SNCF. La SNCF "ne résiste pas à la concurrence, elle la favorise" en abandonnant des parts de marchés, a-t-il estimé.