extrait d'un paragraphe du livre d'amine maalouf "les identites meurtrieres"
Ce qui me ramène à mon interrogation initiale : par quoi pourrait-on remplacer aujourdhui lappartenance à une communauté de croyants ?
La difficulté que suggèrent les pages qui précédent ,cest que cette appartenance-là apparait désormais comme lappartenance ultime ,la moins éphémère, la mieux enracinée ,la seule qui puisse combler tant de besoins essentiels de lhomme ;et quelle ne pourrait être durablement supplantée par dautre appartenances traditionnelles - la nation ,lethnie ,la race, ni même la classe - qui toutes savèrent plus étroites , plus limitatives ,et guère moins meurtrières ; si lappartenance à « tribu planétaire » doit être dépassée , ce ne peut être que vers une appartenance bien plus vaste encore ,porteuse dune vision humaniste plus complète.
Sans doute, me dirait t-on , mais laquelle ? Quelle « appartenance plus vaste » ?et quelle « vision humaniste » ? il suffit de promener son regard de par le monde pour constater quil nya, face aux puissance appartenances viscérales qui ont démontré leurs capacités mobilisatrices tout au long de lHistoire, aucune appartenance nouvelle capable de faire contrepoids. Dautant que toute vision qui se veut globale suscite aujourdhui la méfiance de nos contemporains, soit quelle leur semble naïve, soit quelle leur paraisse dangereuse pour leur identité.
Méfiance et sans aucun doute lun des mots clés de notre temps. Méfiance à légard des idéologies, des lendemains qui chantent, méfiance à légard de la politique , de la science ,de la raison ,de la modernite.mefiance a légard de lidée de progrès ,et de pratiquement tout ce a quoi nous avons pu croire tout au long du XX siècle un siècle de grandes réalisations, sans aucun précédent depuis laube des temps, mais un siècle de crimes impardonnables et despérances déçues. Méfiance, aussi, à légard de tout ce qui apparait comme global, mondial ou planétaire.
Il ya encore quelques années, bien des gens auraient été prêts à accepter lidée dune appartenance planétaire considérée, en quelque sorte, comme laboutissement naturel de lhistoire humaine ; ainsi, un habitant de Turin, après avoir été piémontais puis citoyen italien, allait devenir successivement citoyen européen puis citoyen du monde .je simplifie a lextrême, mais cette idée dune marche irréversible vers des appartenances de plus en plus vastes ne paraissait pas outrancière. Par regroupements régionaux successifs, lhumanité allait atteindre un jours le rassemblement suprême ;il y eut même des théories fort séduisantes sur les deux systèmes rivaux, le capitaliste et le communiste, qui devaient converger lun vers lautre, le premier se faisant de plus en plus social, le seconde de moins en moins dirigiste, jusqua ne plus faire quun. De même pour les religions. Dont on prédisait quelle allait se rejoindre en un vaste syncrétisme réconfortant.
laissez vos commentaire sur l'extrait!
Ce qui me ramène à mon interrogation initiale : par quoi pourrait-on remplacer aujourdhui lappartenance à une communauté de croyants ?
La difficulté que suggèrent les pages qui précédent ,cest que cette appartenance-là apparait désormais comme lappartenance ultime ,la moins éphémère, la mieux enracinée ,la seule qui puisse combler tant de besoins essentiels de lhomme ;et quelle ne pourrait être durablement supplantée par dautre appartenances traditionnelles - la nation ,lethnie ,la race, ni même la classe - qui toutes savèrent plus étroites , plus limitatives ,et guère moins meurtrières ; si lappartenance à « tribu planétaire » doit être dépassée , ce ne peut être que vers une appartenance bien plus vaste encore ,porteuse dune vision humaniste plus complète.
Sans doute, me dirait t-on , mais laquelle ? Quelle « appartenance plus vaste » ?et quelle « vision humaniste » ? il suffit de promener son regard de par le monde pour constater quil nya, face aux puissance appartenances viscérales qui ont démontré leurs capacités mobilisatrices tout au long de lHistoire, aucune appartenance nouvelle capable de faire contrepoids. Dautant que toute vision qui se veut globale suscite aujourdhui la méfiance de nos contemporains, soit quelle leur semble naïve, soit quelle leur paraisse dangereuse pour leur identité.
Méfiance et sans aucun doute lun des mots clés de notre temps. Méfiance à légard des idéologies, des lendemains qui chantent, méfiance à légard de la politique , de la science ,de la raison ,de la modernite.mefiance a légard de lidée de progrès ,et de pratiquement tout ce a quoi nous avons pu croire tout au long du XX siècle un siècle de grandes réalisations, sans aucun précédent depuis laube des temps, mais un siècle de crimes impardonnables et despérances déçues. Méfiance, aussi, à légard de tout ce qui apparait comme global, mondial ou planétaire.
Il ya encore quelques années, bien des gens auraient été prêts à accepter lidée dune appartenance planétaire considérée, en quelque sorte, comme laboutissement naturel de lhistoire humaine ; ainsi, un habitant de Turin, après avoir été piémontais puis citoyen italien, allait devenir successivement citoyen européen puis citoyen du monde .je simplifie a lextrême, mais cette idée dune marche irréversible vers des appartenances de plus en plus vastes ne paraissait pas outrancière. Par regroupements régionaux successifs, lhumanité allait atteindre un jours le rassemblement suprême ;il y eut même des théories fort séduisantes sur les deux systèmes rivaux, le capitaliste et le communiste, qui devaient converger lun vers lautre, le premier se faisant de plus en plus social, le seconde de moins en moins dirigiste, jusqua ne plus faire quun. De même pour les religions. Dont on prédisait quelle allait se rejoindre en un vaste syncrétisme réconfortant.
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