Dans les douars et quartiers environnants le cimetière Errahma, les écoles enregistrent des absences répétées des élèves à cause de la mendicité. Les points noirs de la mendicité sont les bus, les grands croisements, les sorties des gares ferroviaires ou routières et à proximité des grands hôtels. Les frontières entre vagabondage et mendicité sont poreuses. Le vendeur de mouchoirs ou de chewin-gum mue facilement en mendiant.
Il est 9h du matin. Nous sommes devant les locaux du Samu social de Casablanca. L’activité dans ce centre a démarré bien plus tôt. Des enfants s’y rendent chaque jour après avoir passé la nuit dans la rue. Les uns pour une douche et pour changer leurs vêtements. Les autres, mal au point, pour une prise en charge médicale. Des femmes enceintes se pointent au département social à la recherche d’une aide pour entamer des démarches administratives et juridiques. A l’intérieur, des mères avec leurs bébés et des personnes âgées se partagent les 32 lits disponibles pour le service de nuit.
Les bouchons de circulation, une aubaine !
Soudain, le centre s’anime. On entend des enfants et des adolescents crier : «Lgrima ja, lgrima ja…» (L’agrément est là). Lgrima, c’est Bouchaïb, un handicapé qui vient le matin au Samu Social. Les enfants se battent pour avoir le privilège de le conduire en chaise roulante entre les automobiles des feux rouges du centre-ville, là où les bouchons sont nombreux. Bouchaïb donne entre 100 et 200 DH à celui qui s’attelle à cette tâche. «S’il réserve cette somme à un gamin qui lui fait le tour des voitures, vous pouvez imaginer ce que lui rapporte cette activité», lance Mme Bahous Wafaa, directrice du Samu de Casablanca.
Pour les personnes qui vivent dans la rue, la mendicité est, avec la prostitution, l’unique moyen de subsistance. «Nous sommes un service d’aide mobile d’urgence sociale. Nous travaillons donc dans la rue avec les sans-abri. La mendicité, c’est le problème numéro un du Samu. Tant qu’il y a des gens qui donnent de l’argent dans la rue on ne peut pas remplir notre rôle comme il le faut», explique encore Wafaa Bahous. En d’autres termes, tant que l’argent circule dans la rue, il est quasiment impossible de faire face à des phénomènes de société aussi lourds que les enfants SDF…
La vie dans la rue est certainement dure et dangereuse mais elle n’est pas toujours hostile. Selon les SDF, la consommation de l’alcool ou de la colle à sniffer la rend plus «intéressante», plus «palpitante» que la vie dans un centre d’hébergement, d’autant plus qu’on peut toujours s’en sortir grâce à la mendicité. «Il y a des familles qui gagnent jusqu’à 1000 DH par jour. On ne peut tout simplement pas engager un processus de réinsertion avec ce genre de profils parce que l’on ne peut tout simplement pas concurrencer la rue», déplore Hind Choukri, assistante sociale à Riad Amal, une association qui travaille en collaboration avec le Samu Social
Changement de décor : dans les cimetières Errahma, Al Ghofrane ou encore Chouhada, des centaines, voire des milliers de mendiants y «travaillent» quotidiennement : enfants, handicapés, personnes âgées et mères avec des nourrissons. Au cimetière Errahma, à partir de 10 heures du matin, une armée d’enfants de 8 à 12 ans envahit les environs et l’intérieur du cimetière. On les trouve partout : à côté de la mosquée, dans le parking réservé aux voitures mais aussi dans le sillage de l’ambulance qui transporte le défunt, à l’entrée et dans les multiples allées que compte le cimetière. Pour les enfants, cette activité leur permet d’avoir un statut dans des familles matériellement fragilisées. Ce haut-lieu de la mendicité est investi par une population fournie qui vit dans les douars avoisinants ainsi que dans le quartier Errahma.
Il est 9h du matin. Nous sommes devant les locaux du Samu social de Casablanca. L’activité dans ce centre a démarré bien plus tôt. Des enfants s’y rendent chaque jour après avoir passé la nuit dans la rue. Les uns pour une douche et pour changer leurs vêtements. Les autres, mal au point, pour une prise en charge médicale. Des femmes enceintes se pointent au département social à la recherche d’une aide pour entamer des démarches administratives et juridiques. A l’intérieur, des mères avec leurs bébés et des personnes âgées se partagent les 32 lits disponibles pour le service de nuit.
Les bouchons de circulation, une aubaine !
Soudain, le centre s’anime. On entend des enfants et des adolescents crier : «Lgrima ja, lgrima ja…» (L’agrément est là). Lgrima, c’est Bouchaïb, un handicapé qui vient le matin au Samu Social. Les enfants se battent pour avoir le privilège de le conduire en chaise roulante entre les automobiles des feux rouges du centre-ville, là où les bouchons sont nombreux. Bouchaïb donne entre 100 et 200 DH à celui qui s’attelle à cette tâche. «S’il réserve cette somme à un gamin qui lui fait le tour des voitures, vous pouvez imaginer ce que lui rapporte cette activité», lance Mme Bahous Wafaa, directrice du Samu de Casablanca.
Pour les personnes qui vivent dans la rue, la mendicité est, avec la prostitution, l’unique moyen de subsistance. «Nous sommes un service d’aide mobile d’urgence sociale. Nous travaillons donc dans la rue avec les sans-abri. La mendicité, c’est le problème numéro un du Samu. Tant qu’il y a des gens qui donnent de l’argent dans la rue on ne peut pas remplir notre rôle comme il le faut», explique encore Wafaa Bahous. En d’autres termes, tant que l’argent circule dans la rue, il est quasiment impossible de faire face à des phénomènes de société aussi lourds que les enfants SDF…
La vie dans la rue est certainement dure et dangereuse mais elle n’est pas toujours hostile. Selon les SDF, la consommation de l’alcool ou de la colle à sniffer la rend plus «intéressante», plus «palpitante» que la vie dans un centre d’hébergement, d’autant plus qu’on peut toujours s’en sortir grâce à la mendicité. «Il y a des familles qui gagnent jusqu’à 1000 DH par jour. On ne peut tout simplement pas engager un processus de réinsertion avec ce genre de profils parce que l’on ne peut tout simplement pas concurrencer la rue», déplore Hind Choukri, assistante sociale à Riad Amal, une association qui travaille en collaboration avec le Samu Social
Changement de décor : dans les cimetières Errahma, Al Ghofrane ou encore Chouhada, des centaines, voire des milliers de mendiants y «travaillent» quotidiennement : enfants, handicapés, personnes âgées et mères avec des nourrissons. Au cimetière Errahma, à partir de 10 heures du matin, une armée d’enfants de 8 à 12 ans envahit les environs et l’intérieur du cimetière. On les trouve partout : à côté de la mosquée, dans le parking réservé aux voitures mais aussi dans le sillage de l’ambulance qui transporte le défunt, à l’entrée et dans les multiples allées que compte le cimetière. Pour les enfants, cette activité leur permet d’avoir un statut dans des familles matériellement fragilisées. Ce haut-lieu de la mendicité est investi par une population fournie qui vit dans les douars avoisinants ainsi que dans le quartier Errahma.