Les musulmans, si méprisés, si désirés

il y a 26 min
Il n'aura échappé à personne que depuis des mois l'islam fait la une de la presse. 2009 a été en la matière un bon cru. L'islam en France n'est pourtant pas tout jeune. Malgré tout, nombre de politiques ont cru bon de faire comme s'ils découvraient cette

Le coutumier mépris de l'étranger en général, du musulman en particulier

Nous avons en effet eu tour à tour :

- André Gérin, l'imam rouge, qui doit son surnom au soutien qu'il a su entretenir auprès des associations musulmanes du Rhône, soutien qui lui a permis de conserver pendant des années son siège de maire ;

- Jean-François Copé, celui qui voulait devenir Sarkozy, qui trouve en l'islam l'occasion parfaite de contrefaire son ennemi juré pour mieux le remplacer dans un avenir proche ;

- Nadine Morano, l'ex-banlieusarde qui nous réconcilie avec la théorie sarkozyenne de la salubrité publique dans les cités.

La liste n'est évidemment pas exhaustive. Les cas de sorties islamophobes ont été nombreux ces derniers temps, campagne électorale oblige. Ils ont pu se multiplier à la faveur d'une part d'un blanc-seing implicite de l'Elysée, confirmé dans une tribune parue dans Le Monde la semaine dernière, d'autre part du silence indigne - mais cohérent - des autorités musulmanes, lesquelles craignent comme le Diable la colère de l'hôte de l'Elysée. Pour vivre longtemps, vivons muets.



Des musulmans qui pèsent lourd économiquement

Paradoxalement, dans le même temps, les musulmans sont désirés.

Farouchement désirés. Pourquoi ? Parce qu'ils sont de bons petits Français, des Français de terroir aux racines exotiques. Une révolution sociologique silencieuse s'opère depuis des années en France, celles des musulmans de France : nous sommes passés d'une population pauvre et allogène à une population plus riche, voire beaucoup plus riche, et autochtone (au sens premier du terme, c'est-à-dire "née de la terre").

Cette révolution sociologique se traduit, dans le domaine économique, d'une part par un formidable pouvoir d'achat (les musulmans d'aujourd'hui sont bien plus riches que leurs parents et plus nombreux) et d'autre part par un appel d'air extraordinaire, surtout en cette période de crise, pour les industriels à la recherche de relais de croissance: les musulmans, du fait de leurs exigences relatives au halal, démultiplient les opportunités d'affaire. Parce qu'ils sont français, parce qu'ils veulent manger français, ils permettent en effet de nouveaux marchés. Il suffit de voir la réussite de ces restaurants gastronomiques qui doivent leur succès à... une raclette halal, une flamenkusch halal, des pâtes à la carbonara halal. Non seulement ces restaurants ne désemplissent pas, mais ils se multiplient depuis trois ans. Leur secret? Un superbe couscous? Non. De la bonne gastronomie française... mais halal.

Des grandes noms de l'industrie agro-alimentaires ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Le groupe Casino, par exemple, après un début maladroit, mène une politique offensive. Après avoir commercialisé le 1er août dernier sa propre gamme de produits halal, l'enseigne travaille à rassurer les musulmans sur le label halal des produits vendus dans ses magasins. On peut penser à cet égard que courant 2010, grâce à sa politique commerciale rigoureuse, le groupe pourra enfin proposer aux musulmans des produits strictement halal, ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui.

A contrario, le groupe KFC, qui pendant des années a laissé croire à ses clients que le poulet qu'il vendait était halal - ce qui n'est pas le cas, comme devait le mettre au jour un reportage censuré en octobre dernier par M6 - se mord aujourd'hui les doigts et cherche à se refaire une virginité en mettant enfin en place des procédures assurant que le caractère halal de ses poulets.

Plus généralement, tout le monde veut sa part de halal: le marché des consommateurs musulmans que l'on peut aisément estimer aux alentours de 6 milliards d'euros a, en ces temps de crise, une progression insolente (à deux chiffres). Sans parler de la finance islamique qui amène l'Etat à faire la danse du ventre pour s'attirer les faveurs sonnantes et trébuchantes des musulmans, d'ici et d'ailleurs.

Les musulmans, même si on les méprise, sont devenus indispensables.
 

Chouchou_TN

Man U out! dAIGouté
Cette révolution sociologique se traduit, dans le domaine économique, d'une part par un formidable pouvoir d'achat (les musulmans d'aujourd'hui sont bien plus riches que leurs parents et plus nombreux) et d'autre part par un appel d'air extraordinaire, surtout en cette période de crise, pour les industriels à la recherche de relais de croissance: les musulmans, du fait de leurs exigences relatives au halal, démultiplient les opportunités d'affaire. Parce qu'ils sont français, parce qu'ils veulent manger français, ils permettent en effet de nouveaux marchés. Il suffit de voir la réussite de ces restaurants gastronomiques qui doivent leur succès à... une raclette halal, une flamenkusch halal, des pâtes à la carbonara halal. Non seulement ces restaurants ne désemplissent pas, mais ils se multiplient depuis trois ans. Leur secret? Un superbe couscous? Non. De la bonne gastronomie française... mais halal.
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j'ai jamais rencontré un de ces restaurants,
faut dire que j'habite pas le centre du monde..

révolut° sociale = révolut° sociologique ??
 

kolargool

schtroumpf CoCo
VIB
il y a 26 min
Il n'aura échappé à personne que depuis des mois l'islam fait la une de la presse. 2009 a été en la matière un bon cru. L'islam en France n'est pourtant pas tout jeune. Malgré tout, nombre de politiques ont cru bon de faire comme s'ils découvraient cette

Le coutumier mépris de l'étranger en général, du musulman en particulier

Nous avons en effet eu tour à tour :

- André Gérin, l'imam rouge, qui doit son surnom au soutien qu'il a su entretenir auprès des associations musulmanes du Rhône, soutien qui lui a permis de conserver pendant des années son siège de maire ;

- Jean-François Copé, celui qui voulait devenir Sarkozy, qui trouve en l'islam l'occasion parfaite de contrefaire son ennemi juré pour mieux le remplacer dans un avenir proche ;

- Nadine Morano, l'ex-banlieusarde qui nous réconcilie avec la théorie sarkozyenne de la salubrité publique dans les cités.

La liste n'est évidemment pas exhaustive. Les cas de sorties islamophobes ont été nombreux ces derniers temps, campagne électorale oblige. Ils ont pu se multiplier à la faveur d'une part d'un blanc-seing implicite de l'Elysée, confirmé dans une tribune parue dans Le Monde la semaine dernière, d'autre part du silence indigne - mais cohérent - des autorités musulmanes, lesquelles craignent comme le Diable la colère de l'hôte de l'Elysée. Pour vivre longtemps, vivons muets.



Des musulmans qui pèsent lourd économiquement

Paradoxalement, dans le même temps, les musulmans sont désirés.

Farouchement désirés. Pourquoi ? Parce qu'ils sont de bons petits Français, des Français de terroir aux racines exotiques. Une révolution sociologique silencieuse s'opère depuis des années en France, celles des musulmans de France : nous sommes passés d'une population pauvre et allogène à une population plus riche, voire beaucoup plus riche, et autochtone (au sens premier du terme, c'est-à-dire "née de la terre").

Cette révolution sociologique se traduit, dans le domaine économique, d'une part par un formidable pouvoir d'achat (les musulmans d'aujourd'hui sont bien plus riches que leurs parents et plus nombreux) et d'autre part par un appel d'air extraordinaire, surtout en cette période de crise, pour les industriels à la recherche de relais de croissance: les musulmans, du fait de leurs exigences relatives au halal, démultiplient les opportunités d'affaire. Parce qu'ils sont français, parce qu'ils veulent manger français, ils permettent en effet de nouveaux marchés. Il suffit de voir la réussite de ces restaurants gastronomiques qui doivent leur succès à... une raclette halal, une flamenkusch halal, des pâtes à la carbonara halal. Non seulement ces restaurants ne désemplissent pas, mais ils se multiplient depuis trois ans. Leur secret? Un superbe couscous? Non. De la bonne gastronomie française... mais halal.

Des grandes noms de l'industrie agro-alimentaires ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Le groupe Casino, par exemple, après un début maladroit, mène une politique offensive. Après avoir commercialisé le 1er août dernier sa propre gamme de produits halal, l'enseigne travaille à rassurer les musulmans sur le label halal des produits vendus dans ses magasins. On peut penser à cet égard que courant 2010, grâce à sa politique commerciale rigoureuse, le groupe pourra enfin proposer aux musulmans des produits strictement halal, ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui.

A contrario, le groupe KFC, qui pendant des années a laissé croire à ses clients que le poulet qu'il vendait était halal - ce qui n'est pas le cas, comme devait le mettre au jour un reportage censuré en octobre dernier par M6 - se mord aujourd'hui les doigts et cherche à se refaire une virginité en mettant enfin en place des procédures assurant que le caractère halal de ses poulets.

Plus généralement, tout le monde veut sa part de halal: le marché des consommateurs musulmans que l'on peut aisément estimer aux alentours de 6 milliards d'euros a, en ces temps de crise, une progression insolente (à deux chiffres). Sans parler de la finance islamique qui amène l'Etat à faire la danse du ventre pour s'attirer les faveurs sonnantes et trébuchantes des musulmans, d'ici et d'ailleurs.

Les musulmans, même si on les méprise, sont devenus indispensables.

Nul n'est indispensable.. .
 
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