Les pathologies des bords de route ne sont peut-être pas toujours celles qu'on croit

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Les pathologies des bords de route ne sont peut-être pas toujours celles qu'on croit !
23/12/08 (revue médicale)



Les pathologies des bords de route ne sont peut-être pas toujours celles qu'on croit !
Les hommes arrêtent volontiers leurs voitures sur le bord des routes pour pique-niquer, se dégourdir les jambes, balader leur animal favori, ramasser quelques baies ou s'autoriser un peu de romance... Se rendent-ils toujours compte qu'ils participent ainsi, bien malgré eux, à la création d'un micro système écologique particulier gouverné par des lois propres ?

Les routes, surchargées à certains moments et vides à d'autres, serpentent dans des environnements de natures variés et parfois originellement très sauvage ; elles peuvent, pour les faunes locales, représenter tant des abris attractifs que des objets de répulsion ; les deux ne s'excluant pas obligatoirement dans le temps. Les routes modifient l'écologie animale des alentours, et perturbent in fine des cycles naturels parfois impliqués dans la transmission de certaines maladies vectorielles, en particulier celles dues aux tiques. La revue de PH Haemig et coll., en se penchant sur un sujet si original, soulève certainement plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Voilà quelques unes des réflexions les plus surprenantes qui y sont proposées.

La mortalité de plusieurs espèces augmente le long des routes. A côté du braconnage et autres conduites humaines illicites, les déchets abandonnés par les automobilistes pourraient jouer un rôle particulier. En Virginie, on a relevé jusqu'à 2 461 bouteilles vides/km d'autoroute : sale, mais pas seulement, puisque 4 % d'entre elles contenaient de petits vertébrés morts (campagnols, mulots, souris, salamandres, lézards et autres). Un tel état de fait pourrait-il avoir pour conséquence une transmission accrue de certaines zoonoses à tiques ? PH Haeming s'interroge, avant de constater qu'aucune étude n'a été consacrée à la question.

Le long des routes, et en particulier des autoroutes, il y a des passages réservés aux animaux. Certains passent par dessus les voies, d'autres en dessous ; les animaux ont leurs préférences, auxquelles ils ne dérogent guère (carnivores par-dessous, ongulés souvent par-dessus sauf l'ours noir qui prend n'importe lequel). Et encore une fois, l'auteur pose une question à laquelle il ne répond pas : si un homme empreinte ces voies, n'est-ce pas au prix d'un risque plus élevé d'infection à tique ?

Attraction et répulsion routières animales. Deux phénomènes complexes où il n'est pas facile de se reconnaître. Certains oiseaux peuvent être attirés par les routes, et d'autres éloignés comme l'avait montré une étude finlandaise sur autoroute. Les petits mammifères sont souvent stoppés par les routes, proportionnellement à leur largeur et à la circulation. Un fait qui pourrait indirectement favoriser la prolifération de certains tiques et (parfois) la transmission murine de Borrelia burgdorferi, comme cela a été suggéré dans le Wisconsin dans les années 1980.

Les aires de stationnement, enfin, pourraient parfois jouer des rôles de concentrateurs avec des risques accrus sur les talus herbus, là ou les humains aiment venir se soulager...

Force est de reconnaître qu'on ne sort pas de la lecture de cette revue « la peur au ventre » et qu'il semble préférable pour la santé de continuer à respecter quelques pauses lors d'un long trajet en voiture. Mais il est surprenant, comme le soulignent les Suédois, qu'en cette période tardive de l'histoire humaine, aucune étude conséquente de l'épidémiologie des corridors routiers n'ait encore jamais été réalisée.
 
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