Article de 2008 sur le site de l'OM (ca me fait mal d'écrire ces 2 lettres ....)
Ces Olympiens qui jonglent avec le ramadan
Le rite musulman a débuté hier. Certains joueurs de l'OM concilient leurs convictions religieuses et leur exigeant métier
Le sport est assurément le domaine d'activité, ou de loisir pour les amateurs, où religions et cultures s'entremêlent sans constituer un quelconque frein à la vie de groupe, à l'épanouissement collectif.
En fait, c'est un peu comme si les esprits s'ouvraient en même temps que la porte du vestiaire. Une porte, hélas, désespérément close. Il ne s'agit là ni de préserver un secret, ni de paranoïa aiguë ; simplement, tout ce qui touche à la religion est d'abord une affaire avec soi. La croyance, la pratique ne regardent que l'individu. Àl'heure où a débuté, hier, le ramadan, pas facile donc d'amener le petit groupe d'Olympiens musulmans sur ce terrain-là.
Médecin du club depuis un an et demi, Christophe Baudot a, lui, choisi d'en parler plus librement, refusant toutefois de donner les noms des joueurs qui respectent cette tradition avec plus ou moins d'assiduité. Il s'explique : "Il faut accepter la pluralité. Le ramadan est un moment fort d'échange. Et, pour eux, une épreuve importante. Jesais s'ils sont musulmans ou non lors de la toute première visite médicale ; ensuite, on n'en parle plus. D'ailleurs, sur ce sujet-là, je discute plus de philosophie que de physiologie."
Un bel élan d'humanisme sur lequel vient se greffer le langage du spécialiste. "On est là pour les accompagner et les aider dans leur croyance, poursuit-il. Nous ne mettons aucune pression sur les joueurs concernés. C'est une entraide naturelle. Enfait, ici, ce n'est pas un sujet sensible ; bien au contraire, c'est ultra-naturel."
Naturel peut-être ; intime, ça c'est sûr. Karim Ziani s'est ainsi confié du bout des lèvres. "Je le commence la semaine où je pars avec ma sélection", sourit l'Algérien, avant d'enchaîner, sérieux : "Il n'y a pas de souci. Je n'en ai pas parlé au docteur car je me connais bien. Je le gère à ma manière, ce n'est pas mon premier ramadan. Ce qui est sûr, c'est que je ne le fais pas les jours de match."
Vendredi, à Blida, dans les éliminatoires de la coupe du monde 2010, les Fennecs joueront le Sénégal sans Mamadou Niang. En désaccord, l'attaquant est resté à Marseille où, depuis hier, il respecte également le rite musulman. "Ce n'est pas évident quand on joue tous les trois jours, car on y laisse des forces, avoue-t-il. Mais quand on a un travail exigeant, on peut reporter les jours où on ne le pratique pas à une période ultérieure au ramadan. Par exemple, moi, je ne le suis ni la veille, ni le jour du match."
Entre leur religion et leur métier, ils ont donc refusé de choisir, soutenus par le club, à commencer par Pape Diouf, qui se définit comme un musulman modéré. "Il est très difficile de donner des consignes précises aux joueurs. Moi, je leur fais confiance. Dans la religion, quand il s'agit de mener correctement son travail, on peut en être "exempté". Être footballeur pro et ne pas s'alimenter, récupérer serait donc en contradiction."
Une attention particulière qui, évidemment, n'a pas échappé au Dr Baudot. "À une période chaude, il y a un risque de déshydratation qui entraîne une diminution de la performance. Quand on double les séances, il faut veiller à ne pas se mettre en péril ; on adapte également l'entraînement, en accord avec le coach, en cas de très forte chaleur, souligne-t-il. Des compléments minéraux leur sont proposés. Mais s'ils s'hydratent bien et que leur alimentation est adaptée, il n'y a pas de souci." Mais qui a dit qu'il y avait un souci ?