Installés en Afrique depuis plusieurs générations, les Libanais suscitent chez leurs compatriotes des sentiments mitigés. Leur réussite économique fait des envieux, et lattitude de certains, critiquable, rejaillit sur lensemble de la communauté. Les plus jeunes se sentent africains et veulent être jugés à laune de ce quils font. Leur histoire semble toujours commencer de la même façon : en quête dune vie meilleure, leurs aïeux, parents ou grands-parents, ont quitté le pays dorigine pour aller vivre, dans les pays daccueil, lhospitalité des habitants autant que des débuts difficiles, la misère, parfois la guerre, et enfin la fortune et la gloire. Lhistoire des Libanais dAfrique est souvent ainsi faite.
Selon les sources, ils seraient sur ce continent entre 250 000 et 300 000 : de 50 000 à 80 000 en Côte dIvoire, 30 000 au Sénégal, 25 000 au Nigeria, moins de 10 000 en Sierra Leone, au Ghana, au Gabon De confessions diverses, chrétiens maronites, musulmans sunnites et essentiellement chiites. En fait, le Liban a une longue tradition migratoire : le pays abrite aujourdhui cinq millions dhabitants, alors que sa diaspora regroupe dans le monde douze millions de personnes.Une première vague démigration abandonne, dès le début du XIXe siècle, la région de la montagne libanaise pour se rendre en Egypte. La seconde conduit, entre 1850 et 1950, 400 000 Libanais vers le Nouveau monde. Cest à peu près à ce moment-là que les premiers émigrants débarquent aussi en Afrique. « Au début, cest quasiment par "accident" quils arrivent sur ce continent, explique Nadim Shehadi, chercheur au Centre détudes libanaises dOxford (Angleterre). Les premiers ont soit raté le bateau, soit été floués par les voyagistes qui leur promettaient les Amériques en les faisant passer par Dakar ou Marseille. »
La guerre du Liban (1975-1990) a aussi poussé un grand nombre dhabitants à lexpatriation. Peu après la fin du conflit, entre 1991 et 1995 période qui a coïncidé avec les troubles des transitions démocratiques en Afrique certains Libanais africains ont regagné le Liban où ils avaient beaucoup investi. « Mais ils ont vite été déçus par la situation économique et politique du pays. Ils se sont alors rendus compte quils se sentaient plus africains que libanais », souligne Nadim Shehadi, co-auteur dun remarquable ouvrage sur la diaspora libanaise (The Libanese in the World : a Century of Emigration, CLS/Tauris, Londres, 2002).
Paradoxalement, limage que se font les Africains des Orientaux du Levant installés sur le continent nest pas aussi rose que leur success story ne le laisse paraître. Pour nombre de gens, les Libanais « sont des mafieux, font dans la fausse monnaie et le trafic darmes, et arrosent tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir ». A tort ou à raison, le Libanais fait peur même quand il na, a priori, rien à se reprocher. Une chose est sûre : les communautés libano-africaines occupent de très larges pans de lactivité économique des pays daccueil.
Selon les sources, ils seraient sur ce continent entre 250 000 et 300 000 : de 50 000 à 80 000 en Côte dIvoire, 30 000 au Sénégal, 25 000 au Nigeria, moins de 10 000 en Sierra Leone, au Ghana, au Gabon De confessions diverses, chrétiens maronites, musulmans sunnites et essentiellement chiites. En fait, le Liban a une longue tradition migratoire : le pays abrite aujourdhui cinq millions dhabitants, alors que sa diaspora regroupe dans le monde douze millions de personnes.Une première vague démigration abandonne, dès le début du XIXe siècle, la région de la montagne libanaise pour se rendre en Egypte. La seconde conduit, entre 1850 et 1950, 400 000 Libanais vers le Nouveau monde. Cest à peu près à ce moment-là que les premiers émigrants débarquent aussi en Afrique. « Au début, cest quasiment par "accident" quils arrivent sur ce continent, explique Nadim Shehadi, chercheur au Centre détudes libanaises dOxford (Angleterre). Les premiers ont soit raté le bateau, soit été floués par les voyagistes qui leur promettaient les Amériques en les faisant passer par Dakar ou Marseille. »
La guerre du Liban (1975-1990) a aussi poussé un grand nombre dhabitants à lexpatriation. Peu après la fin du conflit, entre 1991 et 1995 période qui a coïncidé avec les troubles des transitions démocratiques en Afrique certains Libanais africains ont regagné le Liban où ils avaient beaucoup investi. « Mais ils ont vite été déçus par la situation économique et politique du pays. Ils se sont alors rendus compte quils se sentaient plus africains que libanais », souligne Nadim Shehadi, co-auteur dun remarquable ouvrage sur la diaspora libanaise (The Libanese in the World : a Century of Emigration, CLS/Tauris, Londres, 2002).
Paradoxalement, limage que se font les Africains des Orientaux du Levant installés sur le continent nest pas aussi rose que leur success story ne le laisse paraître. Pour nombre de gens, les Libanais « sont des mafieux, font dans la fausse monnaie et le trafic darmes, et arrosent tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir ». A tort ou à raison, le Libanais fait peur même quand il na, a priori, rien à se reprocher. Une chose est sûre : les communautés libano-africaines occupent de très larges pans de lactivité économique des pays daccueil.