dimanche 23 août 2009 - 10h:04
K. Selim - Le Quotidien dOran
Profondément hypocrite
La libération du Libyen Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi et laccueil triomphal et sans surprise que les autorités libyennes lui ont réservé suscite des réactions dune incroyable hypocrisie dans les pays occidentaux. Al-Megrahi a bien été jugé coupable par un tribunal écossais sur la base dun dossier largement confectionné par les services spéciaux occidentaux. Personne nest cependant en mesure daffirmer que justice a bien été rendue. Le concerné, qui naurait plus que trois mois à vivre, affirme le contraire. Ce qui devait être un épilogue, insatisfaisant pour toutes les parties, donne lieu, côté occidental, à des expressions variées de mauvaise foi.
Tripoli aurait dû être discrète et éviter toute publicité autour du retour au pays de cet homme des services spéciaux. Mais cela est dit après coup, pour absorber les commentaires acides de la presse. Les régimes occidentaux connaissent parfaitement le régime libyen. Ils savaient quil ferait un usage médiatique intense du retour au pays de celui qui, en assumant une peine quil juge injuste, a permis à la Libye de sortir de létat de bannissement international dans lequel elle était confinée. Tripoli, il ne faut pas loublier, a cédé sur pratiquement tout : elle a signé sa reddition et a livré des secrets qui ont mis le père de la bombe atomique pakistanais dans de mauvais draps. Personne ne pouvait sattendre dès lors à ce quelle ne compense pas ces concessions en accueillant Al-Megrahi en héros et en présentant son retour comme une « victoire ». Cest dans lordre des choses et, pourrait-on dire, cela fait partie de la transaction. « Business as usual ».
Que cette transaction ne soit pas du goût de la presse occidentale et des familles des victimes de lattentat de Lockerbie, cela est très compréhensible. Ce qui ne lest beaucoup moins, ce sont les envolées faussement outrées des officiels occidentaux. Comme si le colonel Kadhafi leur a joué un vilain tour en accueillant avec exubérance Abdelbaset Al-Megrahi. « Profondément troublant, profondément affligeant », se lamente le ministre des Affaires étrangères britannique, David Miliband, « scandaleux et dégoûtant », se prend-on à surenchérir du côté de la Maison-Blanche.
On a envie de paraphraser M. Miliband : tout cela est profondément hypocrite et profondément insincère. Quelquun ignore-t-il en Europe la manière dont le colonel Kadhafi utilise les médias et ménage ses effets ? Le colonel, qui est très courtisé par les marchands en tout genre, a fait des visites dans plusieurs capitales occidentales et a montré quil savait y faire avec les médias aussi bien quun Blair ou un Sarkozy. Ces responsables britanniques, qui ont soldé laffaire Al-Megrahi dans des contrats bien juteux, ne sattendaient pas à ce que la Libye, qui na jamais admis la culpabilité de son homme, laccueille honteusement, en coupable.
Si lon considère que le système libyen sappuie fortement sur ses services de sécurité, il ne pouvait rater loccasion de rendre hommage à un agent qui a accepté que son pays le livre à la justice écossaise. Il ny a rien dillogique dans lattitude de la Libye, elle est dune cohérence totale.
« Dans tous les contrats commerciaux, de pétrole et de gaz avec la Grande-Bretagne, M. Megrahi était toujours sur la table des négociations ». Cest Seïf Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, qui le dit et il ny a aucune raison de ne pas le croire. Tripoli a bien respecté ses contrats. Ce sont les responsables occidentaux, gênés par les commentaires de leur presse, qui font preuve dune lamentable duplicité.
K. Selim - Le Quotidien dOran
Profondément hypocrite
La libération du Libyen Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi et laccueil triomphal et sans surprise que les autorités libyennes lui ont réservé suscite des réactions dune incroyable hypocrisie dans les pays occidentaux. Al-Megrahi a bien été jugé coupable par un tribunal écossais sur la base dun dossier largement confectionné par les services spéciaux occidentaux. Personne nest cependant en mesure daffirmer que justice a bien été rendue. Le concerné, qui naurait plus que trois mois à vivre, affirme le contraire. Ce qui devait être un épilogue, insatisfaisant pour toutes les parties, donne lieu, côté occidental, à des expressions variées de mauvaise foi.
Tripoli aurait dû être discrète et éviter toute publicité autour du retour au pays de cet homme des services spéciaux. Mais cela est dit après coup, pour absorber les commentaires acides de la presse. Les régimes occidentaux connaissent parfaitement le régime libyen. Ils savaient quil ferait un usage médiatique intense du retour au pays de celui qui, en assumant une peine quil juge injuste, a permis à la Libye de sortir de létat de bannissement international dans lequel elle était confinée. Tripoli, il ne faut pas loublier, a cédé sur pratiquement tout : elle a signé sa reddition et a livré des secrets qui ont mis le père de la bombe atomique pakistanais dans de mauvais draps. Personne ne pouvait sattendre dès lors à ce quelle ne compense pas ces concessions en accueillant Al-Megrahi en héros et en présentant son retour comme une « victoire ». Cest dans lordre des choses et, pourrait-on dire, cela fait partie de la transaction. « Business as usual ».
Que cette transaction ne soit pas du goût de la presse occidentale et des familles des victimes de lattentat de Lockerbie, cela est très compréhensible. Ce qui ne lest beaucoup moins, ce sont les envolées faussement outrées des officiels occidentaux. Comme si le colonel Kadhafi leur a joué un vilain tour en accueillant avec exubérance Abdelbaset Al-Megrahi. « Profondément troublant, profondément affligeant », se lamente le ministre des Affaires étrangères britannique, David Miliband, « scandaleux et dégoûtant », se prend-on à surenchérir du côté de la Maison-Blanche.
On a envie de paraphraser M. Miliband : tout cela est profondément hypocrite et profondément insincère. Quelquun ignore-t-il en Europe la manière dont le colonel Kadhafi utilise les médias et ménage ses effets ? Le colonel, qui est très courtisé par les marchands en tout genre, a fait des visites dans plusieurs capitales occidentales et a montré quil savait y faire avec les médias aussi bien quun Blair ou un Sarkozy. Ces responsables britanniques, qui ont soldé laffaire Al-Megrahi dans des contrats bien juteux, ne sattendaient pas à ce que la Libye, qui na jamais admis la culpabilité de son homme, laccueille honteusement, en coupable.
Si lon considère que le système libyen sappuie fortement sur ses services de sécurité, il ne pouvait rater loccasion de rendre hommage à un agent qui a accepté que son pays le livre à la justice écossaise. Il ny a rien dillogique dans lattitude de la Libye, elle est dune cohérence totale.
« Dans tous les contrats commerciaux, de pétrole et de gaz avec la Grande-Bretagne, M. Megrahi était toujours sur la table des négociations ». Cest Seïf Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, qui le dit et il ny a aucune raison de ne pas le croire. Tripoli a bien respecté ses contrats. Ce sont les responsables occidentaux, gênés par les commentaires de leur presse, qui font preuve dune lamentable duplicité.