L'immigration au secours de nos retraites

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Après les élections régionales des 14 et 21 mars devraient se tenir des discussions certainement houleuses sur la réforme du système de retraites. Le président de la République avait annoncé courant février que le système par répartition ne serait pas remis en cause, cependant que le premier ministre prévoyait un allongement de la durée des cotisations. L'opposition, pour sa part, en a dans un premier temps accepté l'idée avant de la rejeter. En parallèle, le ministre de la fonction publique, pour sauver les retraites par répartition des agents de l'Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux, a proposé fin février un nouveau mode de calcul des pensions. Désormais, celles-ci seraient fonction des vingt-cinq dernières années de cotisation et non plus des six derniers mois.

Lorsque le régime des retraites doit faire l'objet d'une réforme, ce sont toujours les trois mêmes leviers qui sont activés : la durée de cotisation, leur montant, ou celui des prestations. La réforme Balladur de 1993 devait faire passer la durée de cotisation de 160 à 180 trimestres, remettant en cause le mode de calcul des pensions. Dès lors, celles-ci étaient calculées sur les vingt-cinq dernières années de cotisation et non plus les dix meilleures. Ainsi, à l'allongement de la durée de cotisation était associée une diminution substantielle du montant des pensions. Puis, en 1996, le gouvernement Juppé a rehaussé les cotisations pour les retraites en introduisant des régimes de retraite complémentaire et supplémentaires.

Chacune de ces réformes avait vocation à sauver le régime de retraites par répartition pour une vingtaine d'années. En aucun cas, elles ne pouvaient en assurer la pérennité. Probablement parce qu'un quatrième levier d'action a été ignoré : augmenter le nombre de cotisants afin de rétablir un équilibre entre actifs et inactifs. En 1945, lorsque Pierre Laroque créa la Sécurité sociale que nous connaissons aujourd'hui, le financement des retraites était assuré par une politique familiale nataliste (d'où les caisses d'allocations familiales). En 2010, malgré des taux de fécondité supérieurs à ceux de ses partenaires européens, la natalité en France ne permet pas d'envisager que nos enfants soient suffisamment nombreux pour financer nos retraites. C'est pourquoi, pour augmenter le nombre de cotisants et ainsi sauver notre régime de retraites par répartition, on pourrait envisager une politique d'immigration active. Bien plus active que celles connues depuis les lois Méhaignerie de 1993.

Déjà, au XVIe siècle, le mercantiliste Jean Bodin soutenait qu'il "n'est de richesses que d'hommes", tandis qu'au XXe une telle thèse est défendue par deux Prix Nobel d'économie, Robert Solow (Prix Nobel 1987) et Paul Samuelson (Prix Nobel 1970). Les deux économistes constatent que la principale source de richesse d'un pays est sa population active. Tous deux prédisaient que des économies dont la population décroîtrait entreraient en phase de déclin, à moins d'enrayer le processus par des politiques massives d'immigration. Selon eux, en phase de déclin, les pays considérés n'ont plus les moyens de véritablement fermer leurs frontières et doivent même se montrer attrayants pour les candidats à l'immigration, une forme de concurrence entre nations pouvant se faire jour. Que les théories du dumping social sont loin !

Depuis la fin de la première guerre mondiale, selon ces économistes, les Etats-Unis sont devenus la première puissance mondiale du fait de l'afflux d'immigrants européens. L'immigration irlandaise, écossaise et italienne a permis un accroissement durable de la population, à la fois par l'afflux de population active et par des taux de fécondité élevés chez les immigrés. Dans les années 70, l'Allemagne en a fait autant, les Gastarbeiter (travailleurs invités) turcs permettant de financer la reconstruction et le régime de retraites rhénan. Et aujourd'hui, le gouvernement australien de Kevin Rudd, afin d'enrayer le déclin de la population active du pays, envisage d'accueillir d'ici à 2020 un nombre d'immigrés permettant de faire passer la population du pays de 18 à 30 millions d'habitants.

Ainsi peut-on envisager en France l'intégration massive de candidats à l'immigration dont les cotisations sociales financeraient notre régime de retraite et, qui sait, pourraient rétablir l'équilibre comptable et rembourser la dette abyssale de la branche vieillesse. Les impôts qu'ils paieraient permettraient également de financer le service public et de contribuer au remboursement de la dette publique. La politique d'immigration choisie de Nicolas Sarkozy répond-elle à nos besoins en la matière ? Probablement pas, dans la mesure où les compétences dont notre pays a besoin ne sont pas clairement identifiées et exposées aux candidats.
 
Sauver le régime de retraites par répartition nécessiterait alors une recension des besoins de compétences du pays, une communication active à l'égard des pays ayant des candidats à l'émigration, assurer la qualité de l'offre de formation des nouveaux arrivants et leur assurer une protection sociale incitative. Il ne s'agit donc plus, pour paraphraser Michel Rocard, d'accueillir toute la misère du monde, mais plutôt de l'inviter à enrayer notre déclin programmé.


Vassili Joannides est professeur à l'Ecole de management de Grenoble et à l'Université de technologie d'Auckland (Nouvelle-Zélande).
 
ce qui me fait marrer avec les petits **** de facho est qu'il ne comprennent meme pas pourquoi l'Occidant a besoin de l'immigration !

avec le déficit et le phenomène de vieillissement de la population européenne, l'immigration devient la seule alternative économique afin de rester concurrant et d'assurer la richesse et la croissance pour l'avenir !

sans oublier la balance avec l'Asie !
 
Sauver le régime de retraites par répartition nécessiterait alors une recension des besoins de compétences du pays, une communication active à l'égard des pays ayant des candidats à l'émigration, assurer la qualité de l'offre de formation des nouveaux arrivants et leur assurer une protection sociale incitative. Il ne s'agit donc plus, pour paraphraser Michel Rocard, d'accueillir toute la misère du monde, mais plutôt de l'inviter à enrayer notre déclin programmé.


Vassili Joannides est professeur à l'Ecole de management de Grenoble et à l'Université de technologie d'Auckland (Nouvelle-Zélande).


C'est fou ce nombre incalculable de reformes. N'y attachons pas grandes importance puisque , d'autres reformes viendront encore... jusqu'à ce que l'on soit bénéficiaire :D
 
Quoique je récuse tout autre système de retraite que celui par répartition, je suis quand même forcé de reconnaître qu'il est fondé sur un pari. Nous payons des cotisations qui sont censées financer nos retraites, alors que nous savons qu'elles financent celles des retraités. Nos cotisations ne financent donc pas nos retraites, mais nous attribuent une créance sur l'avenir. La valeur de cette créance ne tient que dans une création monétaire gagée sur une production elle aussi future.
 
Quoique je récuse tout autre système de retraite que celui par répartition, je suis quand même forcé de reconnaître qu'il est fondé sur un pari. Nous payons des cotisations qui sont censées financer nos retraites, alors que nous savons qu'elles financent celles des retraités. Nos cotisations ne financent donc pas nos retraites, mais nous attribuent une créance sur l'avenir. La valeur de cette créance ne tient que dans une création monétaire gagée sur une production elle aussi future.

D'ou l'împortance de passer à une retraite par capitalisation ;)
 
D'ou l'împortance de passer à une retraite par capitalisation ;)

Est-ce une plaisanterie ? Les fonds de pension, à l'exception du fonds "pétrolier" norvégien, viennent d'enregistrer des pertes abyssales. La valeur de leurs actifs est encore plus déconnectée de la valeur de la production que les cotisations des régimes par répartition. Si les retraites par répartition sont des faux droits, au sens monétaire, si elles ont en effet un petit air de pyramide de Ponzi, ou plutôt de Madoff, leur exposition au risque financier est bien moindre que celle des retraites par capitalisation.
 
Est-ce une plaisanterie ? Les fonds de pension, à l'exception du fonds "pétrolier" norvégien, viennent d'enregistrer des pertes abyssales. La valeur de leurs actifs est encore plus déconnectée de la valeur de la production que les cotisations des régimes par répartition. Si les retraites par répartition sont des faux droits, au sens monétaire, si elles ont en effet un petit air de pyramide de Ponzi, ou plutôt de Madoff, leur exposition au risque financier est bien moindre que celle des retraites par capitalisation.

1 - J'ai l'impression que tu confonds fonds souverains et fonds de pension.

2 - L'exposition au risque dépend de l'orientation de gestion et donc du profil de risque de l'investisseur. Beaucoup de fonds de pension sont averses au risque
 
1 - J'ai l'impression que tu confonds fonds souverains et fonds de pension.

2 - L'exposition au risque dépend de l'orientation de gestion et donc du profil de risque de l'investisseur. Beaucoup de fonds de pension sont averses au risque

Non, non, je ne confonds pas. La capitalisation des fonds de pension a baissé de plus 30% avec la crise financière.

Certainement que l'exposition au risque dépend de la prudence du gestionnaire. Mais il est encore plus prudent de gérer avec des règles qu'avec la personnalité d'un gestionnaire.
 
Non, non, je ne confonds pas. La capitalisation des fonds de pension a baissé de plus 30% avec la crise financière.

Certainement que l'exposition au risque dépend de la prudence du gestionnaire. Mais il est encore plus prudent de gérer avec des règles qu'avec la personnalité d'un gestionnaire.

Ok, quand t'as parlé du fonds pétrolier norvégien, j'ai cru que tu confondais avec les fonds souverains.

- 30%, pour un horizon de détention à long terme, c'est rien !

- Quand je parlais du profil de l'investisseur, je parlais du futur retraité sui décide de son profil de risque. Le gestionnaire ne fait qu'exécuter !

- C'est quoi le rapport entre la baisse des marchés et l'usure ???
 
http://www.lemonde.fr/la-crise-fina...es-dans-de-nombreux-pays_1112372_1101386.html

Depuis, les indices boursiers n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant la crise. Si le système par répartition a un petit air pyramidal, le système par capitalisation est la pyramide par excellence. Il est fondé sur des valeurs futures encore plus volatiles que la production. Bien sûr, on peut rêver qu'à long terme les actifs des fonds de pension retrouveront leur valeur d'avant 2008, et même rêver très fort qu'ils les dépasseront. Qui a dit que les optimistes ne sont que des gens mal informés ? Et attendant, que fait-on des gens qui ont capitalisé et qui ne sont plus capables de travailler ? C'est non seulement la pyramide, mais aussi la loterie. Tant mieux pour ceux qui prennent leur retraite quand les bourses flambent, et encore faut-il qu'elles flambent jusqu'à leur mort. Tant pis pour les autres. Sans doute est-ce là de la bonne gouvernance.
 
Un autre aspect, plutôt cocasse, du régime par capitalisation paraît échapper à ses partisans. Prenons un gestionnaire de fonds de pension prudent. Il investit dans les dettes souveraines (bons du Trésor, obligations d'Etat). Pendant ce temps-là, son ancien condisciple de Harvard, qui gère un fonds d'arbitrage, spécule à la baisse sur les même dettes. Il se peut même que dans le meilleur monde dérégulé de la finance, le gestionnaire de fonds de pension est en même temps gestion de fonds d'arbitrage. Je laisse à ces partisans le plaisir d'écrire la suite.
 
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