Bonjour
Je vais essayer de vous expliquer le problème.
Dans la tradition occidentale, dans un cadre païen et surtout dans un cadre chrétien et même postchrétien, on a souvent soulevé la question du fondement de nos obligations.
Qu'est-ce qui rend nos obligations « obligatoires » justement? Pourquoi s'en occuper, surtout quand elles vont contre nos intérêts?
Je veux dire, chacun d'entre nous avons grandi dans un milieu qui nous fait connaître des normes morales et des conventions sociales. Ça part de la famille, ça continue à l'école, avec nos copains, dans les émissions qu'on regarde, dans notre communauté religieuse, et aussi dans le milieu du travail et en fin de compte dans nos interactions avec d'autres institutions.
Mais pourquoi prendre ces normes au sérieux? Après tout, il y a des normes qu'on arrête de prendre au sérieux quand on grandit ou qu'on change de mode de vie. Par exemple des choses qui préoccupent les ados pour être « cool », dans le coup, cela nous apparaît par la suite futile. Et si on change de croyances religieuses, on changera sans doute certaines de nos normes de conduite. Ou encore si on change de groupes d'amis.
Bon eh bien ces normes en général, pourquoi s'en occuper?
Dans la tradition occidentale, on a imaginé comme archétype de la nature humaine de base un individu essentiellement asocial, animé de pulsions égoïstes et hédonistes et de passions potentiellement destructrices. Mais en même temps, on le supposait réceptif aux arguments et aux discours qui seraient raisonnables.
Et la question était : face à un tel individu asocial, comment justifier à ses yeux un engagement moral, un dépassement de son égoïsme et une obligation de se sacrifier pour les autres, surtout sans la perspective d'une récompense immédiate?
Et à partir de là, il y a eu un débat, surtout entre les croyants et les tenants d'une morale laïque. Les premiers ont dit que la peur d'une punition divine après la mort était nécessaire pour soutenir la société, sinon les gens agiraient selon leur caprice. Les tenants d'une morale laïque ont dit qu'on pouvait trouver des raisons d'être moral même sans Dieu et que les religions ont pas toujours prêché ou pratiqué une morale exemplaire.
Mais a-t-on eu raison de formuler le problème en ces termes? De la morale comme tentative, par tous les moyens, de réfuter la posture d'un égoïste asocial et hédoniste? Cet individu est assez abstrait après tout. Dans le monde concret, il y a seulement une petite minorité d'individus qui correspondent à ce portrait. En général il s'agit de criminels ou d'individus méprisables dont la société se méfie.
Un obstacle sans doute plus grand à la morale serait la xénophobie, la discrimination, les préjugés, le racisme, etc., qui supposent l'adhésion à un groupe, donc en principe une volonté de collaborer au bien de ce groupe, mais - et ceci est crucial - de collaborer aux dépens d'autres groupes et d'individus jugés déviants de notre propre groupe. Et c'est sans doute surtout sur ce plan que les exigences de la morale humaniste et même de la morale religieuse universalistes sont mises en échec.
Les gens ordinaires, quelles que soient leurs croyances, sont moyennement égoïstes et moyennement altruistes, mais la xénophobie, la haine de l'autre, de l'étranger, de l'«outgroup», cela est très répandu et source de grandes violences et de grandes souffrances.
Je vais essayer de vous expliquer le problème.
Dans la tradition occidentale, dans un cadre païen et surtout dans un cadre chrétien et même postchrétien, on a souvent soulevé la question du fondement de nos obligations.
Qu'est-ce qui rend nos obligations « obligatoires » justement? Pourquoi s'en occuper, surtout quand elles vont contre nos intérêts?
Je veux dire, chacun d'entre nous avons grandi dans un milieu qui nous fait connaître des normes morales et des conventions sociales. Ça part de la famille, ça continue à l'école, avec nos copains, dans les émissions qu'on regarde, dans notre communauté religieuse, et aussi dans le milieu du travail et en fin de compte dans nos interactions avec d'autres institutions.
Mais pourquoi prendre ces normes au sérieux? Après tout, il y a des normes qu'on arrête de prendre au sérieux quand on grandit ou qu'on change de mode de vie. Par exemple des choses qui préoccupent les ados pour être « cool », dans le coup, cela nous apparaît par la suite futile. Et si on change de croyances religieuses, on changera sans doute certaines de nos normes de conduite. Ou encore si on change de groupes d'amis.
Bon eh bien ces normes en général, pourquoi s'en occuper?
Dans la tradition occidentale, on a imaginé comme archétype de la nature humaine de base un individu essentiellement asocial, animé de pulsions égoïstes et hédonistes et de passions potentiellement destructrices. Mais en même temps, on le supposait réceptif aux arguments et aux discours qui seraient raisonnables.
Et la question était : face à un tel individu asocial, comment justifier à ses yeux un engagement moral, un dépassement de son égoïsme et une obligation de se sacrifier pour les autres, surtout sans la perspective d'une récompense immédiate?
Et à partir de là, il y a eu un débat, surtout entre les croyants et les tenants d'une morale laïque. Les premiers ont dit que la peur d'une punition divine après la mort était nécessaire pour soutenir la société, sinon les gens agiraient selon leur caprice. Les tenants d'une morale laïque ont dit qu'on pouvait trouver des raisons d'être moral même sans Dieu et que les religions ont pas toujours prêché ou pratiqué une morale exemplaire.
Mais a-t-on eu raison de formuler le problème en ces termes? De la morale comme tentative, par tous les moyens, de réfuter la posture d'un égoïste asocial et hédoniste? Cet individu est assez abstrait après tout. Dans le monde concret, il y a seulement une petite minorité d'individus qui correspondent à ce portrait. En général il s'agit de criminels ou d'individus méprisables dont la société se méfie.
Un obstacle sans doute plus grand à la morale serait la xénophobie, la discrimination, les préjugés, le racisme, etc., qui supposent l'adhésion à un groupe, donc en principe une volonté de collaborer au bien de ce groupe, mais - et ceci est crucial - de collaborer aux dépens d'autres groupes et d'individus jugés déviants de notre propre groupe. Et c'est sans doute surtout sur ce plan que les exigences de la morale humaniste et même de la morale religieuse universalistes sont mises en échec.
Les gens ordinaires, quelles que soient leurs croyances, sont moyennement égoïstes et moyennement altruistes, mais la xénophobie, la haine de l'autre, de l'étranger, de l'«outgroup», cela est très répandu et source de grandes violences et de grandes souffrances.