"L'Innocence des musulmans", Charlie Hebdo et les ravages du journalisme préventif

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"L'Innocence des musulmans", Charlie Hebdo et les ravages du journalisme préventif

Depuis le début de la crise provoquée par la vidéo islamophobe L'Innocence des musulmans, les médias ont écrit à peu près sur tout : l'extrémisme copte, le danger salafiste, "l'arrogance" de l'Occident et "l'arriération" du monde arabe, le choc entre la civilisation du sacré et celle de la liberté d'expression, la différence entre chiisme et sunnisme, etc. Sur tout, sauf sur le traitement de cette affaire, relancée par les caricatures de Charlie Hebdo, par eux-mêmes.

Peut-on encore parler de journalisme quand la télévision égyptienne diffuse en boucle la vidéo concoctée par une poignée de coptes extrémistes aidés par des fondamentalistes chrétiens en Californie, alors même que personne n'en a entendu parler sur les rives du Nil ? Cette diffusion, suivie de débats et talk-shows, a fini par aboutir au résultat "souhaité" : une manifestation peu suivie (2 000 personnes dans une ville de 16 millions d'habitants), mais violente, autour de l'ambassade américaine au Caire.

Ce journalisme pyromane est l'exact pendant du journalisme préventif pratiqué de ce côté-ci de la Méditerranée, qui a consisté, pendant la soirée du 18 septembre, à tirer la sonnette d'alarme et à annoncer, à grands renforts d'éditions spéciales ou de titres racoleurs, les troubles à venir provoqués par les caricatures d'un journal satirique pas encore sorti dans les kiosques. Le journalisme consistant - en théorie, du moins - à rapporter des faits de la manière la plus exacte possible, on s'en est, en l'espèce, largement éloigné en confectionnant la bande-annonce d'un spectacle attendu, voire inconsciemment souhaité.

A Paris comme au Caire, on a annoncé le scandale mieux qu'on ne l'a couvert, en confondant une manifestation et une attaque planifiée par Al-Qaida contre le consulat américain de Benghazi, en sommant les politiques de réagir avant même que des troubles n'éclatent, en oubliant de mettre en exergue le peu d'écho rencontré par les appels à manifester. Comme si les chiffres, dont les médias, toujours en quête de faits quantifiables, sont si friands, étaient soudainement devenus vides de sens. Pour une fois, le monde arabe et l'Occident ont parlé à l'unisson. Et il n'y a, hélas, pas lieu de s'en féliciter.

Il ne s'agit pas ici de décerner des bons ou des mauvais points, mais de pointer une dérive qui consiste à annoncer les choses de peur de ne pas les avoir vues venir avant qu'elles surviennent. Et, au final, à les provoquer, par crainte qu'elles ne se produisent pas, puisque les médias, comme la nature, ont horreur du vide. Se souvient-on de la quasi-déception des commentateurs lorsqu'il s'est avéré que le "big bug" tant annoncé de l'an 2000 a fait un flop ? Toute cette couverture pour rien, tous ces envoyés spéciaux en pure perte, toutes ces apocalypses d'experts démenties, tous ces politiques sommés de réagir, d'annoncer des mesures et des plans...

Lorsqu'on fait de l'information un spectacle, ce dernier est au mieux décevant, toujours mauvais.
Christophe Ayad

http://www.lemonde.fr/international...es-du-journalisme-preventif_1763825_3210.html
 
Salam
Le pire est que cette fois, Charlie Hebdo n a fait que profiter d une situation aux USA avec ce film reconnu par tt le monde y compris les americains comme raciste, pour réchauffer un vieux plat et le balancer.
AH j ai oublié la nouveauté "juif" aussi dans le premier dessin . COmme disait Marine le Pen grosso modo" je parle de la kippa aussi mais juste pour la forme"
Très bon un article merci l ami
 
Charlie Hebdo a fait la preuve de l'indécence de la Presse. Dans tous les domaines, la Presse ne recherche que le buzz, de quoi faire l'audience et donc le fric. Lorsqu'on regarde l'évolution de la télévision, depuis 20 ans, les talk-shows ont explosé, systématiquement on met en opposition des gens qui ont pour partie des idées opposées mais qui avant tout jouent la comédie - provocations, phrases assassines tout est bon pour faire déraper. Et surtout choisir des sujets sensibles : l'étranger en politique, l erreur d'arbitrage en foot, les actualités touchant la corde sensible des gens; mariages et divorces princiers, affaires de pédophilie, affaire Dutroux-Martin à nouveau sur la RTBF hier soir... Au contraire d'un fou, fanatique, illuminé, qui a créé un film abject; les éditorialistes de Charlie Hebdo (et autres Presse à l'occasion) sont des gens "cultivés, instruits, réfléchis" qui ont longtemps calculé de quelle manière tirer le plus de fric de situations provoquantes ou dramatiques - la Presse est révélatrice de l'hyper capitalisme hypocrite, bien plus que le francais déménageant à Bruxelles. Et le comble de l'hypocrisie, c'est qu'elle s'affuble d'un manteau de virginité, de liberté de la presse, du droit et même plus encore du devoir d'informer
 
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