International Herald Tribune
Quotidien, Paris
Ainsi, le Jerusalem Post estime que je ne suis pas « le premier Américain à se faire berner par la présence de synagogues dans un régime totalitaire ». Jeffrey Goldberg, de lAtlantic Monthly, me juge « particulièrement crédule ». Il pense que je me suis laissé abuser par lhospitalité et laffabilité iraniennes, qui sont « la marque de la plupart des sociétés musulmanes » (merci pour linfo Jeffrey). Un site Web conservateur, American Thinker, qui veut prouver que son nom est un oxymore, pense que jaurais même pris pour argent comptant la propagande nazie à propos du camp de Theresienstadt.
Cette indignation est née dun article sur les juifs iraniens (voir J.A. n° 2512). Jy écrivais que les 25 000 juifs dIran prospèrent dans une relative tranquillité ; que les juifs perses se portent mieux que les juifs arabes ; que lhostilité à légard des juifs en Iran a parfois conduit à fabriquer des charges contre eux ; que, pour les tenants dune vision caricaturale des « mollahs fous », tout compromis avec lIran serait un remake de Munich. Ce dernier point ma été confirmé par le flot de lettres que jai reçues de la part de juifs américains outrés, incapables de résister à la tentation de comparer lIran et lAllemagne nazie. Soyons clairs : la République islamique nest pas un mini-IIIe Reich, ni même un État totalitaire. Munich a permis à Hitler dannexer les Sudètes. LIran na pas mené une seule guerre de conquête depuis plus de deux siècles. Dans les régimes totalitaires, lindividu est entièrement soumis à lÉtat. Un seul parti est toléré, et toutes les institutions lui sont subordonnées. La société iranienne nest certes pas libre et subit le joug dun puissant appareil répressif. Mais lIran est loin de remplir les critères ci-dessus. Les marges de liberté et même de démocratie y sont significatives. Loin dêtre « fous », les mollahs ont prouvé quils savaient être flexibles.
Un exilé iranien, qui ne porte pas la République islamique dans son cur, ma écrit pour me dire que mon article sur la condition des juifs iraniens lavait « ému aux larmes parce que javais écrit ce que nous sommes nombreux à vouloir entendre ». « LIran, a-t-il ajouté, est un pays qui est en train de revenir de sa ferveur extrémiste. Il est relativement stable et sa société civile est dynamique. Comme le dit mon père, qui vit encore là-bas, cest le pays le moins non démocratique de la région, hormis Israël. » Cette notion de « post-ferveur » est très importante, de même que les compromis entre islam et démocratie auxquels est douloureusement parvenu Téhéran. Ils infirment la thèse dun pouvoir fanatique et expliquent la condition des juifs. Cela ne veut pas dire quil ny ait pas de fanatisme, ou quil ny ait pas eu de terribles crimes, comme lattentat téléguidé par Téhéran contre le centre de la communauté juive à Buenos Aires, il y a quinze ans. Mais assimiler lIran au terrorisme est réducteur. Le Hezbollah et le Hamas ont évolué pour devenir de grands mouvements politiques largement perçus comme des forces de résistance face à un Israël enclin à abuser de sa puissance de feu. Il est urgent de réviser la perception que nous en avons et de rejeter toute vision caricaturale de lIran.
Il est bon de rappeler que les discours haineux et ultranationalistes ne sont pas lapanage de Téhéran. Avigdor Lieberman, le tison raciste dIsraël, pourrait avoir sa place dans un gouvernement dirigé par Netanyahou. Cela nest pas normal. Comme il nest pas normal que des racistes démagogiques quels quils soient invoquent à tort et à travers les crimes des nazis, leurs maîtres à penser.
Quotidien, Paris
Ainsi, le Jerusalem Post estime que je ne suis pas « le premier Américain à se faire berner par la présence de synagogues dans un régime totalitaire ». Jeffrey Goldberg, de lAtlantic Monthly, me juge « particulièrement crédule ». Il pense que je me suis laissé abuser par lhospitalité et laffabilité iraniennes, qui sont « la marque de la plupart des sociétés musulmanes » (merci pour linfo Jeffrey). Un site Web conservateur, American Thinker, qui veut prouver que son nom est un oxymore, pense que jaurais même pris pour argent comptant la propagande nazie à propos du camp de Theresienstadt.
Cette indignation est née dun article sur les juifs iraniens (voir J.A. n° 2512). Jy écrivais que les 25 000 juifs dIran prospèrent dans une relative tranquillité ; que les juifs perses se portent mieux que les juifs arabes ; que lhostilité à légard des juifs en Iran a parfois conduit à fabriquer des charges contre eux ; que, pour les tenants dune vision caricaturale des « mollahs fous », tout compromis avec lIran serait un remake de Munich. Ce dernier point ma été confirmé par le flot de lettres que jai reçues de la part de juifs américains outrés, incapables de résister à la tentation de comparer lIran et lAllemagne nazie. Soyons clairs : la République islamique nest pas un mini-IIIe Reich, ni même un État totalitaire. Munich a permis à Hitler dannexer les Sudètes. LIran na pas mené une seule guerre de conquête depuis plus de deux siècles. Dans les régimes totalitaires, lindividu est entièrement soumis à lÉtat. Un seul parti est toléré, et toutes les institutions lui sont subordonnées. La société iranienne nest certes pas libre et subit le joug dun puissant appareil répressif. Mais lIran est loin de remplir les critères ci-dessus. Les marges de liberté et même de démocratie y sont significatives. Loin dêtre « fous », les mollahs ont prouvé quils savaient être flexibles.
Un exilé iranien, qui ne porte pas la République islamique dans son cur, ma écrit pour me dire que mon article sur la condition des juifs iraniens lavait « ému aux larmes parce que javais écrit ce que nous sommes nombreux à vouloir entendre ». « LIran, a-t-il ajouté, est un pays qui est en train de revenir de sa ferveur extrémiste. Il est relativement stable et sa société civile est dynamique. Comme le dit mon père, qui vit encore là-bas, cest le pays le moins non démocratique de la région, hormis Israël. » Cette notion de « post-ferveur » est très importante, de même que les compromis entre islam et démocratie auxquels est douloureusement parvenu Téhéran. Ils infirment la thèse dun pouvoir fanatique et expliquent la condition des juifs. Cela ne veut pas dire quil ny ait pas de fanatisme, ou quil ny ait pas eu de terribles crimes, comme lattentat téléguidé par Téhéran contre le centre de la communauté juive à Buenos Aires, il y a quinze ans. Mais assimiler lIran au terrorisme est réducteur. Le Hezbollah et le Hamas ont évolué pour devenir de grands mouvements politiques largement perçus comme des forces de résistance face à un Israël enclin à abuser de sa puissance de feu. Il est urgent de réviser la perception que nous en avons et de rejeter toute vision caricaturale de lIran.
Il est bon de rappeler que les discours haineux et ultranationalistes ne sont pas lapanage de Téhéran. Avigdor Lieberman, le tison raciste dIsraël, pourrait avoir sa place dans un gouvernement dirigé par Netanyahou. Cela nest pas normal. Comme il nest pas normal que des racistes démagogiques quels quils soient invoquent à tort et à travers les crimes des nazis, leurs maîtres à penser.